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Moyen Orient et Monde - Algérie

L’écrivain Kamel Daoud gagne un procès contre un imam demandant son exécution

L’écrivain et journaliste algérien Kamel Daoud a gagné son procès contre un imam salafiste algérien. AFP/Thomas Samson

La justice algérienne a condamné, hier, à six mois de prison, dont trois fermes, un prédicateur salafiste ayant demandé l'exécution de l'écrivain journaliste Kamel Daoud pour « apostasie », une décision judiciaire sans précédent. L'imam Abdelfatah Hamadache Ziraoui a également été condamné à une amende de 50 000 dinars (450 euros).
Kamel Daoud a estimé que le tribunal correctionnel d'Oran (Ouest) avait rendu une « décision courageuse », ont déclaré à l'AFP des proches du journaliste qui n'a pas voulu réagir publiquement. Kamel Daoud, ont assuré ses proches, estime que la décision du tribunal « devrait réjouir tous les défenseurs de la liberté d'expression » parce qu'elle « permet de baliser ce qui est possible et ne l'est pas en matière de débat idéologique ». Le lauréat en 2015 du prix littéraire français Goncourt du premier roman pour Meursault, contre-enquête pense aussi que la peine infligée au religieux « n'est pas possible dans d'autres pays musulmans comme le Yémen ou l'Égypte », selon ses proches. M. Ziraoui, qui dirige le Front de l'éveil islamique salafiste (non reconnu officiellement) absent au prononcé du jugement, n'a pu être joint.

« Vertu pédagogique »
La condamnation de M. Ziraoui est « sans précédent », a réagi M. Khaled Bourayou, un avocat ayant défendu de nombreux journalistes depuis 20 ans. Pour M. Bourayou, « cette condamnation protège le droit à l'opinion et à la conscience, d'autant plus que l'écrivain est également journaliste ». Ce « qui est surprenant », selon lui, « c'est que les pouvoirs publics n'aient pas réagi au moment des faits », alors que « la vie de Kamel Daoud a été mise en danger à cause de cet appel au crime ». De son coté, le Syndicat national des journalistes (SNJ) s'est aussi réjoui d'une « excellente » décision même s'il la souhaitait « plus sévère ». Elle « aura une vertu pédagogique », « de nature à mettre fin à l'impunité totale des prédicateurs qui appellent au meurtre », a déclaré à l'AFP son secrétaire général, Kamel Amarni. Au moment des faits nous avions réclamé une sanction exemplaire contre ce terroriste – on ne peut pas l'appeler autrement – qui a appelé à l'assassinat d'un journaliste, a-t-il rappelé.

« Guerre contre Allah »
Kamel Daoud avait déposé plainte pour « menaces de mort » contre le prédicateur qui avait appelé en décembre 2014 sur sa page Facebook les autorités algériennes à le condamner à la peine capitale et à l'exécuter en public. Cet appel intervenait après une intervention de M. Daoud dans une émission de télévision française, où il avait critiqué le rapport des musulmans à leur religion. Après le dépôt de plainte de l'écrivain, le parquet ne s'était pas constitué partie civile.
Abdelfatah Hamadache Ziraoui, qui milite notamment pour l'interdiction de l'alcool et du port du maillot de bain sur les plages, avait estimé que le chroniqueur menait « une guerre contre Allah, son Prophète, le Coran et les valeurs sacrées de l'islam ». Il le jugeait notamment coupable d'apostasie, passible de la peine de mort aux yeux de la loi islamique. Devant le tribunal d'Oran, où il s'était présenté seul le 1er mars, M. Ziraoui avait maintenu ses propos. La défense de Kamel Daoud avait demandé une condamnation à une amende symbolique d'un dinar algérien. Chroniqueur au Quotidien d'Oran, la grande ville de l'ouest Algérien où il habite, le journaliste avait été séduit un temps par les idées islamistes avant de s'en détacher. En février, il a annoncé qu'il arrêtait le journalisme pour « rêver de littérature » après avoir été accusé par un groupe d'universitaires français d'« alimenter les fantasmes islamophobes » à la suite d'une tribune sur les agressions sexuelles commises dans la nuit du 31 décembre à Cologne (Allemagne).

(Source : AFP)

La justice algérienne a condamné, hier, à six mois de prison, dont trois fermes, un prédicateur salafiste ayant demandé l'exécution de l'écrivain journaliste Kamel Daoud pour « apostasie », une décision judiciaire sans précédent. L'imam Abdelfatah Hamadache Ziraoui a également été condamné à une amende de 50 000 dinars (450 euros).Kamel Daoud a estimé que le...

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