Le ministre des Finances, Ali Hassan Khalil, et la secrétaire d’État adjointe pour le Proche-Orient, Anne Patterson. Photo Ani
Depuis que le Congrès américain a adopté à l'unanimité, le 16 décembre dernier, le « Hezbollah International Financing Prevention Act » qui prévoit des sanctions contre les personnes ou les institutions finançant le Hezbollah, les visites de délégations libanaises à Washington se multiplient pour essayer d'en atténuer l'impact potentiel sur le secteur bancaire local.
Après la visite d'une délégation parlementaire fin février, et avant que des délégations de l'Association des banques du Liban et de l'Union des banques arabes ne se rendent à leur tour aux États-Unis, le ministre des Finances, Ali Hassan Khalil (Amal), a rencontré plusieurs responsables américains, dans le cadre d'un voyage officiel entamé samedi.
(Pour mémoire : Sanctions contre le Hezbollah : les banquiers semblent sereins)
« Configuration politique spéciale »
M. Khalil a ainsi discuté avec la sous-secrétaire adjointe du département du Trésor américain en charge de la lutte contre le terrorisme, Jennifer Fowler, des conséquences du Hezbollah International Financing Prevention Act.
Après avoir assuré « l'engagement du Liban sur ce dossier », Hassan Khalil a toutefois invité les États-Unis à prendre en considération « la configuration politique spéciale du Liban », avant de prendre des décisions concernant le pays du Cèdre. Il a notamment insisté sur l'importance de l'intégration du Hezbollah dans le paysage politique et administratif libanais, citant comme exemple les cas de coopération sur des projets communs entre les municipalités qui lui sont affiliées et l'Agence des États-Unis pour le développement international (Usaid), comme à Baalbeck ou au Hermel.
De son côté, Mme Fowler a assuré à ce propos que si l'administration américaine souhaite assécher les sources de financement du parti de Dieu, elle « tient compte des spécificités libanaises dans l'application de ces sanctions. » Elle a en outre annoncé qu'une délégation du département américain du Trésor doit se rendre au Liban en mai afin de « discuter de leurs modalités d'application ».
Le ministre des Finances a également discuté avec Mme Fowler de la conformité de la législation libanaise avec la réglementation internationale en matière de lutte contre le blanchiment d'argent. Ils ont rappelé à cette occasion que le Parlement libanais avait adapté son arsenal législatif aux recommandations du Groupe d'action financière (Gafi) en votant trois lois-cadres en novembre 2015. La première institue une obligation de déclarer aux douanes toute somme en numéraire supérieure ou égale à 15 000 dollars lors du passage aux frontières. La seconde permet à un pays tiers de demander la levée du secret bancaire concernant une personne physique ou morale soupçonnée d'évasion fiscale. La troisième définit le blanchiment comme un crime en soi et élargit son champ d'application.
M. Khalil a aussi évoqué la circulaire de la Banque du Liban (BDL) qui impose aux établissements bancaires de se doter d'un « Compliance department » autonome pour prévenir les risques de fraude et renforcer la lutte contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme depuis 2013.
(Repère : Les principales sanctions prises contre le Hezbollah dans le monde)
Médiations américaines
M. Khalil a également rencontré le secrétaire adjoint au Trésor américain pour la lutte contre le financement du terrorisme, Daniel Glaser. Ils ont notamment discuté des implications pour le Liban de la lutte contre le groupe État islamique. Il a enfin rencontré la secrétaire d'État adjointe pour le Proche-Orient, Anne Patterson, qui a assuré que les sanctions contre le Hezbollah « n'avaient pas pour objectif de cibler les populations chiites au Liban. »
Le département d'État a de plus annoncé qu'il avait « pris acte d'un engagement de la part de l'Arabie saoudite et des Émirats arabes unis pour mettre fin à toutes les actions ciblant les Libanais installés dans ces pays ».
Les responsables américains se sont enfin dit favorables à un règlement pacifique du litige portant sur les frontières maritimes respectives du Liban et d'Israël. Les deux pays s'opposent sur le tracé de leurs zones économiques exclusives (ZEE) depuis l'été 2011, lorsque Tel-Aviv avait officialisé la sienne en empiétant sur la ZEE déclarée un an plus tôt par Beyrouth à l'Onu. La médiation américaine sur ce dossier, qui menace potentiellement l'exploitation des ressources pétrolières offshore du Liban – par ailleurs bloquée pour des raisons internes – a échoué jusqu'à présent.
Pour mémoire
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Après la visite d'une délégation parlementaire fin février, et avant que des délégations de l'Association des banques du Liban et de l'Union des banques arabes ne se rendent à leur tour aux États-Unis, le ministre des Finances, Ali Hassan Khalil (Amal), a rencontré plusieurs responsables américains, dans le cadre d'un voyage officiel entamé samedi.
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