Retirer de l'argent à un distributeur sans carte bancaire, c'est désormais possible pour des Syriens exilés en Jordanie grâce à un système basé sur la biométrie. Il suffit au réfugié de se présenter devant le distributeur équipé d'un capteur biométrique, qui identifiera le demandeur grâce à son iris, pour recevoir l'aide financière qui lui est due. Le tout en moins de 30 secondes.
Le Haut-Commissariat des réfugiés de l'Onu (HCR) a présenté la semaine dernière à Amman ce système « unique au monde » qui va profiter à 43 000 familles. Baptisé « EyeCloud » en anglais et
« Aide en un clin d'œil » en arabe, il a été mis au point par la société britannique
IrisGuard.
Une cinquantaine de distributeurs équipés de ce système ont été installés à travers le royaume en coopération avec une banque locale, a précisé le HCR. Ce système va être mis au service des réfugiés qui peuvent difficilement ouvrir un compte bancaire, et leur permettra notamment de préserver leur anonymat.
Il bénéficiera aux « personnes les plus vulnérables qui vivent en dehors des camps : des veuves avec enfants, des personnes âgées et celles qui ne travaillent pas », a expliqué à l'AFP le représentant du HCR en Jordanie, Andrew Harper. Selon le HCR, neuf réfugiés sur dix en Jordanie vivent en dehors des camps et sous le seuil de pauvreté, avec en moyenne 68 dinars jordaniens (96 dollars) par mois.
Aides insuffisantes
Dans l'une des banques du centre de la capitale Amman, plusieurs réfugiés sont venus percevoir leur argent en utilisant pour la première fois le nouveau système. Cependant, ce qui importe aux réfugiés, c'est plus l'argent qu'ils peuvent recevoir que la technologie qui leur permet de l'obtenir. « Je suis heureuse que l'opération se soit déroulée rapidement », se félicite Souad, une Syrienne de 40 ans et mère de sept enfants, qui a touché 120 dinars (169,50 dollars) après s'être identifiée d'un simple regard. Mais elle enchaîne rapidement sur les sommes perçues. « Les aides sont insuffisantes pour subvenir à nos besoins, même si elles nous aident à payer le loyer de 230 dinars (325 dollars). Avoir un toit est la chose la plus importante », explique cette femme qui habite depuis trois ans en Jordanie, où elle s'est réfugiée après la mort de son mari, tué dans un raid du régime sur la banlieue de Damas.
« Ma femme souffre d'un cancer et nous avons régulièrement besoin d'argent » pour qu'elle puisse se soigner, confie de son côté Mohammad, un Syrien de 35 ans. « Je dois toujours être à ses côtés, c'est pourquoi je ne peux pas travailler », regrette Mohammad qui est allé retirer 50 dinars (71 dollars) après avoir reçu un message du HCR sur son téléphone l'informant que ce montant était disponible. « Ces aides sont peu importantes et ne suffisent guère, mais la situation serait pire sans elles », explique à ses côtés Ibrahim, père de quatre enfants.
Kamal TAHA/AFP