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Moyen Orient et Monde - Reportage

« Maintenant, la vie ici est sûre. La Russie, Poutine... mouah ! »

Sur sa base aérienne de Hmeimim, Moscou étale sa puissance de feu.

Deux avions russes Su-24 décollant de la base militaire aérienne de Hmeimim, près de Lattaquié en Syrie. Paul Gypteau/AFP

Dans un bruit assourdissant, un avion de combat Su-24 décolle de la base militaire russe de Hmeimim, en Syrie, avant de disparaître dans les airs pour une mission au-dessus de ce pays ravagé par la guerre. Quelques minutes plus tard, un autre appareil muni de bombes prend son envol dans le ciel syrien. Un autre avion décolle ensuite, puis encore un autre.

« Entre le moment où le pilote reçoit l'information sur l'heure du décollage et celui où la cible est détruite, il s'écoule environ 30 minutes », affirme un porte-parole du ministère russe de la Défense, Igor Konashenkov, qui assiste à ce ballet d'avions. « Si la cible se trouve dans la province de Deir ez-Zor, nous y sommes en 25 minutes, si elle est près d'Idleb, il nous faut 10 minutes », indique-t-il lors d'une visite de la presse étrangère sur cette base près de Lattaquié, strictement organisée et encadrée par les autorités russes.

C'est sur cette base, qui n'héberge « qu'un petit millier » d'hommes selon des responsables, que la Russie a installé son aviation et le gros de ses troupes au début de sa campagne aérienne en Syrie. Près de trois mois après le début de ces frappes, à la demande du président syrien Bachar el-Assad, la campagne aérienne de Moscou ne montre aucun signe de fléchissement, au contraire. L'armée russe indiquait mercredi que son aviation avait effectué 59 sorties et détruit quelque 212 cibles en 24 heures. Un bilan qui s'ajoute aux 9 000 cibles – camps d'entraînement, dépôts de munitions, postes de commandes et raffineries de pétrole – qu'elle affirme avoir déjà mis hors d'usage en Syrie.

En outre, après avoir perdu un de leurs Su-24, abattu par un F-16 turc à la frontière turco-syrienne fin novembre, les Russes ont enrichi leur dispositif à Hmeimim avec des radars parmi leurs plus performants – les S-400 –, qui tournent en continu à côté d'une demi-douzaine d'imposants lanceurs de missiles. Le président russe Vladimir Poutine a ordonné l'envoi de ce système en Syrie dans les jours qui ont suivi l'incident avec la Turquie.

(Lire aussi : Poutine assure que les frappes russes aident Assad, mais aussi l’opposition modérée)

 

Alerte permanente
« Après la destruction de notre Su-24, ils (les S-400) ont été livrés et installés aussi vite que possible », confie le commandant de ce système de défense aérienne, en refusant de décliner son identité. Le ministère russe de la Défense affirme que le dispositif a été envoyé en quelques heures. Selon le commandant, ce système est capable de suivre 300 cibles et d'en abattre une trentaine en même temps sur un périmètre d'une centaine de kilomètres. « Il fonctionne en alerte permanente pour assurer la protection de notre aviation au-dessus de l'ensemble du territoire syrien et d'une partie de la Méditerranée », précise-t-il.

La Russie affirme que sa campagne aérienne vise à anéantir le groupe jihadiste État islamique (EI) et d'autres « groupes terroristes ». Mais des membres de la coalition internationale antijihadiste, menée par les États-Unis, accusent Moscou de viser principalement des groupes qui combattent les forces du régime syrien. Et selon des ONG, des frappes russes auraient fait des victimes parmi les civils. Toutefois, les responsables russes ont insisté sur le fait que leur arsenal militaire ne visait que des cibles déterminées. « Il n'y a pas eu d'erreurs dans nos frappes. Nos avions sont équipés du plus moderne système de ciblage », a assuré M. Konashenkov, pendant que des techniciens arment des Sukhoï et que des hélicoptères de surveillance ronronnent bruyamment au-dessus de la base.

Pour les habitants de la région de Lattaquié – bastion du clan Assad largement épargné par l'effusion de sang qui a fait plus de 250 000 morts en près de cinq ans –, l'arrivée des Russes est une bonne nouvelle. « La Russie, Poutine... mouah ! », s'écrie Mohammad Antar, un résident de Lattaquié qui est maintenant chauffeur de bus sur la base, en mimant un baiser avec sa main. « Dieu est grand ! » s'exclame-t-il, alors qu'un avion russe prend son envol. Selon l'armée russe, la ligne de front la plus proche de la base de Hmeimim a été repoussée de 25 à 50 km. « Maintenant, la vie ici est calme, sûre, indique M. Antar, avec l'aide d'un traducteur militaire russe. Et c'est grâce aux Russes. »

 

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