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À La Une - Etats-Unis

Les divisions du Parti républicain poussent le président de la Chambre des représentants à la démission

"J'estime (...) qu'une tourmente prolongée autour des dirigeants de la Chambre causerait des dégâts irréparables à l'institution", souligne John Boehner.

A la surprise générale, John Boehner, 65 ans, a annoncé vendredi à ses troupes qu'il quitterait le Congrès à la fin du mois d'octobre, constatant son impuissance à unifier le parti. AFP PHOTO / SAUL LOEB

Les divisions déchirant le parti républicain aux Etats-Unis ont éclaté au grand jour vendredi avec la démission du président de la Chambre des représentants, contesté par l'aile conservatrice qui lui reprochait un manque d'agressivité face à Barack Obama et aux démocrates.

A la surprise générale, John Boehner, 65 ans, a annoncé vendredi à ses troupes qu'il quitterait le Congrès à la fin du mois d'octobre, constatant son impuissance à unifier le parti.
"J'avais initialement prévu de rester président jusqu'à la fin de l'année dernière, mais j'étais resté pour assurer la continuité", a-t-il déclaré dans un communiqué. "J'estime toutefois maintenant qu'une tourmente prolongée autour des dirigeants de la Chambre causerait des dégâts irréparables à l'institution".

Son départ est une illustration spectaculaire des deux partis qui cohabitent au sein du parti républicain avec de plus en plus de difficultés depuis 2010: d'un côté, les républicains dits traditionnels, conservateurs sur le fond mais réalistes sur les responsabilités du pouvoir, depuis qu'ils ont les clés du Congrès.
De l'autre, plusieurs dizaines de frondeurs pour la plupart élus lors de la vague anti-Obama du Tea Party de 2010, et partisans de l'intransigeance sur la réduction des dépenses publiques, l'avortement ou le rôle de l'Etat fédéral -- des têtes brûlées que John Boehner méprisait copieusement en privé, mais dont il ne pouvait pas se passer.

 

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Le "Speaker" était ainsi forcé de négocier avec sa propre majorité, un affrontement permanent qui a provoqué une série de crises politiques depuis 2011. Les Etats-Unis avaient frôlé le défaut de paiement à l'été 2011 et en octobre 2013, quand la faction du Tea Party avait fait chantage sur les chefs du parti pour refuser de relever la limite de la dette américaine.

Décidés à abroger ou affaiblir la réforme du système de santé de Barack Obama, "Obamacare", les élus avaient par leur chantage provoqué une fermeture partielle de l'Etat fédéral pendant 16 jours, du jamais vu depuis 1996. Les Américains avaient jugé le parti républicain irresponsable, mais le Tea Party promettait que ce ne serait qu'un premier round. Le sénateur texan Ted Cruz, le meneur des rebelles, s'était même félicité d'"une victoire remarquable".

Et de fait, les républicains ont largement remporté les législatives de novembre 2014, conquérant la majorité du Sénat. Aujourd'hui, leur pouvoir est tel qu'ils menacent de paralyser à nouveau l'Etat fédéral en raison d'une controverse sur les avortements opérés dans une organisation de planning familial, avec en vue la date-butoir de jeudi prochain, début de la nouvelle année budgétaire.

 

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Moment charnière

Signe de l'impopularité de John Boehner chez les plus conservateurs, la nouvelle de sa démission a déclenché une ovation lors d'une conférence conservatrice vendredi à Washington, où défilent les candidats aux primaires présidentielles.
"Vous savez à quel point vous terrifiez Washington? Hier encore, John Boehner était président de la Chambre", a lancé un Ted Cruz radieux, acclamé par les centaines de participants du Values Voter Summit.
"Je suis bien contente, il était trop à gauche", commentait dans les couloirs Julia DuVall, 75 ans.

La démission de John Boehner a pris Washington par surprise, même si sa place était publiquement contestée depuis des mois. L'ancien président George W. Bush a salué son "grand respect pour les institutions", et beaucoup faisaient valoir qu'il avait conduit son parti à la plus grande majorité républicaine à la Chambre depuis les années 1920, lors des élections de 2014.

"J'espère que la majorité républicaine, que M. Boehner a largement contribué à créer, tirera les leçons de sa démission: travailler avec les démocrates de façon constructive, au lieu de laisser une poignée d'élus d'extrême droite dicter la politique de son parti", a réagi le sénateur démocrate Chuck Schumer.

Le groupe républicain va désormais s'engager dans une campagne de succession. Le chef de la majorité et numéro deux des républicains, Kevin McCarthy, est favori, mais il lui faudra composer avec les 40 ou 50 "ultras" dont la pression a fait tomber John Boehner. Une élection qui donnera le "la" du parti pour la prochaine année, en pleine campagne présidentielle.

 

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