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Moyen Orient et Monde - Tendance

« Hajj Poutine est mieux que Hussein Obama »

La popularité du président russe explose en Irak : sur Facebook, on parle désormais de « Poutine le chiite ».

Un artiste irakien, Mohammad, ajoute l’ultime touche au portrait du président russe Poutine dans le quartier de Karada à Bagdad. Photo AFP

La campagne de la Russie en Syrie dope la popularité de Vladimir Poutine en Irak, où certains espèrent qu'il interviendra aussi bientôt dans leur pays pour lutter contre le groupe État islamique (EI).

Mettant les dernières touches à un portrait de Poutine, le peintre Mohammad Karim Nihaya est l'un de ceux qui attendaient « que la Russie s'engage dans la lutte contre Daech » (acronyme arabe de l'EI). Car, affirme-t-il, « les Russes obtiennent des résultats ». Alors que « les États-Unis et leurs alliés, eux, bombardent depuis un an sans parvenir à quoi que ce soit », ajoute le peintre, assis dans son atelier du centre de Bagdad.

Comme lui, de nombreux Irakiens suivent de près l'évolution du conflit dans la Syrie voisine, où l'EI a conquis de vastes pans de territoire et proclamé un califat à cheval sur la frontière entre les deux pays. Depuis, la coalition antijihadiste conduite par les États-Unis a aidé les forces irakiennes à reconquérir une partie du terrain perdu à l'EI, mais sa campagne a aussi connu des revers.

Pour changer vraiment la donne, certains, surtout au sein de la majorité chiite, ne voient que la solution russe, même si, selon les Occidentaux, seule une fraction des raids russes sur la Syrie a pu viser l'EI. « Nous ne voulons pas de la coalition internationale. Nous voulons seulement la Russie, et nous égorgerons un mouton » si elle s'engage en Irak, annonce Mohammad, un jeune chômeur. Ces Irakiens voient Moscou – qui a fermement soutenu Damas et Téhéran ces dernières années – comme un allié plus naturel que les États-Unis, qui ont occupé leur pays pendant huit ans.

« Poutinemania »
Les images très répandues d'un Poutine viril et déterminé – torse nu et visage froid – sont également très populaires en Irak, où le culte de la personnalité reste de mise douze ans après la chute de Saddam Hussein. Sur les réseaux sociaux, beaucoup ont déjà fait le président russe citoyen d'honneur irakien.
D'autres font circuler une blague selon laquelle le nom du président russe montre qu'il a des origines irakiennes. Elle raconte que son père était un épicier irakien du Sud chiite, qui avait introduit les figues (« tine » en arabe) sur le marché local et avait pour cela été surnommé « Abou Tine ». Après la Seconde Guerre mondiale, il serait parti s'installer en Union soviétique, aurait épousé « une blonde russe » et appelé son fils Abdelamir, un nom si difficile à prononcer que les autochtones l'auraient changé en Vladimir, poursuit l'histoire.

Sur Facebook, certains parlent désormais de « Poutine le chiite » ou remplacent leur photo de profil par son portrait.
« Nous devrions donner à Poutine la nationalité irakienne et syrienne car il nous aime plus que nos propres politiciens », suggère Mohammad al-Bahadli, un étudiant de la ville sainte chiite de Najaf.
« Des musulmans nous bombardent car nous sommes des rafidha », un terme signifiant « ceux qui refusent » qu'emploient les jihadistes sunnites de l'EI pour désigner les chiites, déclare Saad Abdallah. Alors que « Poutine, qui est chrétien orthodoxe, nous défend », ajoute ce commerçant.
« Je remercie Poutine parce qu'il m'a convaincu de rester en Irak (...). Hajj Poutine est mieux que Hussein Obama », lance Ali al-Rammahi, chauffeur de taxi, en utilisant le titre donné aux fidèles ayant accompli le grand pèlerinage à La Mecque.

Cette « Poutinemania » perturbe la vie politique irakienne car elle a créé, ces derniers jours, une certaine confusion sur la position de Bagdad à propos d'une éventuelle intervention russe.
Hakim al-Zamili, le chef de la commission de la Défense au Parlement et d'une milice chiite ayant autrefois combattu les forces américaines, a suggéré que Bagdad demande des raids aériens russes contre l'EI. Le Premier ministre Haider al-Abadi, soutenu par l'Occident, s'est jusqu'à présent montré évasif sur la question, sans toutefois exclure cette possibilité. Son gouvernement a récemment signé un accord avec la Russie, l'Iran et la Syrie pour mettre en place un centre de renseignements commun à Bagdad pour lutter plus efficacement contre l'EI.

 

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