Le ministre de l'Intérieur, Nouhad Machnouk, a affirmé hier que la double explosion à Bourj el-Brajneh n'est malheureusement pas la dernière du genre. Une chose est aujourd'hui certaine, l'attentat meurtrier dans le fief du Hezbollah n'est pas un simple message, mais le premier épisode d'une série macabre d'opérations terroristes que compte exécuter l'État islamique, comme l'illustrent les données désormais disponibles aux mains des services de renseignements libanais. Les actions de l'EI dans les localités du Hezbollah visent principalement à susciter une fronde au sein de la base populaire du parti chiite et à monter les gens contre lui en s'insurgeant notamment contre sa participation à la guerre en Syrie.
Selon des sources du 8 Mars, « c'est tout le contraire qui s'est produit. Le fait de s'en prendre aux milieux favorables au Hezbollah a poussé la base à resserrer encore plus les rangs autour du parti et à exprimer un attachement indéfectible à son chef, Hassan Nasrallah ». Une position illustrée par les slogans et banderoles affichés dans les localités chiites. Daech aura finalement échoué à provoquer la colère escomptée des chiites à l'encontre de leur parti favori. C'est ce qui a poussé le secrétaire général du Hezb à prendre la parole samedi dernier, appelant à l'unification des rangs et des efforts pour combattre ce mouvement et faire face au danger qu'il incarne.
Il reste à comprendre le timing choisi pour l'exécution de ces attentats qui se sont produits la veille d'une autre nuit de terreur à Paris. Dans les milieux politiques, on estime que plusieurs facteurs ont poussé l'État islamique à agir cette fois-ci en dehors de la Syrie et de l'Irak. Tout d'abord, les frappes de la coalition, plus précisément à l'aide des aviations russe et française. Celles-ci ont été relayées sur terre par la coalition du régime de Bachar el-Assad et des gardes révolutionnaires iraniens et leur pendant, le Hezbollah, réussissant à asséner un coup dur à l'État islamique qui a perdu un grand nombre de ses effectifs ces derniers temps, et ce à la veille de l'ouverture de la conférence de Vienne sur la crise syrienne.
Par conséquent, les opérations commanditées par l'État islamique ne seraient qu'une réaction de vengeance et le début d'une série noire d'opérations visant les scènes arabe et internationale. Selon des affirmations faites par des milieux diplomatiques, ces derniers étaient au courant d'éventuelles opérations terroristes visant des personnalités libanaises et certains pays occidentaux, dont la France et les États-Unis. Le but recherché est de semer la confusion et la panique au sein de la communauté internationale, actuellement préoccupée par la recherche d'un règlement à la crise syrienne.
Les services de sécurité libanais avaient déjà des informations consistantes à ce sujet, ce qui a d'ailleurs facilité le démantèlement rapide du réseau responsable des attentats de Bourj el-Brajneh. Certains services ont réussi à mettre la main sur un maillon important de la chaîne, entraînant des arrestations au moyen de techniques très sophistiquées avec lesquelles les services de l'ordre venaient juste de se familiariser.
Sur le terrain, le crime a réussi à unifier les rangs et à susciter des condamnations unanimes dans un mouvement de coalition libano-libanais inédit déterminé à faire front au terrorisme par tous les moyens. Dans son discours samedi dernier, le chef du Hezbollah, après avoir assuré que la guerre contre la terreur se poursuivra, a réitéré son initiative en vue de la recherche d'un compromis à la table de dialogue, qui réunira aujourd'hui une fois de plus les pôles politiques.
Les forces du 14 Mars ont de leur côté effectué un mouvement en direction du chef du parti chiite, réclamant une fois de plus la réactivation de la question de l'élection d'un président de la République, point de départ de tout compromis politique. Elles insistent en outre sur la nécessité de mettre fin à la crise pour mieux consolider la scène interne face au terrorisme qui devrait être combattu à l'unisson, d'autant que ce dernier cherche par tous les moyens à mettre le feu aux poudres. L'exemple de l'attentat de Bourj el-Brajneh et les multiples rumeurs qui l'ont accompagné n'en sont que plus explicites à cet égard.
Dans une tentative de rejoindre à mi-chemin la proposition de Hassan Nasrallah, le 14 Mars estime que le camp adverse devrait se départir de ses prises de position figées, notamment en matière d'échéance présidentielle, et annoncer clairement son appui à un candidat d'entente, accepté de tous. Car, soutient encore ce camp, le 8 Mars ne peut continuer à se comporter comme si l'axe dont il relève est vainqueur dans la bataille qui a actuellement lieu dans la région et imposer son candidat propre. L'issue réside dans une solution de compromis consistant à élire un chef de l'État en dehors de la polarisation actuelle, estime le 14 Mars. Ce dernier refuse en outre un compromis global du style de celui qui a été avalisé à Doha, contre lequel le camp du 8 Mars a fini par se soulever.
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commentaires (10)
Je ne pense pas que F.Hollande possède ces qualités citées par Douillet, député LR, champion judoka «Pour gagner un combat, il faut plusieurs qualités, outre le fait de connaître parfaitement son adversaire, de se préparer minutieusement, de savoir s'adapter, d'avoir les meilleures stratégies: il faut être extrêmement réactif», Contre Daesch, il faudra se surpasser ....
FAKHOURI
15 h 34, le 17 novembre 2015