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Culture - Théâtre

Conjugalité et mensonges... au temps des réseaux sociaux

Dans ce qui ressemble à un long sketch, Marcel Ghosn tend aux jeunes couples libanais un miroir grossissant... Un « Lies & Likes » drôlement grinçant !

Sur Facebook, il faut afficher tous les signes extérieurs du bonheur. Photos Alain Mitri

Dans la petite salle du théâtre Monnot, un canapé rouge, placé face au public, fait directement pénétrer les spectateurs-voyeurs dans l'intimité d'un jeune couple libanais d'aujourd'hui. Une brune piquante y est installée. Apprêtée, maniérée, artificielle à souhait, elle est plongée dans de superficiels échanges avec ses copines sur Facebook. Un « name dropping » de lieux prétendument visités, de grands restaurants essayés, de voyages à Paris, New York ou Rome... Le tout accompagné de frénétiques « post » de « selfies » et baignant, évidemment, dans une félicité conjugale absolue ! Bref, une vie de rêve affichée sur les réseaux sociaux dans le but de récolter le maximum de pouces levés, ces fameux « likes » qui régissent, désormais, les rapports (pseudo) amicaux et donnent à certains un illusoire sentiment d'importance. Ou de popularité.
Évidemment, la réalité est tout autre. À commencer par le caractère de la jeune femme qui, aussitôt Facebook débranché, se transforme de jolie fleur babillant un « franglais » châtié, en harpie exigeante et insatisfaite.

L'union de la peste et du pantin
Il faut dire que le couple est plutôt mal assorti. Elle est une riche fille à papa, actrice débutante en mal de célébrité, obnubilée par l'argent et les apparences. Lui est un professeur d'université, introverti, inadapté à cette grande poubelle qu'est devenu le pays et qui rêve d'émigrer au Canada. Même dans leur façon d'exprimer leurs fantasmes, ces deux-là sont aux antipodes l'un de l'autre. Elle, en virtuose des nouveaux moyens de communication, se (re)crée une vie de richesse, gloire et beauté, au moyen d'images truquées et de mises en scène mensongères, postées sur son fil, tandis que lui en est encore à (se) raconter des histoires d'amour chevaleresques en jouant aux marionnettes... En somme, le mariage de la peste et du pantin ! Attention, toute ressemblance avec des personnes de votre entourage serait purement fortuite...
Car, vous l'aurez deviné, cette pièce intitulée Lies & Likes est une satire sociale visiblement inspirée de la réalité libanaise. Écrite, mise en scène et interprétée par Marcel Ghosn, elle reflète, tel un miroir grossissant tendu à nos compatriotes, cette propension affabulatoire et ce goût des apparences si prégnant chez les Libanais. Et qui s'expriment amplement, voire se décuplent, désormais, via les réseaux sociaux. Et puis, il y a cette histoire de couple à l'union factice et intéressée, comme il s'en trouve beaucoup au pays du Cèdre...
Porté par le jeu fluide de Stéphanie Atala, qui campe avec virtuosité l'insupportable épouse, et celui de Marcel Ghosn, convaincant dans son rôle d'époux écrasé, cette sorte de long sketch de 70 minutes (seul bémol, la séquence des marionnettes gagnerait à être un peu raccourcie) sur la conjugalité et les mensonges s'inscrit dans la lignée des comédies piquantes déjà présentées par le metteur en scène, dont les Psy I et Psy II.
Un esprit psychologique que l'on retrouve dans cette petite pièce qui caricature – à peine, diront certains – cette société en mal d'être qui se rabat sur le paraître.

*Jusqu'au 27 mars, les jeudis, vendredis, samedis et dimanches, à 19h. Billets en vente à la librairie Antoine. Tél. : 01-218078.

Dans la petite salle du théâtre Monnot, un canapé rouge, placé face au public, fait directement pénétrer les spectateurs-voyeurs dans l'intimité d'un jeune couple libanais d'aujourd'hui. Une brune piquante y est installée. Apprêtée, maniérée, artificielle à souhait, elle est plongée dans de superficiels échanges avec ses copines sur Facebook. Un « name dropping » de lieux...

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