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Économie - Forum

Les banques libanaises maintiennent le cap sur le marché irakien

Réunies pendant deux jours à l'occasion du forum bancaire irakien à Beyrouth, les banques libanaises implantées dans ce pays ne semblent pas découragées par la situation politique et sécuritaire locale.

Le forum bancaire irakien a été l’occasion pour les banques libanaises de montrer qu’elles étaient toujours déterminées à poursuivre leur conquête de l’Irak. Photo P. H.-B.

Le forum bancaire irakien, qui a clôturé ses travaux hier, a confirmé que le renforcement de la coopération entre les banques libanaises et irakiennes dépasse le seul cadre de la lutte contre le blanchiment d'argent, évoqué par le gouverneur de la Banque du Liban (BDL), Riad Salamé, lors de son discours inaugural tenu mardi à l'hôtel Phoenicia. Les relations entre les secteurs bancaires des deux pays semblent en tout cas au beau fixe, et leurs objectifs alignés, comme en témoignent les différentes interventions qui ont ponctué l'événement organisé par la Banque centrale irakienne et le groupe al-Iktissad wal Aamal, en partenariat avec la BDL.

« Les banques libanaises sont en très bons termes avec les banques arabes depuis des décennies, et l'Irak ne fait pas exception à cette règle », a confirmé le président du groupe Byblos Bank, François Bassil, à L'Orient-Le Jour. Premières banques étrangères à s'être implantées en Irak, les établissements libanais souhaitent aujourd'hui renouer avec la dynamique prometteuse interrompue par les événements sécuritaires qui frappent le pays depuis l'année dernière.

Tout commence en 2007, lorsque la Byblos Bank décide d'ouvrir une branche à Erbil. Depuis, une dizaine d'établissements libanais – Bank Audi, Blom Bank, BankMed, Crédit Libanais, BBAC, MEAB, Banque libano-française, IBL Bank et Fransabank – lui ont emboîté le pas, ouvrant agences ou bureaux de représentation répartis pour la plupart entre Bagdad et Erbil. Les branches ouvertes par ces établissements représentaient près de la moitié des banques étrangères installées dans le pays, devant les banques turques ou encore les banques iraniennes, selon un article publié par Le Commerce du Levant en juillet 2014.

Marché potentiel
Au sortir d'années de guerre civile consécutives de son invasion, le pays présentait des arguments intéressants pour les investisseurs libanais, et, par conséquent, leurs bailleurs. « Les établissements bancaires libanais ont décidé de miser sur le potentiel de l'économie et de participer à son développement », explique M. Bassil. Le pays est considéré comme la cinquième réserve mondiale de pétrole avec 143 millions de barils prouvés en 2014 selon l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep). Son marché de 33 millions d'habitants, composé à grande majorité de jeunes âgés de moins de 21 ans, laisse rêveur. En 2013, les exportations libanaises à destination de ce pays ont même flirté avec la barre des 500 millions de dollars.

En outre, le marché des produits bancaires demeure relativement peu développé. Avec environ 7 % des parts de marché dans les pays arabes en 2014, selon les données fournies par l'Union des banques arabes (UAB), les performances des banques irakiennes restent à peine plus élevées que celles des établissements libanais, qui gravitent autour de 6 % dans un pays qui compte six fois moins d'habitants que l'Irak et n'exploite pas d'hydrocarbures. Les performances du secteur pâtissent d'abord du fait que plus de 80 % des dépôts bancaires et près de 70 % des crédits sont détenus par une poignée de banques publiques, telles que Rafidain Bank et Rasheed Bank. Les banques libanaises peuvent en outre tirer profit d'un faible taux de bancarisation – aux alentours de 20 % – et d'une couverture insuffisante avec une banque pour 32 000 habitants en moyenne, selon les statistiques fournies par les organisateurs du forum.

Surmonter l'année noire
La recrudescence des violences en 2014 – année pendant laquelle les offensives du groupe État islamique ont causé la mort de plus de 15 000 personnes en Irak – a toutefois changé la donne. La même année, le PIB irakien reculait de 4,2 % selon la Banque mondiale, mettant un terme à trois années de croissance oscillant autour de 10 %. Les exportations libanaises à destination de l'Irak ont, elles, diminué de plus de moitié, selon les chiffres des douanes, mettant en difficulté de nombreuses sociétés libanaises implantées dans ce pays. Résultat : les revenus des banques implantées en Irak ont chuté en moyenne de 20 %, les banques libanaises n'échappant pas à cette règle.

« Nous envisageons toujours d'étendre nos opérations dans le pays dans un futur proche », affirmait par exemple Muhieddine Fathallah, directeur du développement commercial à BankMed, au cours de son intervention lors de l'une des tables rondes organisées pendant le forum bancaire irakien. Un avis partagé par Georges Andraos qui occupe le poste de directeur du département international de Fransabank, l'une des dernières banques à s'être implantées en Irak. « Malgré des débuts timides depuis notre installation en 2014 en pleine crise sécuritaire, nous avons désormais atteint un rythme de croisière », révèle-t-il à L'Orient-Le Jour, sans pour autant communiquer de données chiffrées illustrant cette performance. « Les résultats enregistrés entre 2010 et 2013 laissent raisonnablement espérer un rebond de l'activité économique en Irak et les banques libanaises sont prêtes à participer au financement du secteur privé irakien, malgré les incertitudes au sujet de la stabilité du pays », ajoute M. Bassil.

Le renforcement de l'implantation des banques libanaises s'explique peut-être aussi, sur le plan capitalistique, par les modifications des règles prudentielles imposées à toutes les banques étrangères installées en Irak par la Banque centrale irakienne. Le minimum exigé en termes de fonds propres a été ainsi décuplé à 70 millions de dollars d'ici à fin 2015. « Cette mesure encouragera les banques libanaises à accorder plus de crédit aux sociétés irakiennes », commente simplement M. Andraos.

 

 

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