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Liban - Décryptage

Une séance parlementaire... pour un service minimum !

Le paysage politique libanais devient de plus en plus affligeant. Chaque groupe est devenu otage de ses propres slogans et incapable d'aller de l'avant ou de saisir la moindre opportunité. Aucun camp ne veut faire la moindre concession, même de forme, à l'autre. Cela entraîne un blocage total des institutions et une absence de décision de plus en plus nuisible pour le pays et pour les Libanais. En général, dans une situation de crise aiguë comme celle que traverse actuellement le Liban, le début de solution commence par le fait de trouver un espace de dialogue entre les différents protagonistes. Or, dans ce cas précis, cet espace a été trouvé dans le cadre de la conférence de dialogue national qui se déroule au Parlement, et à travers les dialogues bilatéraux entre le Hezbollah et le courant du Futur, et entre les Forces libanaises et le CPL. Ces petites fenêtres entrouvertes ne sont pourtant pas en train de mener à des ouvertures réelles, ni à des résultats concrets.


C'est donc pour sortir de cet engrenage que le président de la Chambre Nabih Berry a choisi de convoquer le Parlement à une réunion plénière la semaine prochaine. En réalité, Nabih Berry n'avait pas trop le choix en raison des projets de lois devenus pressants qui attendent dans les tiroirs. L'un d'eux, par exemple, remonte à 1999. Mais, s'il n'est pas adopté d'ici à la fin de l'année, les États-Unis pourront alors mettre le Liban et son secteur bancaire sur la « black list ». Cela serait terrible pour l'économie libanaise dont le seul secteur productif est celui des banques. Pourquoi ce projet a-t-il été reporté depuis si longtemps, nul ne saurait le dire. Mais désormais il ne peut plus attendre. Nabih Berry a donc décidé de convoquer une réunion de la Chambre sans plus attendre l'accord préalable de tous les blocs.


En même temps, avec la coopération du bureau de la Chambre qui fixe l'ordre du jour, il a bien pesé son coup en cherchant à satisfaire une partie des exigences de chaque camp. Le projet de loi sur le recouvrement de la nationalité libanaise, si cher aux Forces libanaises et au CPL, figure à cet ordre du jour ainsi que l'acceptation de différents dons internationaux chers au courant du Futur. Il a aussi mis à l'ordre du jour le projet de loi sur la distribution des recettes des télécoms aux municipalités, réclamé par le CPL. Mais le problème pour les composantes chrétiennes reste le suivant : l'adoption d'une nouvelle loi électorale n'est pas prévue, en raison de sa complexité et de la multitude de projets présentés qui doivent être étudiés.


Avec cet ordre du jour relativement équilibré et essentiellement dicté par l'urgence, M. Berry a tenté de relancer l'action parlementaire en sauvant la face à tous les blocs, puisqu'aucun d'eux ne peut se considérer lésé et aucun d'eux ne peut non plus se présenter comme réellement victorieux. Mais, en même temps, sa décision a pris toutes les parties de court, les obligeant à prendre une décision qui leur fera assumer une partie de la responsabilité des développements futurs. Selon des sources proches du bloc du Changement et de la Réforme, celui-ci pencherait pour la participation à la séance plénière puisque deux des projets qu'il réclame sont à l'ordre du jour. Le bloc de la Résistance compte participer, surtout si son allié chrétien est présent. Le bloc de Walid Joumblatt a déjà annoncé qu'il participera à la réunion et le courant du Futur a laissé entendre que sa décision pourrait être tributaire de celle des Forces libanaises. Mais, en même temps, les députés chrétiens « indépendants » du 14 Mars ont fait savoir qu'ils comptent prendre part à la réunion, qui regroupera ainsi des représentants de la plupart des composantes du Parlement. Restent le parti Kataëb et les Forces libanaises. Les Kataëb cherchent à se démarquer des autres parties chrétiennes surtout depuis l'amorce de rapprochement entre le CPL et les FL, qui risque de les marginaliser. Mais comme ce parti est représenté au gouvernement, il reste un partenaire à part entière au sein de l'exécutif. Dans ces conditions, sa participation à la réunion est probable, mais même si le parti décide de la boycotter, il n'est pas question qu'il se retire du gouvernement. Pour les Forces libanaises, la situation est différente. Selon des sources proches de ce parti, un débat interne a lieu à ce sujet. Certains affirment que les FL doivent rester conséquentes avec elles-mêmes. Comme elles ont refusé d'entrer au gouvernement, elles doivent aussi refuser de participer à la séance parlementaire plénière. Elles montreront ainsi qu'elles adoptent des positions de principe. Ce qui ne saurait qu'augmenter leur popularité sur la scène chrétienne, face au CPL, qui, lui, sera obligé de conclure des compromis avec le président de la Chambre, par égard pour son allié le Hezbollah, renonçant ainsi à son exigence de placer le projet de loi électorale le à l'ordre du jour de la séance parlementaire. Ce serait ainsi une sorte de revanche après le retournement spectaculaire de la position des FL au sujet du projet de loi dit grec-orthodoxe qu'elles avaient accepté avant de changer d'avis au moment du vote...


Un autre courant considère, au contraire, que si le bloc du Changement et de la Réforme accepte de participer à la réunion plénière du Parlement, les Forces libanaises n'auront aucune raison de ne pas y participer à leur tour, sachant qu'en adoptant cette position, elles renforcent leur relation avec le président de la Chambre et se présentent comme un parti rationnel qui sait faire la part des choses et servir l'intérêt national. En même temps, cela permettrait aux Forces libanaises de ne plus rester enfermées dans le carcan du 14 Mars et d'ouvrir des fenêtres de dialogue avec d'autres composantes du pays, y compris le Hezbollah.
Les jours qui viennent devraient permettre de préciser les positions, mais les sources proches de Aïn el-Tiné se veulent optimistes car convaincues que la séance plénière aura lieu. Même s'il s'agit d'assurer un service minimum.

Le paysage politique libanais devient de plus en plus affligeant. Chaque groupe est devenu otage de ses propres slogans et incapable d'aller de l'avant ou de saisir la moindre opportunité. Aucun camp ne veut faire la moindre concession, même de forme, à l'autre. Cela entraîne un blocage total des institutions et une absence de décision de plus en plus nuisible pour le pays et pour les...

commentaires (4)

Il n'y a aucun traficotage comme veut le dire les moumanaaistes !! Attention c'est de la poudre aux yx !!

Bery tus

21 h 01, le 06 novembre 2015

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Commentaires (4)

  • Il n'y a aucun traficotage comme veut le dire les moumanaaistes !! Attention c'est de la poudre aux yx !!

    Bery tus

    21 h 01, le 06 novembre 2015

  • ET PUISQUE IL S,AGIT D,UN PROJET DE LOI AVEC DECISION NATIONALE URGENTE... TOUTES LES AUTRES LE SONT AUSSI... ESPERONS QUE LES ABRUTISSEMENTS SE DESABRUTISSENT POUR UNE FOIS...

    LA LIBRE EXPRESSION

    19 h 57, le 06 novembre 2015

  • Les seuls perdants dans cette "soupe à l'oignon" c'est la composante chrétienne du peuple libanais. Que Aoun, Geagea et compagnie continuent leur traficotage. Ils seront les premiers à embarquer vers la mer Egée !

    Un Libanais

    12 h 24, le 06 novembre 2015

  • Nous voila informe de la situation actuelle , nous attendrons la suite pour savoir comment les choses vont evoluer , avec bien sur la meme plume experte de Scarlett, qui peut avec le minimum obtenir un resultat maximum .

    FRIK-A-FRAK

    09 h 08, le 06 novembre 2015

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