Plus d'une vingtaine de films documentaires sur l'architecture, la peinture, la musique, la photo et le cinéma ont drainé, durant les quatre jours du Beirut Art Film Festival, un public de jeunes et de moins jeunes qui ont littéralement assailli les deux salles du Metropolis Empire Sofil. En week-end, les organisateurs ont même dû ajouter des sièges à la va-vite.
Si le BAFF affichait le « beau » en lettres majuscules en ce mois de novembre, il n'en reste pas moins que certains reproches lui ont été adressés, avec plus ou moins de véhémence, par ces spectateurs avides de culture. Des remarques constructives pour réussir, l'année prochaine, une meilleure édition.
Interrogée par L'Orient-Le Jour, Michèle Hélou Nahas, directrice artistique du BAFF, a anticipé les questions (et les reproches), se hâtant de signaler que des excuses ont déjà été adressées au public. « En effet, lors de la projection du film La Callas vs Tebaldi, Alice Mogabgab, organisatrice du festival, avait remercié le public beyrouthin si chaleureux, tout en déplorant les imperfections (en tout genre) qui ont entaché les projections ».
Sans vouloir s'étaler sur les faiblesses d'ordre logistique (la climatisation trop, ou trop peu, forte...), les questions qui ont fusé étaient les suivantes : pourquoi des documentaires réalisés en langue française, notamment Illustre et inconnu (The Man Who Saved the Louvre) avec la voix off de Matthieu Amalric, étaient-ils doublés en anglais ?
Pourquoi le duel Visconti-Fellini, une projection assez frustrante pour les aficionados, était-il narré en anglais alors que les intervenants parlaient l'italien ou le français ?
Les deux langues, celles de l'intervenant et du narrateur, se chevauchaient. Résultat : une cacophonie inaudible et fâcheuse.
« À vouloir trop donner... »
« Une erreur de jeunesse est toujours une leçon pour la vie », a relevé Mme Nahas. « Ayant sélectionné la quasi-majorité des films à partir de mes voyages à Montréal (centre du Festival du film d'art), nous n'avons pu relever cette erreur que lorsque nous avons réceptionné les copies. Nous les avons alors visionnées. Bien qu'elles étaient en parfait état – sauf quelques petits défauts dans certaines, relevant, cette fois, de la visionneuse de la salle 2 du Metropolis -, elles étaient pour la plupart en version anglaise (doublée et non sous-titrée). Nous nous sommes alors rendu compte, Alice Mogabgab et moi, qu'il était trop tard pour en assurer la traduction, et que celle-ci était trop coûteuse. »
Quant à la sélection jugée par certains comme « trop touffue », Mme Hélou précise : « En effet, à vouloir trop donner, nous sommes tombées dans le piège de la surabondance des films et, par conséquent, du chevauchement des horaires. Ainsi, nous avons remarqué que les spectateurs couraient dans tous les sens pour rattraper telle ou telle projection. » Ne dit-on pas que le mieux est l'ennemi du bien ?
« Nous rectifierons certainement le tir, conclut-elle, et nous vous promettons une seconde édition meilleure. »
Rendez-vous l'année prochaine avec le BAFF version 2, zéro défaut ?
Pour mémoire
Embarquement immédiat dans l'hypercœur de la création
Ô défaut serait inhumain...disons avec d'autres fautes peut-être. Merci Colette Khalaf pour cette belle et juste mise au point.
23 h 52, le 11 novembre 2015