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Culture - Exposition

Un pinceau féminin chez les Baalbacki

Sous leurs tonalités vives, les peintures de Hoda Baalbacki, accrochées jusqu'au 14 avril sur les cimaises de la galerie Alwane*, cachent des révoltes, des cicatrices, des larmes et des sourires amers...

Des clowns aux regards tristes jouent les alter ego de l’artiste.

Hoda Baalbacki n'est ni la sœur d'Ayman et de Saïd ni celle d'Oussama, mais leur cousine. L'unique artiste femme de cette tribu de peintres talentueux cultive sa propre patte. Une sensibilité particulière à son proche environnement, paysages et êtres, qu'elle exprime dans des toiles aux couleurs vives, mais toujours nimbées d'une sorte de tristesse diffuse. À la galerie Alwane*, où elle présente sa nouvelle cuvée d'œuvres, pas toujours égales, cette artiste (diplômée de l'institut des beaux-arts de l'UL), qui peint en écoutant aussi bien les mélodies de Wadih el-Safi et Feyrouz que les Pink Floyd, emmène le visiteur dans les paysages environnants de Odeissé, son village d'origine. Tout comme elle les fait plonger dans les regards de ses clowns tristes. En résumé, l'univers de Hoda Baalbacki serait...

Plus paysages champêtres qu'urbains
« Je vis à Dahyeh, j'ai connu la violence des explosions. La peur qui se faufile à chaque coin de rue, confie-t-elle. Du coup, j'ai cherché dans la nature un refuge contre mon angoisse. Originaire de Odeissé, un village du Sud, j'ai commencé à m'y rendre de plus en plus fréquemment en quête de sérénité et de quiétude. Mais alors que le paysage environnant est encore vierge, d'une beauté absolue, les maisons du village n'ont malheureusement pas été préservées de l'invasion rampante de cet affreux béton. J'avais à la fois le désir d'immortaliser cette beauté et de dénoncer la laideur qui rode autour. »

Plutôt faciès clownesques que portraits classiques
« Je travaille les clowns depuis 2010. Au début, c'était pour moi un thème léger, simplement amusant. Au fil du temps, c'est devenu une sorte d'alter ego, le miroir de mes émotions, de mon ressenti, de mon regard sur ce qui m'entoure : la société, la situation actuelle du pays, avec son lot de violence, de divisions et de peine. Mes clowns sont porteurs de messages. Ils expriment mon désir de paix, de bonheur et de rire ainsi que mon refus de la guerre, de la dictature, de la misère... Leurs yeux reflètent toute la tristesse du monde d'aujourd'hui. J'aime les représenter avec, en fond de toile, un objet, une figure symbolique, qui accentue mon propos. Ainsi dans The Broken Sunflower, on peut voir, derrière le sourire forcé d'un arlequin, un tournesol, cette fleur qui se tourne invariablement vers le soleil, à la tige désespérément cassée. »

Peinture texturisée plutôt que lisse
Pigments, sable, plâtre, collages se mélangent à l'acrylique de Hoda Baalbacki pour donner une texture épaisse, granuleuse et touffue à ses toiles. « Cette superposition de matières et de surfaces de couleurs m'aide à mieux exprimer la densité de la nature, celle de la lumière et du souffle de l'air. D'apprivoiser de manière quasi charnelle l'âme sous-jacente des images inconscientes – souvenirs, révoltes, cicatrices, tristesse – que j'essaye de traduire dans mes compositions semi-abstraites. »

*Saifi Village. Jusqu'au 14 avril. Horaires d'ouverture : de lundi à samedi, de 11h à 19h. Tél. : 01/975250.

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