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Liban - Polémique

Arrestation d’un journaliste à l’AIB « à la demande » de Fattouche, Rifi réagit

Le journaliste Tony Abi Najm.

Soutien actif de la campagne média menée contre l'aménagement, par les frères Nicolas et Pierre Fattouche, d'une usine de ciment à Zahlé, le journaliste Tony Abi Najm a été arrêté vendredi, à l'aéroport de Beyrouth, sur la base d'un mandat de recherche lancé contre lui, le jour-même de son voyage, par le commissariat de Zahlé, pour « incitation au meurtre et diffamation ».
Annulant son départ en vacances pour les États-Unis, c'est dans la chambre de détention de la SG, à l'AIB, que le journaliste a passé la nuit, avant d'être transféré, le lendemain, à la prison de la Sûreté générale, à Tahwita. Il sera toutefois remis en liberté deux heures plus tard, grâce aux interventions du ministre de la Justice, Achraf Rifi – depuis la Corée où il est en visite –, et du procureur général près la Cour de cassation, le juge Samir Hammoud.
Cette arrestation s'inscrit dans le prolongement des « pratiques mafieuses auxquelles a recours Nicolas Fattouche pour réprimer les voix de ceux qui s'opposent à ses projets à Zahlé », affirme Tony Abi Najm à L'Orient-Le Jour.
Le journaliste retrace ensuite les péripéties ayant précédé son arrestation. « À la suite d'une campagne organisée sur les réseaux sociaux par une quinzaine d'habitants de Zahlé contre le projet de cimenterie, ces derniers avaient fait l'objet, dans un premier temps, d'une plainte pour diffamation déposée contre eux par Nicolas Fattouche devant le tribunal des imprimés », explique Tony Abi Najm.
Les personnes visées ont alors diffusé sur les réseaux sociaux une copie scannée du document les notifiant de se rendre au tribunal, ce qui n'a pas été sans susciter une vague de protestation parmi les internautes contre le député, rapporte le journaliste. « En réaction, Nicolas Fattouche a pu obtenir du procureur général de la Békaa, relayé par le commissariat de Maalaka à Zahlé, de lancer un mandat d'arrêt contre eux indépendamment du tribunal des imprimés », révèle-t-il.

« La mafia des frères Fattouche »
« Notifié le mardi 12 août de l'obligation de se rendre au commissariat le jeudi 14 août à 14h (le lendemain était férié, ce qui ouvrait la voie à une détention prolongée), et craignant une arrestation arbitraire, le groupe en question s'est réuni le lendemain avec le ministre de la Justice, Achraf Rifi. En sa qualité d'autorité de tutelle, le ministre a contacté le procureur de la Békaa et autorisé ses interlocuteurs de ne pas se rendre au commissariat. Ceux-ci ont ensuite posté sur la Toile leur photo posant avec le ministre Rifi avec, en guise de légende : L'époque de la tutelle syrienne est révolue... », explique Tony Abi Najm, avant de poursuivre : « Depuis cette réunion, les membres du groupe ont été convoqués successivement au commissariat, mais n'ont toutefois accepté de s'y rendre qu'à des dates ouvrables de début de semaine. »
« Ils ont alors été interrogés longuement sur leur relation avec moi et sur la teneur de leurs échanges avec le ministre de la Justice, des questions pour le moins hors de propos », dit-il.
Le journaliste s'étonne surtout de son arrestation quelques jours plus tard pour diffamation, « sachant que cela fait des années que je n'ai pas publié un article mentionnant Nicolas Fattouche », mais aussi pour incitation au meurtre, « une accusation saugrenue, dont le seul objectif est de justifier le mandat de recherche », selon lui.
C'est dans une conférence de presse, aujourd'hui, au siège du Club de la presse à midi, qu'il prévoit de dénoncer « la mafia des frères Fattouche à Zahlé, qui ne tarissent pas à verser des pots-de-vin aux agents de l'ordre et aux juges ». Le journaliste appellera à « déférer devant l'inspection le procureur général de la Békaa, le juge Farid Kallasi, et son second, ainsi que le l'officier responsable du commissariat de Maalaka et ses agents ».

Fattouche : Je m'en suis remis à la justice
Contacté par L'Orient-Le Jour, Nicolas Fattouche déplore « l'état d'un pays en déliquescence. J'ai fait l'objet d'insultes, et c'est à la justice que je m'en suis remis », explique-t-il, refusant, « par respect du secret de l'enquête », d'expliquer les motifs, « documentés », des accusations adressées au journaliste. Interrogé sur sa relation avec le ministre de la Justice, il a dénoncé « l'intervention flagrante du ministre dans les affaires judiciaires », et révélé qu'il comptait « adresser au gouvernement une question relative à ses ingérences ».
Il convient de signaler que l'association Journalistes contre la violence a fait paraître hier un communiqué de soutien à M. Abi Najm. L'association s'est également félicitée des efforts fournis par le ministre de la Justice pour assurer la libération du journaliste.
S.N.

Soutien actif de la campagne média menée contre l'aménagement, par les frères Nicolas et Pierre Fattouche, d'une usine de ciment à Zahlé, le journaliste Tony Abi Najm a été arrêté vendredi, à l'aéroport de Beyrouth, sur la base d'un mandat de recherche lancé contre lui, le jour-même de son voyage, par le commissariat de Zahlé, pour « incitation au meurtre et...
commentaires (3)

De quelle façon ? A l'aide d'un lancement d'une Tabboûûûléh à la figure ?

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

16 h 21, le 22 septembre 2015

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Commentaires (3)

  • De quelle façon ? A l'aide d'un lancement d'une Tabboûûûléh à la figure ?

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    16 h 21, le 22 septembre 2015

  • SERT-ON DU FATTOUCH À L'AÉROPORT.. OU LA SALADE DU FAYYOUCH SE SERT DE L'ÀROPORT ?

    LA LIBRE EXPRESSION. LA PATRIE EST EN DANGER.

    16 h 58, le 21 septembre 2015

  • c'est pas le hezbolla au pouvoir qui va liberer des journalistes...

    George Khoury

    10 h 37, le 21 septembre 2015

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