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Liban - Crise des déchets

Costa Brava : plainte déposée contre X par la municipalité de Choueifate

Le conseil municipal tient mordicus à affirmer son refus de la décharge prévue dans le périmètre de la ville, dans un site côtier où des déchets sont déjà stockés depuis le 5 avril.

Une photo représentant l’une des multiples activités de protestation organisées par la société civile à Choueifate, notamment « Choueifate, Madinati » et la cellule de crise, le 13 mars dernier : des enfants portant des banderoles avec des messages hostiles à la décharge. Photo fournie par « Choueifate, Madinati ».

Le plan gouvernemental de gestion des déchets (ou plutôt de sortie de crise, après celle qui a éclaté depuis juillet 2015 et a inondé les rues de détritus) continue de faire des mécontents, notamment du côté de la décharge prévue sur le littoral de Choueifate, un site appelé Costa Brava. Le conseil municipal a décidé de porter plainte depuis le 11 avril auprès de la cour d'appel du Mont-Liban « contre inconnu et contre tous ceux dont l'enquête prouvera l'implication dans l'enfouissement de déchets dans le périmètre de la ville ».
Rappelons que le plan gouvernemental de sortie de crise annoncé en mars prévoit la création de deux grandes décharges, l'une à Bourj Hammoud et l'autre à Costa Brava, pour accueillir les ordures de Beyrouth et du Mont-Liban, les régions dont les ordures étaient déversées dans la décharge de Naamé durant dix-huit ans. Les deux sites accueillent déjà des déchets parmi ceux nouvellement produits par ces régions (les ordures entassées durant huit mois sont acheminées vers Naamé, rouverte pour deux mois, en principe). Dans les deux sites, il ne s'agit pour l'instant, ainsi que l'a confirmé à maintes reprises le ministre Akram Chehayeb, artisan du plan, que d'aires de stockage, en attendant la construction des « décharges contrôlées » (comprenant les installations conséquentes).

Le début de ce « stockage » a causé un vif émoi du côté de Choueifate. Rachad Moucharrafieh, du collectif de la société civile « Choueifate, Madinatouna » (« Notre ville »), parle d' « odeurs insupportables qui affectent déjà la vie dans la ville, ainsi que dans d'autres quartiers comme ceux de la banlieue sud, alors même que la décharge n'est pas encore installée ».
La société civile de Choueifate, hostile dans son ensemble à ce projet (il y a même eu la création d'une cellule de crise), a déjà organisé de nombreuses actions pour exprimer sa désapprobation. Sur le terrain, cependant, les collectifs attendent surtout la réaction du conseil municipal, qui a engagé une action en justice afin de mettre un terme à la construction de cette décharge, ce que nous confirme le président du conseil municipal de Choueifate, Melhem Souqi.

 

(Dossier spécial : Historique et impact de la crise des déchets)

 

Pourquoi ne pas saisir le Conseil d'État ?
Il y a quelques jours, donc, le bureau de communication de la municipalité de Choueifate a publié un communiqué dans lequel il annonce qu'une plainte a été déposée : « La municipalité a déposé une plainte officielle auprès du parquet d'appel du Mont-Liban, portant le numéro 15,038/Ch, contre X et contre toute personne dont l'enquête prouvera l'implication dans l'enfouissement d'un volume important de déchets dans la région de Choueifate-Kobbé, sur la route maritime vers Ouzaï, ce qui a causé un préjudice matériel, moral, environnemental et sanitaire à la région et ses habitants. »
Ce texte reste ambigu à bien des égards. Si la municipalité parle bien du stockage qui a commencé à Costa Brava, pourquoi porter « plainte contre X » sachant que le stockage à Costa Brava est effectué dans le cadre d'un plan gouvernemental ? M. Souqi donne à L'OLJ l'explication suivante : « Nous avons préféré présenter cette plainte contre inconnu parce nous ne savons pas encore exactement qui est en charge de ce site, s'il s'agit d'une partie gouvernementale, des sociétés, des entrepreneurs... »

Selon Rachad Moucharrafieh, qui a suivi cette affaire de près, le conseil municipal n'aurait pas pu cibler le gouvernement directement parce que, pour ce faire, il doit porter plainte auprès du Conseil d'État, ce qui n'est possible que deux mois après la prise de décision, comme l'indique la loi. À la question de savoir si le conseil municipal compte saisir le Conseil d'État, M. Souqi affirme que « cette possibilité est sous étude actuellement ». « Nous sommes hostiles à l'établissement de cette décharge dans le périmètre de la ville, comme l'intégralité de la population d'ailleurs, et nous continuerons à demander que ce projet soit abandonné », ajoute-t-il.
Quand ces décharges côtières (à Costa Brava et Bourj Hammoud) ont été décidées, le gouvernement a prévu de remblayer la côte au niveau de ces deux localités et d'accorder aux municipalités le droit d'investissement des nouveaux terrains qui seront gagnés sur la mer. Le président du conseil municipal de Choueifate assure que cette idée était refusée dès le début. « Seule nous importe la santé des gens, dit-il. Déjà, la population souffre des odeurs depuis qu'on entasse des déchets sur le site, alors même qu'aucun comité de surveillance n'a encore été créé, comme nous l'avons demandé au ministère de l'Intérieur. »
Les décharges côtières n'ont pas seulement soulevé des protestations concernant les craintes sur la santé de la population, mais également liées à la pollution de la mer.


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