En Israël, les ONG du camp de la paix dans le collimateur

Les ONG israéliennes du camp de la paix sont visées par un projet de loi gouvernemental et une campagne de la droite dont l'animosité alarme les défenseurs des droits de l'homme comme les Américains et les Européens.
Au cœur de la tourmente, des organisations établies et reconnues internationalement : La Paix maintenant promeut la création d'un État palestinien et combat la colonisation ; B'Tselem documente les violations des droits de l'homme dans les territoires occupés ; Breaking The Silence dénonce les agissements selon elle condamnables de l'armée israélienne envers les Palestiniens... Ces organisations et d'autres, critiques opiniâtres de l'occupation et de la colonisation israéliennes, sont soumises depuis des mois à des attaques de plus en plus dures, accusées de former une « cinquième colonne » contre Israël.
Ces organisations sont à présent menacées par un projet de loi de la ministre de la Justice Ayelet Shaked. Cheval de bataille de Mme Shaked avant qu'elle n'entre en 2015 au gouvernement, le projet prévoit que les ONG recevant plus de la moitié de leur financement de gouvernements étrangers devront le mentionner dans tous leurs rapports officiels et leurs représentants devront porter un badge spécial au Parlement.
Le texte ne distingue pas entre les ONG, mais ce sont celles réputées de gauche qui semblent les plus concernées. Le projet de loi est « un crime odieux contre la démocratie », a dit à l'AFP Anat Ben Nun, une responsable de La Paix maintenant. « Sous prétexte de transparence, le gouvernement essaie de délégitimiser quiconque ne partage pas ses opinions. »
Face aux mises en garde des ambassades des États-Unis et de l'Union européenne, Benjamin Netanyahu a apporté hier un soutien public à sa ministre. Le texte « n'est pas antidémocratique », a dit le Premier ministre israélien. « Quand vous voyez comme on use et abuse des ONG ici, le moins que l'on puisse vouloir, c'est la transparence. »