France : enquête ouverte pour non-dénonciation d'agressions sexuelles

La justice française a ouvert une enquête après la mise en cause de plusieurs responsables de la hiérarchie catholique de Lyon, dont un cardinal, accusés de ne pas avoir dénoncé à la justice des faits de pédophilie, apprend-on vendredi de source judiciaire.

Cette enquête préliminaire pour "non-dénonciation de crime" et "mise en danger de la vie d'autrui" s'ouvre en marge de l'inculpation d'un prêtre pour des agressions sexuelles sur des scouts entre 1986 et 1991 à Lyon.

Des victimes du prêtre ont mis en cause plusieurs responsables du diocèse de Lyon, parmi lesquels le cardinal Philippe Barbarin,l'une des figures les plus éminentes de l'église catholique française, qu'ils accusent de ne pas avoir dénoncé à la justice les agissements passés de ce religieux.

Soupçonné d'agressions sexuelles sur de jeunes scouts il y a plus de 25 ans, le prêtre Bernard Preynat a été mis en examen le 27 janvier après avoir reconnu les faits. Selon son avocat, Me Frédéric Doyez, le père Preynat, aujourd'hui septuagénaire, a déclaré devant le juge "que les faits étaient connus par les autorités ecclésiastiques depuis 1991", date à laquelle il avait été écarté du groupe scout indépendant qu'il encadrait depuis près de 20 ans.

Une association locale de victimes a dénoncé "l'omerta" dont aurait bénéficié le religieux pendant des décennies et critiqué vivement la gestion des agissements de ce prêtre par les autorités diocésaines depuis 25 ans.

Dans un entretien accordé à la presse catholique le 11 février, le cardinal Barbarin a déclaré avoir été mis au courant de "comportements" de ce prêtre "vers 2007-2008". Surnommé "Monseigneur 100.000 volts", Mgr Barbarin, 65 ans, est très engagé en faveur des chrétiens d'Orient, mais aussi du dialogue interreligieux.

Le Vatican lui a apporté son soutien, estimant qu'il gérait le dossier "avec beaucoup de responsabilité".
Le pape François avait auparavant estimé, sans citer ce cardinal, qu'"un évêque qui change de paroisse un prêtre alors qu'il sait qu'il est pédophile est un inconscient et la meilleure chose qu'il puisse faire est de présenter sa démission". "Cette phrase ne vise en aucune façon Mgr Barbarin qui a justement suspendu le père Preynat après avoir rencontré une première victime et avoir pris l'avis de Rome, et ce, avant même qu'une première plainte ne soit déposée", avait réagi l'entourage du prélat.

L'affaire reste très embarrassante pour l'épiscopat français qui a développé la prévention de la pédophilie depuis la condamnation en 2001 d'un évêque, Pierre Pican, pour non-dénonciation de viols sur mineurs commis par un prêtre.