Dans la foulée des pays du Conseil de coopération du Golfe et des ministres arabes de l'Intérieur la semaine dernière, c'était hier au tour des ministres arabes des Affaires étrangères, réunis au siège de la Ligue arabe au Caire pour la 145e session de cette instance, de classer le Hezbollah en tant qu'« organisation terroriste ».
L'annonce de la décision des chefs arabes de la diplomatie a été faite au cours d'un point de presse à l'issue de la réunion par un haut responsable du ministère des Affaires étrangères de Bahreïn, Wahid Moubarak Sayyar, dont le pays assume actuellement la présidence tournante du Conseil de la Ligue arabe.
« La résolution du Conseil (des ministres des Affaires étrangères) de la Ligue comprend la désignation du Hezbollah comme groupe terroriste », a ainsi indiqué M. Sayyar, précisant que le Liban et l'Irak avaient « émis des réserves » sur la décision des ministres, tandis que l'Algérie avait fait part « d'une observation ».
Le Conseil de la Ligue a également condamné « les ingérences iraniennes permanentes dans les affaires intérieures de Bahreïn, à travers le soutien accordé au terrorisme, l'entraînement de terroristes, le trafic d'armes et d'explosifs, l'attisement des tensions sectaires, la poursuite des déclarations à différents niveaux visant à déstabiliser la sécurité et la stabilité du régime, et la fondation de groupes terroristes financés et équipés par les Gardiens de la révolution iranienne et le Hezbollah ».
« Les ingérences iraniennes vont à l'encontre du principe de bon voisinage et de non-ingérence dans les affaires intérieures, en vertu de la Charte de l'Onu et du droit international », ajoute le communiqué final de la Ligue arabe.
Plus tôt dans la matinée, la délégation saoudienne s'était brièvement retirée des discussions en cours pour protester contre le discours du ministre irakien des Affaires étrangères Ibrahim el-Jaafari, qui refusait de qualifier le Hezbollah de groupe « terroriste ».
« Le Liban a agréé les autres clauses »
Réagissant à la décision de la Ligue arabe, le ministre des Affaires étrangères, Gebran Bassil, présent au Caire, a souligné que le Hezbollah « a une large représentativité et il constitue une composante importante au Liban, où il est membre actif du Parlement et du gouvernement ». Il a expliqué que les réserves du Liban sont également motivées par « la non-conformité de la décision avec le traité arabe pour la lutte antiterroriste, qui distingue entre terrorisme et résistance ».
« Le Liban a agréé les autres clauses (...), notamment celles liées aux agressions contre les chancelleries saoudiennes en Iran et au rejet des ingérences dans les affaires des pays arabes. Mais il a réclamé l'élimination de la clause qualifiant le Hezbollah de terroriste, pour qu'il puisse accepter l'ensemble de la résolution sans réserve. Mais cela a été impossible, c'est pourquoi le ministre des AE du Liban a pris position par écrit, aux côtés de réserves et d'observations exprimées par d'autres pays arabes, contre cette résolution », a précisé le chef de la diplomatie.
« Le ministère des AE précise que la position qu'il a adoptée a voulu préserver l'unanimité arabe, conformément à la politique du cabinet libanais et de la déclaration ministérielle. Nous avons placé l'intérêt supérieur du Liban et l'exigence de l'unité nationale et de la stabilité intérieure comme objectif de cette politique étrangère, dans le cadre des principes du droit international », a ajouté M. Bassil.
D'autre part, le ministre a affirmé que « le Liban a approuvé la décision (de la Ligue arabe) concernant la situation en Syrie, car elle s'inscrit dans la logique de résolutions prises par le Conseil de sécurité de l'Onu et dans la lignée du processus de Vienne et du soutien international à la Syrie. Or ce sont des processus auxquels le Liban prend part et qui évoluent autour de l'idée d'une solution pacifique en Syrie, permettant aux Syriens de déterminer eux-mêmes librement le sort de leur pays. C'est la première fois que le Liban ne se distancie pas du problème syrien », a-t-il précisé, dans ce cadre.
Malheureusement le Liban d'aujourd'hui ne peut pas faire autrement pour préserver même un semblant de paix civile et tranquillité relative dans le pays.
13 h 59, le 12 mars 2016