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Économie - Interview

Torbey à « L’OLJ » : Le secteur bancaire doit préserver la confiance des investisseurs

L'Association des banques du Liban a procédé hier à l'élection d'un nouveau conseil d'administration. Son nouveau président Joseph Torbey, également PDG du Crédit libanais et président de l'Union mondiale des banquiers arabes, livre à « L'Orient-Le Jour » ses recommandations pour maintenir la bonne santé relative du secteur.

Joseph Torbey, élu président de l’Association des banques du Liban, avait déjà occupé ce poste de 2001 à 2005, puis en 2009.

Vous entamez votre troisième mandat (non consécutif) à la tête de l'ABL, quels seront les axes prioritaires de votre politique ?
J'ai pour ambition de poursuivre la politique menée par mon prédécesseur François Bassil en faveur de la promotion de l'inclusion financière des consommateurs en difficulté – afin qu'ils puissent notamment avoir accès à des lignes de crédit –, du renforcement du partenariat entre les secteurs public et privé, et de la collaboration avec la Banque du Liban pour mettre en place des réglementations protégeant le secteur de crises imprévues.
Les chantiers prioritaires des années à venir restent surtout le renforcement de la coopération interbancaire, l'offre de financements aux secteurs porteurs en termes de croissance, l'amélioration de la performance des banques libanaises à travers des formations et le maintien de l'attractivité du secteur pour les investisseurs et déposants locaux et étrangers.

Comment maintenir la fameuse « résilience » du secteur bancaire face aux crises politiques et économiques régionales ?
Le secteur bancaire libanais a en effet pu surmonter les répercussions des crises qui affectent la région, notamment grâce à son haut niveau de liquidité – il dépasse les 78 % – alimenté par les flux de capitaux de la diaspora libanaise (7,5 milliards de dollars par an environ). Cette bonne santé s'est confirmée sur les quatre premiers mois de l'année 2015, avec une poursuite de la croissance des actifs consolidés des banques libanaises (+ 2,1 %), des crédits au secteur privé (+ 1 %), des dépôts de la clientèle (+ 2,1 %), ainsi que des bénéfices nets des banques alpha (+ 11,7 %).
Pour continuer de résister à la crise, le secteur bancaire libanais doit avant tout préserver le niveau de confiance des investisseurs dans le but d'éviter toute fuite de dépôts. La politique monétaire prudente de la Banque du Liban (BDL) est primordiale à cet égard tandis que l'adoption des normes de Bâle III sur le niveau de capitalisation des banques leur permet de mieux absorber l'impact d'un choc imprévu.
Dans ce contexte, un autre défi réside dans la capacité des banques à identifier des placements lucratifs sur le plan local ou régional afin de rentabiliser leurs hauts niveaux de capitalisation et de liquidité. La BDL a donc accordé environ 4 milliards de dollars de prêts subventionnés aux banques pour stimuler l'octroi de crédits aux secteurs dynamiques, comme la recherche et le développement, le logement ou l'économie verte. De même, la BDL a introduit des certificats de dépôts avec des maturités allant jusqu'à 30 ans et offrant des taux d'intérêt alléchants, ce qui permet aux banques libanaises de renforcer leurs marges d'intérêt nettes.
Enfin, les banques devraient maintenir des politiques de crédit prudentes pour éviter toute détérioration de la qualité de leurs actifs.

La plupart des banques libanaises ont misé sur une stratégie d'expansion régionale. Cette approche devrait-elle être revue à l'aune des crises actuelles ?
Les grandes banques libanaises ont développé une stratégie d'expansion destinée à répondre à la forte concurrence et un manque d'opportunités de placements sur le marché local. Elles se sont notamment tournées vers la Syrie et l'Égypte, où elles ont largement subi l'impact de la crise régionale. Si l'économie égyptienne commence à surmonter cet impact, les banques opérant en Syrie continuent de subir un recul de leur profitabilité et de leurs opérations depuis 2011. Elles continuent cependant à y enregistrer des bénéfices et parient sur un avenir prometteur pour la Syrie.
De manière générale, les prévisions de croissance économique du FMI restent faibles dans les pays de la région (entre 2 % et 3 %), surtout en comparaison avec les pays d'Afrique (entre 5 % et 6 % en moyenne), ce qui explique un fort intérêt des banques pour ce continent.

 

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Les membres du nouveau conseil d'administration de l'ABL

Suite à l'élection d'hier, les 12 membres siégeant au conseil d'administration de l'ABL sont : Nadim Kassar (Fransabank), Saad Azhari (Blom Bank), Abdel Razzak Achour (Fenicia Bank), Semaan F. Bassil (Byblos Bank), Antoun Sehnaoui (SGBL), Mohammad Hariri (BankMed), Salim Sfeir (Bank of Beirut), Marwan Kheireddine (al-Mawarid), Tanal Sabbah (Lebanese Swiss Bank), Joseph Torbey (Crédit libanais), Freddie Baz (Bank Audi SAL) et Walid Raphaël (Banque libano-française).
Le bureau exécutif est désormais constitué de : Joseph Torbey (président), Saad Azhari (vice-président), Freddie Baz (secrétaire), Tanal Sabbah (trésorier).

 

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commentaires (3)

Mr. Torbey, aucune mention n'est faite dans vos declarations d'une politique de traitement de la DETTE. Pourtant celle-ci atteindra $76 milliards fin 2015, $104 milliards fin 2019, et $131 milliards fin 2022.Que comptez-vs faire, Mr. Torbey, dans ce domaine? Si une reduction de 2% du taux des interets sur cette dette peut economiser $114 milliards au Liban en 17 ans, pourquoi ne pas essayer de l'envisager Mr. Torbey? Votre predecesseur etait, probablement pret a en discuter. Pourquoi pas vous, Mr. Torbey?Parlons-en, examinons cette alternative, mais surtout pas ce silence de mort, Mr. Torbey.

George Sabat

21 h 39, le 30 juin 2015

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Commentaires (3)

  • Mr. Torbey, aucune mention n'est faite dans vos declarations d'une politique de traitement de la DETTE. Pourtant celle-ci atteindra $76 milliards fin 2015, $104 milliards fin 2019, et $131 milliards fin 2022.Que comptez-vs faire, Mr. Torbey, dans ce domaine? Si une reduction de 2% du taux des interets sur cette dette peut economiser $114 milliards au Liban en 17 ans, pourquoi ne pas essayer de l'envisager Mr. Torbey? Votre predecesseur etait, probablement pret a en discuter. Pourquoi pas vous, Mr. Torbey?Parlons-en, examinons cette alternative, mais surtout pas ce silence de mort, Mr. Torbey.

    George Sabat

    21 h 39, le 30 juin 2015

  • Qu'en est-il de la "conFiance" des épargnants ?

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    14 h 49, le 30 juin 2015

  • COMMENT PRÉSERVER LA CONFIANCE DES INVESTISSEURS QUAND DANS CERTAINES BANQUES DES INVESTISSEMENTS QUI SONT VENUS À TERME DEPUIS DEUX ANS SONT PROROGÉS UNILATÉRALEMENT PAR LES BANQUES TABLANT SUR LES CLAUSES EN MINI ÉCRITURE DE LEURS CONDITIONS D'INVESTISSEMENT ???

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 34, le 30 juin 2015

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