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Liban - Célébration

Philip Salem à « L’OLJ » : Il est temps de mettre à jour la Déclaration universelle des droits de l’homme

Philip Salem à New York.

Pour célébrer le 67e anniversaire de l'adoption de la Déclaration universelle des droits de l'homme (DUDH), première affirmation mondiale de la dignité et de l'égalité inhérentes de tous les êtres humains, une importante cérémonie s'est déroulée au Palais de Verre en présence du représentant permanent du Liban à l'Onu, Nawaf Salam, et de son épouse Sahar Baassiri, du prince Zeid Ra'ad al-Hussein, haut-commissaire de l'Onu pour les Droits de l'homme, et de l'invité d'honneur, Dr Philip Salem, cancérologue de renommée internationale, basé à Houston, écrivain, philosophe et « ami de Charles Malek ». Cette manifestation a été organisée par l'« Arab Ladies at the UN » sous la houlette de Samar Nader, membre fondateur de l'organisation, pour célébrer la vie et l'héritage du Dr Charles Habib Malek, homme politique et penseur libanais, l'un des cinq signataires de la Déclaration universelle des droits de l'homme.


Né en 1906 à Bterram, dans le Koura, Charles Malek était représentant du Liban au moment où les Nations unies ont été fondées. Il a été président du Conseil économique et social, l'Ecosoc, et président de la Troisième Commission au cours des débats en 1948 sur la Déclaration universelle des droits de l'homme. Ce « visionnaire » a joué un rôle-clé dans les débats portant sur les principales dispositions de la déclaration. C'est la veuve du président américain Franklin D. Roosevelt, Eleanor Roosevelt, qui a vraiment été le catalyseur qui a permis l'adoption de la déclaration. Aux côtés de la veuve du président américain se trouvaient le Français René Cassin, l'auteur du premier texte, le Libanais Charles Malek, le vice-président Peng-chun Chang de la Chine, et John Humphrey du Canada.
Le document fondateur, signé le 10 décembre 1948, à Paris, au palais de Chaillot, continue d'être une source d'inspiration pour promouvoir l'exercice universel des droits de l'homme. Toutefois, pour Dr Philip Salem, « ce document, qui date de 67 ans, a besoin d'être mis à jour. Il est impératif de le moderniser. Je suis ici ce soir pour recommander sa révision qui donne la priorité au droit à la santé comme droit humain, parce que, sans la santé, il n'y a pas de vie », indique-t-il à L'Orient-Le Jour, lors d'une interview accordée à New York.

 

Nawaf Salam : Charles Malek « visionnaire »
Dans son intervention, l'ambassadeur Nawaf Salam a fait référence à « un autre illustre prédécesseur », Ghassan Tuéni, qui a publié à Dar an-Nahar, en 2002, une brochure intitulée : « Israël, l'Amérique et les Arabes ». Il s'agit du « Rapport sur la situation actuelle », un mémo de 152 pages, daté du 5 août 1949, que Charles Malek, représentant permanent du Liban à l'Onu à l'époque, avait envoyé au président de la République, au Premier ministre et au ministre des Affaires étrangères du Liban. De cette note, Nawaf Salam a choisi dix citations sur le Liban, le monde arabe et Israël, et la politique internationale, qui illustrent le mieux ce que Ghassan Tuéni appelle dans sa préface : « Malek, ce visionnaire objectif ».

 

La force et l'État de droit
Sur la politique internationale, Charles Malek a une vision pertinente des événements mondiaux. Il écrit : « Je suis convaincu que la période dans laquelle nous vivons est un moment où la force est tenue en haute estime. La politique de facto ainsi que la politique de puissances offensives ou défensives ont survécu à l'avènement de l'ère de la primauté du droit, de la coexistence pacifique et de l'Onu. Nonobstant toute autre considération, le pays qui a le droit serait dans une meilleure position pour le défendre s'il a aussi une puissance effective et redoutée. »
« La valeur des campagnes médiatiques et des négociations politiques dans l'élaboration du cours de l'histoire n'a de sens que si elle repose sur une force critique. En fin de compte, l'équilibre politique et la lutte internationale ne représentent que l'équilibre des pouvoirs réels et non des arguments contradictoires », écrit-il. Charles Malek met en exergue l'importance de « travailler avec les puissances montantes en Asie. L'Asie est en croissance, et son rôle politique mondial augmente. Nous devons prendre le plus grand avantage de cela puisque nous sommes les Asiatiques », poursuit-il.

 

Faiblesses du monde arabe
Sur le monde arabe et Israël, Charles Malek écrit : « La Palestine était et reste la question arabe la plus critique de tous. La Nakba de Palestine n'est qu'une claire image de la Nakba générale arabe. Les faiblesses qui conduisent à l'échec arabe en Palestine sont les mêmes que celles qui conduisent et conduisent encore les échecs du monde arabe. L'échec est certain si, à n'importe quel moment dans le futur, le monde fait face à Israël avec les mêmes politiques incohérentes, indifférentes et improvisées, comme il l'a fait dans le passé, et si le monde arabe ne confronte pas ses propres maux ; s'il ne se rebelle pas de manière fondamentale contre son histoire contemporaine marquée par le repli, la peur de l'éclairement de l'Ouest et la glorification d'un passé mort qui l'empêche d'assumer ses responsabilités passées et futures ; et s'il ne réforme pas son système politique, économique, culturel, social et religieux d'une manière audacieuse. »

 

Le Liban partie intégrante du monde arabe
Parlant du pays du Cèdre, Charles Malek écrit : « Le Liban fait partie intégrante du monde arabe. Son indépendance est une nécessité qui ne tolère aucun doute. La justification ultime du Liban vis-à-vis de lui-même et du monde est son engagement honnête pour les libertés économiques, intellectuelles, spirituelles et existentielles. Si le Liban ne sanctifie pas la liberté de l'esprit au sens plein du terme et s'il ne respecte pas la recherche de la vérité dans ses lois, son gouvernement et son armée, il finira par perdre sa raison d'être », écrit-il. Rédigé en 1949, « ce mémo restera sans doute un classique dans les annales de la diplomatie libanaise et arabe », estime Nawaf Salam.

 

Philip Salem : « Droit aux soins »
Dr Philip Salem rend, à son tour, hommage à Charles Malek, qu'il a connu dès son « jeune âge » et avec lequel il a « beaucoup de points communs ». « Charles Malek est un parent, un fils du même village, Bterram, un diplomate, un philosophe, un ami et un patient, dit-il. La Déclaration universelle des droits de l'homme, qui constitue l'une des principales réalisations de l'Onu, est un document pionnier, né à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Il est considéré comme la première tentative par une organisation internationale à reconnaître les droits égaux et inaliénables de tous les membres de la famille humaine, et s'engager à la sacralité et la dignité de la personne humaine. »

 

Proposition de révision
« Je suis ici ce soir pour recommander une révision du document qui donne la priorité au droit à la santé comme droit humain », lance Dr Salem avec force. « L'article 3 de la déclaration stipule que "chacun a droit à la vie, la liberté et la sécurité de sa personne", mais je voudrais demander que signifie dans cet article le droit à la vie ? Il ne se rapporte évidemment pas aux soins de santé que l'article 25 stipule, dit-il. Je crois fermement qu'il n'y a pas de droit humain plus important que le droit aux soins et à la santé, et la santé est le fondement de la vie », affirme-t-il.
Et d'ajouter : « Je suis ici ce soir pour recommander à l'Onu et au Comité des droits de modifier l'article 3 de la déclaration comme suit : "Le droit humain le plus important et sacré est le droit à la vie, mais, comme la vie dépend de la santé, ce droit n'est pas possible sans le droit aux soins de santé." Par conséquent, tous les gouvernements et les sociétés sont priés d'examiner les soins de santé comme une priorité et devraient viser à fournir le plus haut niveau possible de santé à tous les citoyens. »
« Cette révision annonce une révolution dans notre engagement à la dignité de l'homme et aux droits humains, comme le droit aux soins de santé devient une priorité dans les politiques et stratégies des gouvernements partout dans le monde, estime-t-il. Je suis attaché à la sacralité de la vie, et, par conséquent, je me suis engagé à la sacralité de la santé, et donc la nécessité de rendre le droit à la santé une priorité dans ce document », a-t-il conclu.

 

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