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Liban - Décryptage

Une première dans l’armée : recours devant le Conseil d’État contre la prorogation de Kahwagi

Les officiers ont décidé de s'inviter dans la crise politique portant sur le dossier des promotions militaires. Bien que ses proches et son avocat démentent toute dimension politique à son action, le général Hamid Iskandar, un officier de terrain bardé de diplômes, appartenant à la promotion de 1983, a présenté un recours devant le Conseil d'État contre le report d'une nouvelle année du départ à la retraite du commandant en chef, Jean Kahwagi, parce qu'il considère qu'il lui porte un préjudice direct. C'est certes une première dans l'histoire de l'armée libanaise qui vient augmenter la confusion qui règne dans le dossier des promotions militaires et qui empoisonne aussi bien le paysage politique que l'image de l'armée, en cette période cruciale.


Selon son avocat, Me Michel Hannouche, le général Hamid Iskandar devrait atteindre l'âge de la retraite le 1er juillet 2016. Or le report du départ à la retraite du général Jean Kahwagi, lequel, depuis la dernière décision du ministre de la Défense, est désormais fixé au 22 septembre 2016, lui ôte ses propres chances d'être nommé à cette fonction et par conséquent de bénéficier d'une prolongation de son service au sein de l'armée. Certes, le général Iskandar, originaire du village de Chlifa, dans le nord de la Békaa, n'était pas nécessairement le candidat favori pour ce poste, mais il fait partie des généraux maronites habilités à être nommés à cette fonction, à cause de son ancienneté et de son grade. Par conséquent, la décision du ministre de la Défense qui a reculé d'un an le départ à la retraite du général Kahwagi, mais aussi du chef d'état-major, le général Walid Selmane, ainsi que du chef du Conseil supérieur de défense, le général Mohammad Kheir, le prive de cette opportunité, sachant qu'à cause d'elle, il devra passer à la retraite avant la fin du mandat du commandant en chef actuel.


Il a donc présenté un recours contre la décision du ministre de la Défense devant le Conseil d'État, en tant qu'officier directement lésé. C'est désormais au Conseil d'État de décider s'il accepte ou non le recours. Et si sa décision est positive, il devra entendre les deux parties avant de statuer sur l'affaire.
Ce recours a toutefois provoqué un choc au sein de l'armée, sachant que certains officiers sont hostiles aux dernières décisions de report du départ à la retraite ou de promotions qui portent, selon eux, un coup au système hiérarchique habituel. Ce n'est toutefois pas la première fois que des officiers présentent des recours contre des décisions de promotion (ou de non-promotion) jugées injustes devant le Conseil d'État et il leur est arrivé d'obtenir gain de cause, mais à chaque fois, selon une source de l'armée, la procédure s'était faite dans les règles.


Par contre, l'initiative du général Iskandar a été faite sans une autorisation préalable du commandement, sachant que même après leur passage à la retraite, les militaires sont tenus d'informer le commandement de toute action qui concerne l'armée. Une source militaire explique ainsi que le général Iskandar a commis une faute disciplinaire en ne demandant pas une autorisation préalable pour son action. C'est dans ce cadre qu'il a donc été entendu par les SR de l'armée, dans ce qui est considéré par la source militaire comme une procédure normale. Le général Iskandar a donc été interrogé sur les motifs et le contexte de son recours devant le Conseil d'État et si l'armée le juge nécessaire, il pourrait être passible d'une sanction disciplinaire. Mais, toujours selon la source militaire interrogée, l'affaire en restera là au niveau du commandement de l'armée, alors que c'est au Conseil d'État de prendre la décision finale sur le fond.


Mais indépendamment de la volonté claire de l'armée de minimiser la portée de l'action du général Iskandar, celle-ci reflète un certain malaise au niveau des officiers, surtout avec la polémique autour des nominations et des promotions militaires. Sous couvert de maintenir l'armée à l'écart des zizanies politiques, la classe dirigeante a au contraire placé cette dernière au cœur du débat, en paralysant le système de promotion au sein de l'armée, tout en donnant à la polémique une coloration politique et confessionnelle. Le général Iskandar a agi pour son propre compte car il se considère comme directement lésé, et selon ses proches, il n'a aucune coloration politique, ni même des contacts avec les différents leaders. Mais, quelque part, son initiative va dans le sens des thèses du bloc du Changement et de la Réforme qui réclame depuis des mois la désignation d'un nouveau commandant en chef de l'armée par le Conseil des ministres et considère le maintien à son poste du commandant en chef de l'armée en dépit de son passage à la retraite comme illégal.
Cette initiative intervient aussi au moment où la solution en gestation sous la houlette du président de la Chambre, Nabih Berry, et du leader druze Walid Joumblatt pour promouvoir certains hauts officiers et compléter ainsi la formation du Conseil militaire semble compromise... ou retardée. Des contacts sont en effet entrepris entre les différentes parties pour qu'elle soit remise en selle avant le prochain rendez-vous du dialogue national mardi. La classe dirigeante mise sur la banalisation de la démarche du général Iskandar, une fois le premier choc passé. Mais s'ajoutant à tout ce qui circule actuellement sur l'armée au sein de la classe politique, où chacun a désormais une opinion sur la question, elle confirme l'existence d'une véritable crise institutionnelle à tous les niveaux de l'appareil étatique et place le Conseil d'État face à une mission difficile.

Les officiers ont décidé de s'inviter dans la crise politique portant sur le dossier des promotions militaires. Bien que ses proches et son avocat démentent toute dimension politique à son action, le général Hamid Iskandar, un officier de terrain bardé de diplômes, appartenant à la promotion de 1983, a présenté un recours devant le Conseil d'État contre le report d'une...

commentaires (3)

yalla on voit qui et qui essaie encore fois la position du bord du gouffre !! impliquer l'armee encore dans les dedales de la politique des axes comme mentionner on espere pas un retour a 76 !!

Bery tus

18 h 42, le 02 octobre 2015

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Commentaires (3)

  • yalla on voit qui et qui essaie encore fois la position du bord du gouffre !! impliquer l'armee encore dans les dedales de la politique des axes comme mentionner on espere pas un retour a 76 !!

    Bery tus

    18 h 42, le 02 octobre 2015

  • Voilà le résultat de l'implication de l'armée, par ces politiciens de 5e monde, en leurs sordides machinations et leur partage du fromage pourri à leur image.

    Halim Abou Chacra

    05 h 36, le 02 octobre 2015

  • Allâh yésstorre, qu'elle ne nous fasse pas le coup de 76 en se ré-fractionnant !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    05 h 20, le 02 octobre 2015

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