Une démonstration de force: c'est l'objectif d'Hillary Clinton contre Bernie Sanders samedi à la primaire présidentielle démocrate de Caroline du Sud, quatrième Etat à voter, et prélude du "super mardi", le 1er mars.
Pour une journée, les démocrates vont revenir au centre de l'actualité politique, alors que la guerre entre Donald Trump et les autres prétendants républicains s'emballe, notamment entre l'homme d'affaires et le sénateur de Floride Marco Rubio. "Je ne sais pas qui ils finiront par investir, mais ce qui est certain, c'est que ce sera divertissant", a ironisé Hillary Clinton vendredi dans une réunion publique à Orangeburg.
La candidate démocrate est la favorite du scrutin dans cet Etat de la côte Atlantique, morceau du Sud historique où plus de la moitié des démocrates sont noirs et où jusqu'à juillet dernier le drapeau confédéré flottait dans la capitale, Columbia.
Les électeurs ont commencé à voté à 07h00 (12h00 GMT), bien que l'affluence soit faible de si bonne heure un samedi matin. Les bureaux de vote fermeront à 19h00 (00h00 GMT) et les chaînes pourraient déclarer le ou la vainqueur dès la fermeture en cas de nette avance.
"Ce serait un super cadeau d'adieux de réussir ici demain", a lancé Hillary Clinton aux quelques centaines de personnes, en majorité noires, venues la voir à Orangeburg.
Signe de l'écart de popularité entre les deux candidats au sein de la communauté, Bernie Sanders a reçu un accueil très réservé du même auditoire, le sénateur étant arrivé à l'improviste sur les talons de l'ex-secrétaire d'Etat au même événement. "En 1963, j'étais avec le Dr. King pour la Marche sur Washington", a-t-il lancé d'emblée. Cette référence à Martin Luther King ne lui a valu que quelques applaudissements.
Plus tard à Columbia, Bernie Sanders a prononcé son discours final dans une salle de spectacles à moitié vide, surdimensionnée -- alors que dans l'Iowa, près de 5.000 supporters avaient rempli une arène pour un concert-meeting d'anthologie.
Et s'il est soutenu par quelques personnalités noires, comme le rappeur Killer Mike, Hillary Clinton a le soutien d'un aréopage d'élus et de figures de la communauté. Elle a surtout dépêché sur le terrain son mari Bill, dont la popularité ici rivalise avec celle du président Barack Obama.
Deux présidents qu'elle connaît plutôt bien, plaisante-t-elle souvent, et dans la lignée desquels elle s'inscrit.
"Je ne suis pas candidate pour faire leur troisième mandat, mais je pense qu'ils ont fait du bon travail pour l'Amérique, ce serait idiot de ne pas s'en inspirer", a dit Hillary Clinton.
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Mois de mars charnière
Bernie Sanders a déjà la tête ailleurs, dans les Etats du Midwest et du Nord-Est qui voteront en mars. Il passera la journée de samedi dans le Texas et le Minnesota, alors qu'Hillary Clinton sera de retour à Columbia samedi soir. Seuls 3% des délégués pour la convention d'investiture démocrate de juillet à Philadelphie, en vue de la présidentielle de novembre, auront été attribués samedi soir.
Mais 11 Etats voteront mardi, avec 18% des délégués en jeu. Bernie Sanders mène dans le Massachusetts et le Vermont, mais de nombreux Etats du Sud voteront aussi, à la composition démographique proche de celle de Caroline du Sud, comme l'Alabama, la Géorgie et l'Arkansas, où Bill Clinton fut gouverneur jusqu'à 1992.
Le sénateur du Vermont a raflé jusqu'à présent les voix des jeunes démocrates, mais à part dans le New Hampshire où il a infligé une déroute à Hillary Clinton, cela n'a pas suffi à contrecarrer son avance chez les plus âgés.
Les partisans noirs de l'ex-secrétaire d'Etat disent n'avoir jamais vraiment envisagé l'option "Bernie". Invariablement, ils répondent qu'ils la soutiennent car elle est "compétente" et "a de l'expérience".
"Si elle est élue, elle sera prête à travailler dès le premier jour", dit Sylvia Robinson, retraitée de 64 ans.
Une victoire samedi serait sa troisième depuis le 1er février et ferait taire ceux qui critiquaient une campagne poussive.
Depuis son entrée en campagne en avril dernier, Hillary Clinton a connu des hauts et des bas.
Tout l'été a été dominé par la polémique sur son usage exclusif d'une messagerie privée pendant ses quatre années à la tête du département d'Etat. Elle a présenté ses excuses, mais le FBI a ouvert une enquête. Puis elle est ressortie renforcée en octobre d'une audition parlementaire tendue, mais en janvier la vague Sanders a rapproché le sénateur à quelques points d'Hillary Clinton dans les sondages.
Il espère faire durer les primaires jusqu'aux derniers scrutins de mai ou juin. Tout dépendra de sa prestation durant le crucial mois de mars.
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