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Liban - Nations unies

La crise des réfugiés et le développement durable au centre de l’intervention de Salam à l’Onu

Bassil met en garde contre « un processus de remplacement » du peuple libanais par d'autres populations.

L’Assemblée générale de l’Onu. Photos AFP

La crise des réfugiés était au centre du discours prononcé samedi par le Premier ministre Tammam Salam devant le sommet des Nations unies pour le développement durable, à New York.
« La dimension humanitaire de la crise des réfugiés représente le plus grand défi pour le Liban, a affirmé M. Salam. Elle a eu un impact négatif sur le développement et l'environnement, ainsi que sur les secteurs des finances, de la sécurité et de l'éducation. » Le conflit syrien a durement affecté l'économie libanaise, a précisé M. Salam, déplorant le faible engagement de la communauté internationale au niveau humanitaire. « L'aide humanitaire que le monde doit apporter est insuffisante. Elle doit s'accompagner d'une aide au développement », a-t-il fait valoir. M. Salam a espéré « davantage de vigilance de la part des dirigeants des grandes puissances et des pays amis du Liban, en raison du lourd fardeau qu'il porte ».

 

Les virements
M. Salam a rendu hommage à la contribution au développement de la diaspora d'origine libanaise, invitant les pays concernés à « revoir les restrictions superflues imposées aux virements bancaires, qui en élèvent injustement les coûts et lèsent la partie qui les reçoit, influant directement et de façon négative sur les secteurs de la consommation et de l'éducation, principaux objectifs de ces virements ».
« Seul le renforcement du développement durable est à même d'empêcher la formation de zones de misère qui sont le terreau de toutes les formes de fanatisme », a ajouté M. Salam qui a demandé également que la catégorie de « pays à revenus moyens » soit revue, car « elle porte préjudice à un certain nombre de pays qui risquent ainsi de perdre le droit à recevoir des aides dont ils ont le plus grand besoin ». M. Salam a également parlé du « développement durable » comme d'un « droit » appartenant à tout homme, « condamnant » toutes les formes de violence, de terrorisme et de haine, « qui sont » les premiers ennemis du développement durable.
Les propos du chef du gouvernement libanais ont été bien accueillis par les États-Unis, et Washington a annoncé une aide de 77 millions de dollars aux réfugiés syriens installés au Liban. L'annonce en a été faite durant une rencontre à New York entre Tammam Salam et la secrétaire d'État américaine adjointe pour les populations, les réfugiés et les migrants, Anne Richard. Avec ce don, l'aide totale au profit des réfugiés s'élèvera à 490 millions de dollars. Les détails de cette aide seront dévoilés en cours de semaine prochaine, en marge des travaux de l'Assemblée générale de l'Onu, qui s'ouvre aujourd'hui. Mme Richard a annoncé que
Washington allait bientôt accueillir 10 000 réfugiés syriens résidant actuellement en Jordanie, en Égypte et en Turquie, ainsi qu'un nombre indéterminé de réfugiés vivant au Liban.

 

Nombreuses rencontres
Par ailleurs, M. Salam a mis à profit sa présence à New York, pour rencontrer de nombreuses personnalités. Hier, le Premier ministre a reçu, en son lieu de résidence à l'hôtel Waldorf Astoria, le secrétaire général adjoint de l'Onu, Terje Roed-Larsen, avec lequel il a abordé en priorité la crise des réfugiés.
Un peu plus tard, M. Salam a rencontré le chef de l'autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, à l'hôtel Grand Hayat. Il devait aussi s'entretenir à une heure tardive de la nuit (heure libanaise) avec le président français François Hollande, avant d'assister à un dîner organisé par l'émir du Qatar, cheikh Tamim ben Hamad al-Thani, dans sa résidence à New York.
En cours de journée, le Premier ministre s'est élevé, dans une déclaration, contre les critiques exprimées par le secrétaire général du Hezbollah contre le royaume de Bahreïn, au cours de son intervention télévisée. « La position du Liban à l'égard de Bahreïn, c'est exclusivement le gouvernement libanais, et aucune de ses composantes prises individuellement, qui l'exprime », a-t-il dit, précisant que « le Liban n'a pas l'habitude de s'ingérer dans les affaires intérieures d'un autre pays arabe ».
Samedi, le Premier ministre avait rencontré son homologue du royaume de Norvège, Erna Solberg, au siège de l'Onu à New York. Il avait ensuite reçu la haute représentante pour les Affaires étrangères et la Politique de sécurité de l'Onu, Federica Mogherini. Vendredi, il avait rencontré les rois de Jordanie et d'Espagne.

 

Bassil et la substitution
De son côté, le ministre des Affaires étrangères Gebran Bassil, qui accompagne M. Salam à New York, a participé à la 39e réunion annuelle des ministres des AE des pays du groupe des 77 plus la Chine, qui s'est tenue à New York. Il y a prononcé le mot du Liban, évoquant les « conséquences désastreuses sur la sécurité, l'éducation, la santé, l'environnement, l'économie nationale et le développement » de la crise des réfugiés, qui a dépassé les capacités du pays.
« Pensez que l'Europe, avec ses 500 millions d'habitants, peine aujourd'hui à accueillir 120 000 réfugiés, a-t-il dit, alors que le Liban, avec ses 4 millions d'habitants, accueille 1,5 million de réfugiés syriens, sans compter environ 500 000 réfugiés palestiniens ! »
M. Bassil a par ailleurs estimé, en substance, que la population libanaise est en train d'être remplacée par d'autres populations. « Un processus de remplacement s'est déclenché au Liban, substituant à la population libanaise les peuples syrien, palestinien et autres », a indiqué M. Bassil lors d'une rencontre avec la diaspora libanaise organisée par The Lebanon American Club à Danbury, dans le Connecticut.
« Les réfugiés syriens partent pour l'Europe parce que des pays comme le Liban sont dans l'incapacité d'en accueillir davantage. Et lorsque l'Europe sera dans l'incapacité d'accueillir ce flot, ils se dirigeront vers les États-Unis », a prévenu le chef de la diplomatie libanaise.
Hier, le ministre des AE a critiqué les dirigeants politiques du Liban pour leur incapacité de construire un État. « Il est honteux que nous, politiciens, ayons échoué à construire un État », a dit M. Bassil lors d'une réunion avec des expatriés libanais à Boston. Il a blâmé les Libanais pour avoir réélu les mêmes personnalités politiques et leur avoir permis ainsi de prendre le contrôle du pays.
« Nous avons un seul Liban, quelles que soient nos affiliations... et nous sommes responsables de la préservation de ce pays par notre unité », a aussi souligné le chef du Courant patriotique libre.
M. Bassil a noté que, malgré la diversité des Libanais et leurs différences, « ils devraient maintenir les équilibres du pouvoir dans le pays », mettant en garde contre les tentatives de priver les chrétiens de leurs droits (politiques).
Le ministre des AE a également souligné que les chrétiens au Liban se battent pour l'adoption d'une loi qui permettra aux expatriés ayants droit de retrouver leur nationalité libanaise.

 

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