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Liban - Décryptage

Deux lectures de l’attitude saoudienne à l’égard du Liban

La petite phrase du ministre de l'Environnement Mohammad Machnouk, lundi, après sa rencontre avec le ministre saoudien des Affaires étrangères Adel al-Jubeir à Djakarta, a suscité des réactions contradictoires dans les milieux politiques libanais. Machnouk avait en effet annoncé aux Libanais qu'il n'y aurait pas de nouvelles mesures saoudiennes à l'égard du Liban et que la tension dans les relations entre les deux pays faisait désormais partie du passé. Les milieux proches du courant du Futur ont aussitôt estimé que Machnouk s'est voulu rassurant, mais la réalité est bien différente. Preuve en est le refus des Émirats d'accueillir une délégation libanaise du ministère de la Jeunesse et des Sports ainsi que les nouvelles dispositions prises par la compagnie officielle d'aviation des Émirats, Etihad, à l'Aéroport de Beyrouth. Ces mêmes milieux reprennent l'annonce faite par le ministre de l'Intérieur Nouhad Machnouk il y a deux semaines lorsqu'il a déclaré que « le pire est encore à venir » et précisent que les décisions saoudiennes à l'égard du Liban vont aller crescendo et qu'aucun apaisement n'est en vue, contrairement aux affirmations du ministre de l'Environnement.

Par contre, certaines parties libanaises ont une autre lecture. L'ancien vice-président de la Chambre Élie Ferzli considère ainsi que les mesures saoudiennes contre le Liban ont une double dimension. La première est régionale et s'inscrit dans le cadre de la lutte d'influence qui oppose le royaume saoudien à l'Iran, dans le monde arabe. Sur ce plan, les dirigeants saoudiens sont déterminés à poursuivre l'affrontement, au Liban et dans les autres scènes arabes, et la tension n'est donc pas appelée à baisser. Mais il faut toutefois faire une distinction entre cette détermination saoudienne à contrecarrer l'influence de l'Iran dans la région et les décisions prises à l'encontre du Liban qui, elles, seraient inspirées par des parties libanaises elles-mêmes. Ferzli est ainsi convaincu que, dans ce domaine, les Libanais vont souvent plus loin que les Saoudiens, et ce serait donc des parties libanaises qui auraient conçu le plan d'adopter des mesures contre les Libanais pour encercler le Hezbollah et le pousser à cesser d'appuyer le général Michel Aoun à la présidence.

Le plan serait simple : ce qui entrave actuellement l'élection d'un président, c'est l'alliance entre Michel Aoun et le Hezbollah et le fait que « le général » est déterminé à maintenir sa candidature à la présidence. Il faudrait donc trouver une formule de rechange pour pousser le Hezbollah à renoncer à appuyer cette candidature en exerçant suffisamment de pressions sur lui pour le pousser à changer d'avis. Et cela ne peut se faire qu'à travers l'adoption de mesures qui touchent son environnement populaire chiite, ainsi que les Libanais en général. C'est dans ce contexte que l'idée de soutenir la candidature de Sleiman Frangié à la présidence aurait germé dans certains esprits libanais qui ont estimé qu'il s'agit d'une proposition qui ne peut que séduire le Hezbollah, et s'il est coincé par des mesures drastiques économiques et politiques, il pourrait finalement lâcher la candidature du général Aoun. À ce moment-là, il sera toujours temps de négocier la candidature de Frangié, ou éventuellement une troisième possibilité.

Les déclarations qui ont suivi l'annonce du gel du don de trois milliards de dollars en équipements français à l'armée libanaise seraient donc à mettre dans ce contexte. Les Saoudiens ne voulaient peut-être pas aller plus loin, mais certains Libanais auraient poussé vers plus d'escalade. D'ailleurs, pour l'ancien vice-président de la Chambre, il n'y a aucune différence importante entre la position du ministre des Affaires étrangères Gebran Bassil à la réunion du Caire et celle du ministre de l'Intérieur Nouhad Machnouk à la réunion de Tunis. Pourtant, le ministre Bassil a été victime d'une véritable cabale alors que le ministre de l'Intérieur a été salué comme un héros. La seule différence serait donc dans le timing. L'abstention du Liban au sujet de la mise du Hezbollah sur la liste arabe des organisations terroristes aurait pu être utilisée dans le cadre d'une négociation avec ce parti pour le pousser à renoncer à la candidature du général Aoun. Mais en adoptant si naturellement cette position, le ministre Bassil aurait donc privé certaines parties libanaises d'une carte de pression et de négociation.

En donnant sa couverture à la position de Bassil, le Premier ministre Tammam Salam n'était évidemment pas au courant des manœuvres de certaines parties appartenant à son propre camp politique, n'ayant qu'un souci : préserver la cohésion de son gouvernement à une période aussi délicate de la vie de ce pays. Mise dans ce contexte, la déclaration du ministre saoudien des Affaires étrangères au ministre Mohammad Machnouk portant sur le fait qu'il n'y aura pas de nouvelles mesures de rétorsion contre les Libanais dans le Golfe devient logique. Pour Ferzli, dès le départ, les dirigeants saoudiens n'auraient pas été si loin si des Libanais n'étaient pas intervenus auprès d'eux pour qu'ils le fassent. Les Saoudiens savent que les Américains ne veulent pas que la scène libanaise plonge dans le chaos. Ils savent aussi que le rapport de force actuel au Liban est en faveur du Hezbollah. Par conséquent, toute tentative de déstabilisation viserait à renforcer l'emprise de ce parti sur le pays et à affaiblir leurs alliés. Dans une sorte de confirmation indirecte de cette version, la délégation parlementaire qui s'est rendue récemment à Washington est revenue avec l'impression que l'administration américaine ne souhaite pas ébranler le secteur bancaire libanais, sachant que cela pourrait entraîner une déstabilisation du pays. Si ces éléments sont mis bout à bout, une conclusion s'impose : des parties libanaises utiliseraient leurs relations régionales et internationales pour obtenir des acquis dans les négociations internes...

 

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commentaires (13)

ET N,OUBLIONS PAS QUE LES RUSSES ONT SAUVE IN EXTREMIS LE REGIME SYRIEN ET LE HEZBOLLAH DE L,ULTIME CHUTE L,UN ET DE LA GRANDE DEBANDADE L,AUTRE... MAIS CA VIENDRA...

LA LIBRE EXPRESSION

18 h 57, le 10 mars 2016

Tous les commentaires

Commentaires (13)

  • ET N,OUBLIONS PAS QUE LES RUSSES ONT SAUVE IN EXTREMIS LE REGIME SYRIEN ET LE HEZBOLLAH DE L,ULTIME CHUTE L,UN ET DE LA GRANDE DEBANDADE L,AUTRE... MAIS CA VIENDRA...

    LA LIBRE EXPRESSION

    18 h 57, le 10 mars 2016

  • mais je reve........................ un conte de fee tiens pour une fois c'est les Libanais amis des Seaoudiens qui sont responsables............

    LA VERITE

    17 h 12, le 10 mars 2016

  • Le hezb résistant obtient tout ce qu'il veut par des actions personnelles et ne comptent que sur ses forces . Les autres comptent sur des régionaux qui comptent sur des internationaux.

    FRIK-A-FRAK

    16 h 32, le 10 mars 2016

  • UN OEIL FER-IOTE CYCLOPIEN ÉCRIVIT... UN AUTRE OEIL FERZL-IOTE CYCLOPIEN A COMMENTÉ... C'EST LE BAL DES CYCLOPES !!!

    LA LIBRE EXPRESSION

    12 h 37, le 10 mars 2016

  • qu'est-ce qu'il est fûté ce Ferzli!

    Massabki Alice

    11 h 52, le 10 mars 2016

  • Le Hezbollah s’étant placé dans l’arène international contre la volonté de l’état Libanais a pousse tout le monde a user des memes méthodes pour se protéger et c'est dommage. Mais la ou vous faite fausse route c'est de croire encore que le Hezbollah s'est renforcé au Liban alors que la réalité est toute autre. Il perd de ses supporter depuis son intervention en Syrie a la pelle. D'abord tous les morts inutiles, puis leurs familles, puis la majorité silencieuse chiite qui le subit arbitrairement. Puis il y a le rapprochement de Aoun avec les FL qui n'est pas pour leur plaire et c'est un indice pour le parti Iranien que bientôt il va être lâché de sa couverture Chrétienne. Pour finir le fait que Hariri ai soutenu la candidature de Franjieh qui montre être aussi forte que celle de Aoun, du moins au parlement, les a totalement déstabilisé. Alors il aboie et chien qui aboie ne mord pas!

    Pierre Hadjigeorgiou

    10 h 37, le 10 mars 2016

  • "Certaines "parties!" libanaises considèrent que les mesures Per(s)cées contre le Liban ont une double dimension. La première est régionale et s'inscrit dans le cadre de la lutte d'influence qui oppose cette Per(s)cée à l’Arabie Heureuse. Sur ce plan, ces mollâhs sont déterminés à poursuivre l'affrontement. Mais il faut toutefois faire 1 distinction entre cette Per(s)cée en vue de contrecarrer l'influence de l'Heureuse Arabie, et les décisions prises à l'encontre du Liban qui, elles, seraient inspirées par des "parties!" libanaises elles-mêmes. Certains sont ainsi convaincu que les Libanais vont plus loin que les Per(s)cés, et ce serait donc ces "parties!" qui auraient conçu le plan d'adopter des mesures pour encercler le Futur et le pousser à cesser d'appuyer le grand enfant gâté Frânejéh. Le plan serait simple, mahééék : ce qui entrave now l'élection d'un président, c'est l'alliance entre cet enfant et le Futur et le fait que le Gâté est déterminé à maintenir sa candidature. Il faudrait donc trouver 1 formule de rechange pour pousser le Futur à renoncer à l’appuyer en exerçant des pressions sur lui pour le pousser à changer d'avis. Et cela ne peut se faire qu'à travers l'adoption de mesures qui touchent son environnement populaire sunnite."….

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    10 h 04, le 10 mars 2016

  • Ou elle est la Verite ????Il nous faut beaucoup de SAGESSE dans ce pays,....sinon ????

    Soeur Yvette

    09 h 34, le 10 mars 2016

  • BLANC EN NOIR... ET NOIR EN BLANC... DU BARATIN D,UN BOUT A L,AUTRE A FAIRE RIRE MEME DES BANBINS...

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 52, le 10 mars 2016

  • Quelles que soient les raisons - et elles ne sont pas nécessairement d'une limpide pureté - de l'attitude des pays arabes, il s'agit d'une rare occasion offerte au Liban de s'émanciper, un tant soit peu, de la tutelle (bel euphémisme!) de la milice iranienne.Espérons que nos dirigeants sauront saisir cette chance.

    Yves Prevost

    07 h 27, le 10 mars 2016

  • DU BARATIN DU DEBUT JUSQU,A LA FIN !!! CA CE N,EST PAS UN ARTICLE... C,EST L,EXPRESSION D,UNE HAINE CONTRE UNE PARTIE BIEN DEFINIE... NULLE PART IL N,EST MENTION DES ATTAQUES JOURNALIERES ET IRRESPONSABLES DU HEZBOLLAH CONTRE LA SAOUDITE ET LES PAYS DU GOLFE ARABIQUE QUI ATTIRENT LES FOUDRES SUR LE LIBAN... JAMAIS IL N,EST QUESTION DES PROVOCATIONS IRANIENNES DANS TOUS LES PAYS ARABES... ET LE PIRE ON COMPARE L,ATTITUDE DU MINISTRE MACHNOUK A CELLE DU GENDRISSIMO... DE LA RIGOLADE... ETC... ETC ... ETC... A PARTIR D,AUJOURD,HUI J,AI PRIS LA DECISION DE NE PLUS PERDRE MON TEMPS ET D,IGNORER LES ARTICLES DE MADAME HADDAD... COMME SI ILS N,EXISTAIENT PAS DANS LE JOURNAL...MEME SI ILS FONT RIRE... CAR EN FAIT ILS SONT DU RIRE !!! ET JE PRIE L,OLJ AIMABLEMENT DE PUBLIER. MERCI.

    LA LIBRE EXPRESSION

    07 h 26, le 10 mars 2016

  • c'est raconter l'histoire a l'envers ou quoi? bel exercice quand meme !!

    Bery tus

    05 h 13, le 10 mars 2016

  • "C'est dans ce contexte que l'idée de soutenir la candidature de boSSfééér aurait germé dans certains esprits Per(s)cés qui ont estimé que s'il est coincé par des mesures drastiques, le Futur pourrait finalement lâcher la candidature du Frânejéh. À ce moment-là, il sera toujours temps de négocier la candidature du bigaradier, ou une 3ème possibilité. Les diatribes de ce héZébbb contre l’Arabie seraient donc à mettre dans ce contexte. Les Per(s)cés ne voulaient peut-être pas aller plus loin, mais certains chez ce héZébbb auraient poussé vers plus d'escalade. Les déclarations des mollâhs Per(s)cés portant sur le fait qu'il y aura en sus de nouvelles mesures contre le Liban devient logique. Dès le départ, ces mollâhs-là n'auraient pas été si loin si ceux de ce héZébbb n'étaient pas intervenus auprès d'eux pour qu'ils le fassent. Les Per(s)cés savent, eux, que les Américains ne veulent pas que la scène libanaise plonge dans le chaos. Ils savent surtout que le rapport de force actuel au Liban est en faveur du Futur. Par conséquent, toute tentative de déstabilisation viserait à renforcer l'emprise de ce Futur sur le pays et à affaiblir leurs sé(yy)idez-alliés. Si ces éléments sont mis bout à bout, 1 conclusion s'impose : des "parties!" libanaises per(s)cées et Niaiiises utiliseraient leurs relations Per(s)cées pour obtenir des acquis dans les négociations internes." !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    03 h 48, le 10 mars 2016

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