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Économie - Agriculture

Du quinoa « made in Lebanon » bientôt sur les marchés ?

Un programme pilote mené avec la FAO pour tester le potentiel de culture du quinoa au Liban laisse entrevoir des perspectives intéressantes, qui doivent encore être confirmées sur le plan commercial.

Possédant de grandes qualités nutritionnelles, le quinoa est de plus en plus cultivé dans le monde.

Le représentant régional de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), Abdessalam Ould Ahmed, s'est rendu hier à Beyrouth pour s'entretenir avec le ministre de l'Agriculture « des défis auxquels fait face le ministère et dans quelle mesure la FAO peut contribuer via des programmes d'aide ». Quelques semaines auparavant, l'organisation onusienne venait justement de clôturer l'un de ces programmes de coopération technique pour favoriser l'introduction du quinoa, graine hautement nutritive originaire d'Amérique du Sud, au pays du Cèdre.

Financé par la FAO à hauteur d'environ 63 000 dollars – sur une enveloppe globale de 500 000 dollars consacrée à huit pays de la zone Mena (Liban, Algérie, Égypte, Irak, Iran, Mauritanie, Soudan et Yémen) –, le programme a consisté à mener deux ans de tests scientifiques pour tester la capacité d'adaptation du quinoa aux alentours de Tyr et dans la Békaa. « Aujourd'hui, le quinoa est une des récoltes à la croissance la plus rapide grâce à ses valeurs nutritives importantes. Dans notre région, un autre argument proquinoa est qu'il n'a pas besoin de beaucoup d'eau », explique M. Ould Ahmed. Il suffit de 200 à 250 millimètres de précipitations annuelles au quinoa, alors que la pomme de terre, par exemple, a besoin d'un minimum de 700 millimètres d'eau. À terme, la FAO espère que la généralisation du quinoa pourra s'inscrire dans sa stratégie de sécurité alimentaire.

Et au Liban, les résultats se sont avérés particulièrement encourageants. « Nous étions les premiers en termes de production et de rendement, avec environ 250 à 300 kilos de quinoa. Nous avons même fourni des graines à quelques pays qui n'ont pas réussi à produire du quinoa en quantité suffisante pour continuer leurs expérimentations », se félicite Rabih Kabalan, chef du département des céréales et légumes à l'Institut de recherche agronomique libanais (Iral), coordinateur national du projet.

Un marché prometteur
« Le Liban, grâce à ses conditions climatiques extrêmement favorables, est un bon candidat pour répondre à ses besoins locaux », souligne M. Ould Ahmed. Pour les agriculteurs, le marché est prometteur. « Selon le Centre du commerce international, les importations de quinoa sont passées de 71 millions de tonnes en 2012 à 87 millions de en 2014 », note Marie-Louise Hayek, assistante au programme à la représentation de la FAO au Liban. À titre de comparaison, l'Égypte n'a importé que 15 millions de tonnes en 2014 pour une population 15 fois supérieure à celle du Liban. Mais à ce stade, difficile de dire comment va évoluer le marché du quinoa, aujourd'hui cantonné à un marché de niche. Importé d'Amérique latine, il coûte entre 13 et 18 dollars le kilo. « Les coûts dépendront de la demande, d'un côté, et de la productivité, de l'autre. Il est prévu que celle-ci augmente avec l'expérience que vont acquérir les agriculteurs », avance M. Ould Ahmed.

Des techniques spécifiques
De quoi convaincre les agriculteurs de délaisser une partie de leur production traditionnelle au profit de cette graine à la mode ? Rien n'est moins sûr. « À ce stade, le projet n'a pas comparé le quinoa à d'autres céréales. La prochaine étape sera d'impliquer le secteur privé et d'évaluer le quinoa en conditions agricoles réelles », affirme M. Ould Ahmed. « Le but n'est pas de remplacer les céréales traditionnelles mais d'implanter le quinoa dans des terres marginalisées, car il peut pousser dans des sols pauvres », ajoute Mme Hayek. Au Maroc, où la graine a été introduite dès 1999, un agriculteur qui s'est lancé dans la production de quinoa doit le vendre deux fois plus cher que le quinoa importé, rapporte l'hebdomadaire marocain La Vie éco dans son édition du 9 juillet 2015. En cause, un rendement par hectare bas par rapport à d'autres céréales : il était évalué entre 1 et 1,5 tonne par hectare pour cet agriculteur cité dans l'article. « Dans de bonnes conditions de culture, le rendement moyen pour un agriculteur pourrait osciller entre 1 et 2 tonnes par hectares au Liban. Lors de la phase de test, le rendement variait de 1 tonne par hectare à 4 tonnes », relève M. Ould Ahmed.

Autre facteur de surcoût potentiel, le traitement postrécolte des graines afin de les débarrasser de la saponine qui les enveloppe et leur donne un goût amer. La FAO a commandé une machine spécialisée du Pérou qui n'est pas encore arrivée, mais, selon Mme Hayek, des machines à blé légèrement modifiées ont été utilisées pour le semis et le battage – la séparation entre graines et paille – pendant la phase de test avec succès. De son côté, l'Iral tente de développer des machines spéciales pour la saponine.
La mutualisation des équipements ou la constitution de coopératives pourraient également limiter ce type de coûts. « La FAO encourage l'autonomisation des associations d'agriculteurs, mais cela dépendra des conditions locales, du nombre d'exploitations qui produiront du quinoa, de la distance vis-à-vis des marchés, du prix de vente, etc. », indique M. Ould Ahmed.

 

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YESSSSSSS!

Christine KHALIL

22 h 31, le 17 novembre 2015

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  • YESSSSSSS!

    Christine KHALIL

    22 h 31, le 17 novembre 2015

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