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Culture - Exposition

Cubisme au service du drame arabe

Reflet d'une société déchirée, les toiles d'Oussama Diab à la galerie Ayyam sont un univers levantin à la sous-Picasso. Elles sont placées sous influence cubiste flagrante, marquées par des couleurs sombres et sucrées.

« Hope » (Espoir), 150 x 160 cm, acrylique sur toile, 2015.

Palestinien d'origine, né à Damas et installé à Beyrouth, Oussama Diab est le parfait représentant de l'artiste arabe ballotté entre exil, errance, déplacement et violence de pays en quête d'identité et de stabilité.
À 38 ans, son parcours régional nanti déjà de cinq expositions est couronné aujourd'hui à la galerie Ayyam où les conflits du Proche- Orient (ou tout autre coin du monde embrasé) ressurgissent en images cubistes. Huit toiles tout à fait exercice de style, à la technique bien léchée. Un déjà-vu (et jamais suffisamment dit !) qui se voudrait pamphlet contre les combats, les asphyxies et les morts inutiles...
On commence par l'hommage à Guernica un peu dévoyé malgré un respect de l'architecture initiale de la mythique toile du génie de Malaga. Sur un arrière-fond dégagé, un taureau aux naseaux fumants, une colombe à l'aile brisée, une lampe à pétrole, une fenêtre, un gisant, tout le symbolisme de la mort est là avec la possibilité de respirer et de voir (et percevoir) un jour la lumière.
En tons rose, bleu effacé, noir et gris, cette image est la sœur jumelle des autres œuvres où tout se décompose, flétrit, se fane dans le même chromatisme conjugué. Et saisi par un commun fatalisme du malheur et du deuil. Même aimer est teinté de sang et de difficulté de communiquer. Une rose renversée, des couples aux visages masqués comme pour un tragique théâtre grec antique, des bustes plâtrés comme pour être coulés dans du béton, une tête de femme encagée quand la colombe est en liberté, une autre femme mitraillée quand elle tend un bouton de rose à un escogriffe surarmé...
Folie meurtrière en cet Orient pris de frénésie destructrice et fratricide. Mais partout aussi au monde où l'inhumanité et le bâillonnement des consciences gagnent du terrain, où les cœurs sont remplacés par des cailloux. Tout cela est dit froidement, sans mièvrerie ou pathos exagéré, presque en toute élégance. Ces toiles, somme toute, malgré leur volonté de dénonciation et d'emblématique formulation antiguerre déjà utilisée, restent sagement décoratives !
Bémol dans la bourse et cote des œuvres offertes aux regards : des prix pour riches (14 000 US $ la toile – qu'en serait-il après 25 ans de carrière ? – même si le public est dans la région de Zaytouna Bay !) car l'artiste, juste sorti depuis 2002 des Beaux-Arts des rives du Barada, est encore sans griffe particulière et reste dans les limites du pastiche et d'une certaine tatillonne exploration picturale.
L'exposition « What happenned here » (Ce qui est arrivé ici) d'Oussama Diab à la galerie Ayyam se prolonge jusqu'au 5 octobre prochain.

Palestinien d'origine, né à Damas et installé à Beyrouth, Oussama Diab est le parfait représentant de l'artiste arabe ballotté entre exil, errance, déplacement et violence de pays en quête d'identité et de stabilité.À 38 ans, son parcours régional nanti déjà de cinq expositions est couronné aujourd'hui à la galerie Ayyam où les conflits du Proche- Orient (ou tout autre...

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