Rechercher
Rechercher

Liban - L’éclairage

Nouvelles tentatives de compromis sur les nominations pour une relance du cabinet Salam

L'altercation hier au Parlement, entre députés du bloc du Futur et du bloc du Changement et de la Réforme, a bien reflété le climat d'escalade entre le Courant patriotique libre (CPL) et une partie du courant du Futur. C'est du moins l'avis d'un député aouniste, qui accuse le président de la commission parlementaire, Mohammad Kabbani, de partialité. Selon ce député, M. Kabbani n'aurait pas dû lever la séance après le début de l'échange d'accusations et d'insultes entre les deux bords, interrompu par l'intervention du député du Hezbollah, Ali Ammar, dans le but de calmer le jeu.
De son côté, le ministre des Finances, Ali Hassan Khalil, a indiqué qu'il n'était pas concerné par l'événement et qu'il n'était pas partie à la rixe. Pourtant, le différend opposait, à l'origine, le ministre berryste et les aounistes. Le ministre des Finances avait remis des documents à la commission révélant l'existence d'un gaspillage injustifiable au niveau des deniers publics. Ali Hassan Khalil avait fait l'objet d'une campagne menée par Michel Aoun et ses députés, à laquelle il avait d'ailleurs répliqué avec fermeté. Ce qui est étrange, cependant, c'est que l'altercation finisse par opposer les députés du Futur à leurs confrères du CPL, si bien que l'événement a fait diversion sur le sujet initial. La participation massive des députés aounistes à la séance de la commission visait sans doute à torpiller cette dernière. L'on voit mal en effet comment la commission pourrait de nouveau se réunir sans un règlement à l'amiable et un accord entre les parties pour en libérer les travaux.
Cette altercation s'est produite quelques heures avant la nouvelle réunion de dialogue entre le Futur et le Hezbollah à Aïn el-Tiné et à la veille de la reprise de la table de dialogue au Parlement sous la présidence de Nabih Berry, trois jours durant et au rythme de deux séances par jour, pour discuter de la présidentielle. Aussi bien le CPL que le Futur se sont empressés de souligner, cependant, que l'incident n'aurait aucun effet sur le dialogue. Des sources parlementaires vont jusqu'à le circonscrire en le replaçant dans le contexte de la tension qui prévaut actuellement entre Rabieh et les milieux du Futur proches de Fouad Siniora, à la suite notamment de l'échec du projet de compromis sur les nominations militaires. Des sources proches du chef du courant du Futur, Saad Hariri, font même état de tentatives d'aplanir les obstacles pour que ce compromis sur les nominations visant à amadouer le général Aoun ait finalement lieu. C'est le ministre Waël Bou Faour qui aurait été chargé de promouvoir ce compromis à travers ses contacts avec les différentes parties politiques.
Dans une tentative de justifier ce compromis, lot de consolation, des milieux politiques proches de la Maison du centre indiquent que l'objectif ultime est de mettre fin au blocage ministériel et de revitaliser le gouvernement a minima, compte tenu des répercussions éventuelles de la stagnation actuelle. Le Premier ministre Tammam Salam refuse en effet que le cabinet reste paralysé et les séances du Conseil des ministres empêchées, si bien qu'il pourrait se retrouver acculé à se comporter comme si le gouvernement expédiait les affaires courantes. Or MM. Berry, Hariri et Walid Joumblatt pressent M. Salam d'attendre avant de convoquer à une nouvelle séance du Conseil, en attendant le résultat des contacts.
La question se pose de savoir quel serait le meilleur cas de figure pour le pays : continuer à attendre un compromis régional pour résoudre les différentes crises à l'ombre d'un cabinet fonctionnant a minima pour gérer les affaires des citoyens et de l'État, et empêcher l'effondrement total, ou aller vers la démission du gouvernement, qui se transformerait aussitôt en cabinet chargé d'expédier les affaires courantes ? Les milieux politiques sont d'accord sur le fait que le gouvernement Salam ne doit pas tomber, pour éviter la chute dans le vide sidéral, créateur d'une instabilité politique, qui entraînerait à son tour une déstabilisation sécuritaire. L'objectif du compromis sur les nominations est de maintenir le cabinet et de préserver l'armée des méandres de la politique, d'autant que la troupe est actuellement en lutte contre le terrorisme. En l'absence de toute perspective d'élection présidentielle à l'heure actuelle, le maintien du cabinet comme carte constitutionnelle et légale est une nécessité pour éviter l'effondrement général. Pour la communauté internationale, le cabinet Salam et la stabilité sont des lignes rouges.
Pour les milieux du 14 Mars, l'absence de signaux de déblocage au niveau de l'échéance présidentielle est le résultat du conflit irano-saoudien, qui s'est envenimé ces derniers jours après la bousculade de La Mecque. Les perspectives d'ouverture entre Riyad et Téhéran, sur lesquelles misaient certains cercles diplomatiques occidentaux au lendemain des réunions entre les chefs de la diplomatie saoudienne et iranienne en marge de l'Assemblée générale de l'Onu à New York, se sont envolées. Les positions des ministres, députés et responsables du Hezbollah ces derniers jours reflètent d'ailleurs très bien ce regain de tension. Le Hezbollah accuse notamment le 14 Mars, le Futur et leur allié saoudien de bloquer la présidentielle, ce qui n'est pas conforme aux faits, souligne une source du courant du Futur, qui pointe du doigt la responsabilité de l'Iran à ce niveau. L'Arabie saoudite appuie tout accord entre les Libanais et considère que l'élection est une affaire strictement libanaise, et Riyad est en faveur d'un règlement autour d'un président agréé de tous, souligne cette source. L'Iran, lui, s'ingère ouvertement dans les affaires libanaises, comme le prouvent les propos de ses différents responsables, notamment de Mohammad Javad Zarif à New York et de Hassan Rohani lors de sa rencontre avec François Hollande. Lorsque M. Rohani affirme au président français que « la question nécessite plus de discussions, qu'il convient de patienter et que nous en parlerons lors de ma visite en France », il confirme que Téhéran intervient dans la présidentielle. Sinon, si c'est effectivement Riyad et le 14 Mars qui bloquent l'échéance, pourquoi les députés du Hezbollah ne se rendent-ils pas à la Chambre pour assurer le quorum et exercer une pression en faveur de leur candidat, le général Aoun ?
Quoi qu'il en soit, les milieux politiques du 8 Mars soulignent que MM. Berry, Hariri et Joumblatt poursuivront leurs efforts pour assurer la relance des institutions a minima, notamment la Chambre des députés et le Conseil des ministres.

L'altercation hier au Parlement, entre députés du bloc du Futur et du bloc du Changement et de la Réforme, a bien reflété le climat d'escalade entre le Courant patriotique libre (CPL) et une partie du courant du Futur. C'est du moins l'avis d'un député aouniste, qui accuse le président de la commission parlementaire, Mohammad Kabbani, de partialité. Selon ce député, M. Kabbani n'aurait...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut