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Moyen Orient et Monde - Nigeria

« Ne créez pas un nouveau Boko Haram ! »

Le clash entre l'armée et les chiites ravive le spectre d'une nouvelle insurrection.

Le cheikh Zakzaky, leader du Mouvement islamique du Nigeria. Photo AFP

Après les violents affrontements qui ont opposé le week-end dernier l'armée et un mouvement chiite, et font planer la menace d'une nouvelle insurrection islamiste, un haut responsable musulman du nord du Nigeria a lancé un avertissement sans détour : « Ne créez pas un nouveau Boko Haram ! »
Les troubles ont éclaté samedi dernier à Zaria, cité historique d'un million d'habitants dans l'État de Kadouna, où le Mouvement islamique du Nigeria (IMN) organisait une procession publique sur une route, bloquant la circulation. Secte d'obédience chiite fondée au début des années 1980, l'IMN vise l'instauration d'un régime islamique à l'iranienne. « L'IMN attire la jeunesse pauvre en offrant des prestations sociales que ne fournit pas l'État. Comme d'autres mouvements chiites à travers le monde, il est soutenu politiquement et financièrement par l'Iran », qui a d'ailleurs officiellement protesté après les violences, explique Malte Liewerscheidt, analyste chez Verisk Maplecroft, une société de conseil en stratégie. Selon l'armée, les fidèles chiites ont attaqué le convoi du chef d'état-major des armées nigérian, Yusuf Buratai, qui passait par là, et ont tenté de l' « assassiner », une version démentie par l'IMN.
La riposte des militaires a été très musclée. Les soldats ont attaqué, et détruit une mosquée et la maison du chef de l'IMN, le cheikh Ibrahim Zakzaki, qui a été gravement blessé et arrêté. Son numéro deux a été tué. Le bilan total des affrontements, qui se sont poursuivis entre les soldats et des centaines de fidèles chiites pendant deux jours, est inconnu, mais s'élève vraisemblablement à plusieurs dizaines de morts, selon les témoignages recueillis par l'AFP. Le sultan de Sokoto, plus haute autorité musulmane du Nigeria, a exhorté lundi les autorités à la « retenue ». « Il ne faut pas répéter les erreurs du passé, qui ont engendré une insurrection aux conséquences dramatiques », a déclaré Alhaji Mohammad Saad Aboubakar. Boko Haram, qui était à l'origine un mouvement religieux fondamentaliste, a basculé dans la clandestinité et l'insurrection armée après la violente répression de ses militants et l'assassinat de son chef Mohammad Yusuf par la police en 2009. L'insurrection dure depuis 2009, a coûté 17 000 vies, fait 2,6 millions de réfugiés et dévasté une partie du nord-est du Nigeria.

« Mentalité d'assiégé »
« Les forces de sécurité nigérianes traînent une lourde histoire d'exécutions extrajudiciaires et de violations des droits humains », a souligné Amnesty International mardi, appelant à « une enquête impartiale » sur les événements de Zaria. Le Socio-Economic Rights and Accountability Project (Serap), une des plus importantes organisations de défense des droits de l'homme au Nigeria, a à son tour demandé jeudi une enquête des Nations unies. « La petite minorité chiite est généralement bien intégrée dans la société nigériane » – qui compte 80 millions de musulmans d'obédience sunnite peuplant majoritairement la moitié nord du pays –, explique Roddy Barclay, chef analyste de la société de conseil en stratégie Africapractice. « Mais le culte de la personnalité autour du cheikh Zakzaky était source de tension avec les autorités depuis longtemps et regardé avec suspicion particulièrement par les forces de sécurité ». « La confrontation n'était qu'une question de temps », confirme Malte Liewerscheidt, pour qui le fait d'être une petite minorité chiite parmi la vaste communauté sunnite a « contribué à créer une mentalité d'assiégé et à la radicalisation ».
Zakzaki était un prêcheur enflammé à ses débuts dans les années 1970-1980, mais il s'est assagi, tempère le commentateur politique Chris Ngwodo sur le site Premium Times. Il mise désormais plus sur une évolution spirituelle progressive de la société pour atteindre son but de République islamique. « L'escalade de ces derniers jours entre l'IMN et les autorités fait penser aux débuts de l'insurrection de Boko Haram », estime Malte Liewerscheidt. « La situation pourrait dégénérer si la répression devenait disproportionnée, et si Zakzaky et ses militants restent emprisonnés sans procès », ajoute-t-il.
Mais pour Roddy Barclay, « si le contexte d'injustice sociale, d'inégalité et de marginalisation des minorités religieuses dans le nord du Nigeria entraîne un réel risque de violences, les fidèles chiites de Zakzaki ont peu d'affinité avec les combattants sunnites de Boko Haram. Ils sont en petit nombre et isolés, ce qui limite les possibilités d'émergence d'une insurrection comparable à Boko Haram ».
David ESNAULT/AFP

Après les violents affrontements qui ont opposé le week-end dernier l'armée et un mouvement chiite, et font planer la menace d'une nouvelle insurrection islamiste, un haut responsable musulman du nord du Nigeria a lancé un avertissement sans détour : « Ne créez pas un nouveau Boko Haram ! »Les troubles ont éclaté samedi dernier à Zaria, cité historique d'un million...

commentaires (2)

IMN FAKIHISTES ET BOKO HARAM SALAFISTES ... LES DEUX FACES DE LA MÊME MONNAIE...

LA LIBRE EXPRESSION

20 h 36, le 19 décembre 2015

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Commentaires (2)

  • IMN FAKIHISTES ET BOKO HARAM SALAFISTES ... LES DEUX FACES DE LA MÊME MONNAIE...

    LA LIBRE EXPRESSION

    20 h 36, le 19 décembre 2015

  • « Ne créez pas un nouveau Boko Haram ! » CREEZ PLUTOT UN NOUVEAU HEZBOLLAH ET GOUTEZ A SES RAIDS DE 7 MAIS.

    Henrik Yowakim

    02 h 27, le 19 décembre 2015

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