Le leader des Forces libanaises, Samir Geagea, a adressé à la chancelière allemande Angela Merkel une lettre ouverte dans laquelle il réagit à la récente déclaration de Mme Merkel qui a souligné il y a quelques jours qu'il était nécessaire de dialoguer avec Bachar el-Assad en vue d'un règlement politique en Syrie. « Au nom de plus de 250 000 tués, des millions de déplacés, des centaines de milliers de disparus et de détenus, au nom des milliers de suppliciés dans les geôles de ce régime (de Bachar el-Assad), au nom des enfants gazés de la Ghouta orientale, des familles massacrées à Banias et ailleurs (...) au nom de la morale... cette machine (in)humaine à tuer, qu'il me répugne de nommer, n'est ni négociable ni réhabilitable », a notamment souligné M. Geagea. Nous reproduisons ci-dessous le texte intégral de la lettre ouverte du leader des FL à la chancelière.
Madame la chancelière Angela Merkel,
je voudrais d'abord vous faire part de mon admiration, mêlée d'estime, pour votre attitude si hospitalière face à la vague migratoire de citoyens syriens forcés à l'exode, qui ont trouvé dans l'Allemagne démocratique et humaniste – que vous reflétez si bien – leur terre d'élection rêvée après le long cauchemar vécu durant leur ténébreux parcours, depuis leur déracinement du sol natal, devenu infernal.
La politique d'assistance de votre gouvernement à une population en danger a donné le ton et l'exemple à l'échelle européenne et a démontré, une fois de plus, la vocation humanitaire de l'Allemagne qui s'est placée en tête des pays hospitaliers pour offrir l'asile à des centaines de milliers d'exilés dont la seule faute aura été d'être nés sous la mauvaise étoile d'un régime dictatorial et assassin.
Parlant de ce régime, permettez-moi cependant de ne pas adhérer à l'idée d'impliquer son chef dans des négociations, sauf si elles devaient conduire à son éviction du pouvoir et, au mieux, sa comparution devant les tribunaux pénaux internationaux.
Au nom de plus de 250 000 tués, des millions de déplacés, des centaines de milliers de disparus et de détenus, au nom des milliers de suppliciés dans les geôles de ce régime, au nom des enfants gazés de la Ghouta orientale, des familles massacrées à Banias et ailleurs, au nom des innombrables victimes de barils de TNT, de missiles Scud, au nom d'un patrimoine syrien en ruine, des villes et villages en cendres, au nom d'une Syrie exsangue et meurtrie, au nom de ce qu'il reste d'humanité en ce monde, au nom de l'éthique, au nom de la morale... cette machine (in)humaine à tuer, qu'il me répugne de nommer, n'est ni négociable ni réhabilitable.
Ce raz-de-marée migratoire, qui a fait tant de noyés, que l'Europe a de la peine à contenir, n'est-il pas l'effet direct de cette cause maléfique ? N'aurait-il pas été plus judicieux d'éliminer la cause plutôt que de traiter ses effets ?
Les droits de l'homme ne peuvent être préservés sans le devoir de justiciabilité, et le peuple syrien martyr ne pourra reposer en paix tant que son bourreau se repose dans l'impunité, entre un massacre et l'autre.
Il serait, par conséquent, immoral de remettre en selle le responsable premier de la tragédie syrienne, dont les crimes rivalisent avec les plus grands criminels de guerre de l'histoire.
Pour cela, j'appelle la communauté internationale, à travers vous, à évaluer l'ampleur des crimes commis par ce dictateur et à asseoir sa justice afin que le vingt et unième siècle ne soit pas marqué par une injustice grave, susceptible d'encourager d'autres criminels à sévir dans l'impunité ; afin que le vingt et unième siècle ne marque pas un recul par rapport au siècle précédent dans le respect du « droit international des droits de l'homme ».
Avec mes meilleurs sentiments,
Samir GEAGEA
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commentaires (10)
Samir Geagea a eu le courage et l'humilité de demander pardon pour les crimes qu'il a commis et s'est repenti après dix ans d'emprisonnement. Il semble que le pardon soit étranger à la notion de chrétienté pour certains Libanais. Quand est-ce que le boucher de Damas se repentira et demandera pardon à son peuple? Quand sera-t-il jugé pour ses crimes contre son peuple, comdamné et emprisonné à l'instar de Samir Geagea qui fut le seul parmi les chefs de guerre libanais à être jugé et à répondre de ses crimes?
Dounia Mansour Abdelnour
03 h 22, le 30 septembre 2015