Rechercher
Rechercher

Économie - Portrait

Winterkorn, tatillon sur « chaque vis de ses voitures », moins sur leurs vices

Martin Winterkorn a quitté la tête de Volkswagen hier. Thomas Kienzle / AFP

Martin Winterkorn, aux commandes de Volkswagen depuis 2007, a présenté hier sa démission, prenant acte du scandale des moteurs diesel et mettant un terme abrupt à la brillante carrière au sein du groupe de ce technicien surnommé « M. Qualité ».
Connu pour son perfectionnisme, il a souvent fait trembler ses ingénieurs en auscultant de près chaque nouveau modèle avant son lancement. « Je connais chaque vis de nos voitures », se plaisait-il à dire.
Une affirmation qui a visiblement joué en sa défaveur hier, lorsque le patron a dû s'expliquer sur la tricherie du groupe aux douze marques. Tout en affirmant ne s'être rendu coupable « d'aucun manquement », M. Winterkorn a remis hier sa démission aux membres les plus influents du conseil de surveillance, réunis au siège à Wolfsburg (Nord), pour permettre à l'entreprise de prendre « un nouveau départ ». Ce conseil restreint lui a rendu hommage, évoquant sa « contribution gigantesque ces dernières décennies et sa disposition à faire face aux responsabilités dans une situation actuellement critique ». « Volkswagen était, est et restera toute ma vie », a dit hier l'intéressé.
Avant l'éclatement du scandale, cet ingénieur de formation apparaissait en position de force au sein du groupe, à l'issue d'un duel en coulisses l'ayant opposé à son ancien mentor, Ferdinand Piëch. C'est à ce dernier, petit-fils de l'inventeur de la Coccinelle Ferdinand Porsche, que Martin Winterkorn, 68 ans, doit son ascension au sein de ce fleuron de l'industrie allemande.
Né le 24 mai 1947 près de Stuttgart (Sud-Ouest), M. Winterkorn est entré chez Audi en 1981 comme assistant à la direction de la qualité après des études en physique des métaux et des débuts professionnels chez l'équipementier Bosch. Repéré par M. Piëch, il gravit les échelons au sein de la marque aux anneaux, puis devient responsable de la division qualité du groupe Volkswagen en 1993 à la demande de son maître à penser. En 1996, il est nommé directeur du développement technique pour la marque Volkswagen, puis assure entre 2000 et 2002 la fonction de directeur de la recherche et du développement pour l'ensemble du groupe, avant de revenir chez Audi en tant que chef de la marque.
Depuis son arrivée à la tête du groupe Volkswagen en 2007, avec Ferdinand Piëch comme président du conseil de surveillance, cet amateur de football a enregistré de nombreuses réussites, transformant le groupe en un géant à douze marques, parmi lesquelles Audi, Porsche et Seat pour les voitures mais aussi MAN et Scania pour les camions et Ducati pour les motos. En 2014, l'entreprise de Wolfsburg (Nord) a signé des résultats financiers record, avec un bénéfice net de près de 11 milliards d'euros (12,3 milliards de dollars) et un chiffre d'affaires d'environ 202 milliards (226 milliards). Mieux, elle est parvenue au premier semestre à doubler le numéro un mondial des ventes, le japonais Toyota.
Mais M. Winterkorn était aussi pointé du doigt pour certains manquements : l'absence de voiture à bas coût dans l'escarcelle du groupe, les difficultés de la marque phare Volkswagen en Chine depuis peu et aux États-Unis depuis plusieurs années, ou encore une trop grande concentration des prises de décision. Désavoué en avril par son père spirituel pour une raison inconnue, il était sorti grand vainqueur de la lutte de pouvoir avec M. Piëch, contraint à démissionner de toutes ses fonctions au sein du groupe.
Alors adoubé « meilleur » patron possible pour Volkswagen par les membres les plus influents du conseil de surveillance, Martin Winterkorn devait théoriquement voir son contrat prolongé de deux ans, jusqu'en 2018, demain. Son remplaçant devrait être désigné demain par l'ensemble du conseil de surveillance.

Martin Winterkorn, aux commandes de Volkswagen depuis 2007, a présenté hier sa démission, prenant acte du scandale des moteurs diesel et mettant un terme abrupt à la brillante carrière au sein du groupe de ce technicien surnommé « M. Qualité ».Connu pour son perfectionnisme, il a souvent fait trembler ses ingénieurs en auscultant de près chaque nouveau modèle avant son lancement....

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut