L'Iran a vivement mis en cause vendredi l'Arabie saoudite pour la bousculade meurtrière qui a fait 717 morts dont 131 Iraniens près de La Mecque au risque d'exacerber les tensions entre les deux poids lourds rivaux du Moyen-Orient.
L'Iran chiite et l'Arabie saoudite sunnite entretiennent des relations de rivalité politique et religieuse depuis l'instauration de la République islamique à Téhéran en 1979. Ces relations se sont très fortement dégradées ces dernières années avec les conflits en Syrie et au Yémen sur lesquels Téhéran et Riyad ont des positions diamétralement opposées.
Quelques heures à peine après la bousculade de jeudi, le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, avait profité de l'annonce de trois jours de deuil national pour souligner que "le gouvernement saoudien doit accepter l'énorme responsabilité de cette catastrophe". Selon lui, "la mauvaise gestion et les actions inappropriées" des responsables saoudiens ont provoqué la bousculade.
Nombre de responsables iraniens ont continué à donner de la voix vendredi dénonçant "l'incompétence" des Saoudiens. Le chargé d'affaires saoudien a été convoqué par deux fois au ministère iranien des Affaires étrangères pour recevoir une "protestation" officielle. Et Téhéran a exigé d'être associé à l'enquête pour déterminer les causes de l'accident.
"L'Arabie saoudite est incapable d'organiser le pèlerinage", a lancé de son côté l'ayatollah Mohammad Emami Kashani, l'imam qui a mené la prière du vendredi à Téhéran. "La gestion du hajj doit être remise aux (autres) pays islamiques", a-t-il martelé.
Après la prière, des manifestations antisaoudiennes ont été organisées à Téhéran et dans plusieurs villes du pays aux cris de "mort à al-Saoud" (la famille régnante saoudienne).
Des responsables iraniens ont également accusé les autorités saoudiennes de minimiser le nombre des morts, qui selon eux dépasse en réalité les 1.500. Selon un dernier bilan officiel saoudien, 717 personnes ont été tuées et 863 blessées dans la bousculade, la tragédie la plus meurtrière à endeuiller le hajj en 25 ans.
L'Iran a payé un lourd tribut avec 131 morts. Quelques 365 pèlerins iraniens sont par ailleurs toujours portés disparus, selon le responsable iranien de l'Organisation du hajj.
Le 11 septembre, l'effondrement d'une grue sur la grande mosquée de La Mecque avait fait 109 morts dont 13 Iraniens.
Un contentieux ancien
Outre le contentieux latent entre les deux pays depuis la fin des années 1970, la catastrophe de La Mecque intervient en pleine tension sur le Yémen où l'Arabie saoudite a pris la tête d'une coalition militaire sunnite pour lutter contre les rebelles chiites pro-iraniens houthis.
Le secrétaire du Conseil suprême de la sécurité nationale d'Iran, Ali Shamkhani, a jugé vendredi que l'intervention saoudienne au Yémen a un lien avec la catastrophe, accusant Riyad d'avoir mobilisé ses forces de l'ordre expérimentées sur les terrains de conflit au lieu de les utiliser pour assurer une bonne organisation du pèlerinage.
"L'emploi des forces saoudiennes expérimentées pour agresser le Yémen (...) a eu un rôle déterminant dans cette catastrophe", a-t-il déclaré, selon le site de la télévision d'Etat.
"La guerre menée par l'Arabie saoudite au Yémen et le fait que les dirigeants saoudiens soient totalement concentrés sur ce conflit ne sont pas étrangers à cet accident ; les Saoudiens sont indifférents à l'organisation du hajj", a déclaré à l'AFP l'analyste politique iranien Amir Mohebian.
Le pèlerinage de la Mecque donne lieu chaque année à des critiques plus ou moins explicites entre les deux pays. Des manifestations anti-américaines ont ainsi lieu chaque année au moment du pèlerinage alors que l'Arabie saoudite est vue par les Iraniens comme un allié de Washington.
En 1987, une manifestation de pèlerins iraniens avait été réprimée, faisant plus de 400 morts.
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commentaires (6)
Rien du tout , l'intelligence des perses NPR saura eviter le clash tant desire par les huluberlus occicons .
FRIK-A-FRAK
18 h 06, le 26 septembre 2015