Rechercher
Rechercher

Moyen Orient et Monde - Diplomatie

Le nonce apostolique à l’Onu : Le pape soulèvera avec Poutine la question des chrétiens d’Orient

L’observateur permanent du Saint-Siège auprès de l’Onu, l’archevêque philippin Bernardito C. Auza. Photo Sylviane Zehil

Les préparatifs vont bon train pour la visite du pape François à New York et à l'Onu. Un ballet diplomatique est mené d'une main de maître, « sous haute sécurité », par l'observateur permanent du Saint-Siège auprès de l'Onu, l'archevêque philippin Bernardito C. Auza, et son équipe. Connaissant parfaitement les rouages et les subtilités diplomatiques, ils peaufinent avec minutie les dernières touches de cet événement, ne voulant rien laisser au hasard. Car la visite du pape François à l'Onu, prévue le vendredi 25 septembre, « sera très brève », de deux heures et demie, de 8h30 à 11h du matin.
« Il s'agit de la plus courte visite papale, car elle coïncide avec l'ouverture du sommet spécial de l'Onu sur le développement durable – l'Après-2015 », note le nonce apostolique, au cours d'une conférence de presse tenue, mercredi, à la mission du Saint-Siège auprès de l'Onu, à New York. La visite papale coïncide avec les célébrations officielles du 70e anniversaire de la création de l'Organisation des Nations unies, qui ont pour thème évocateur : « Une Onu plus forte pour un monde meilleur ». Il s'agit du plus important rassemblement diplomatique avec plus de 108 chefs d'État et de gouvernement, 50 Premiers ministres et ministres des Affaires étrangères.

 

Défis mondiaux
Adresser tous les défis mondiaux en si peu de temps relève de la gageure. Le message du pape – complexe, riche et parfois épineux – aura pour toile de fond l'extrême pauvreté, les inégalités, la justice sociale, l'éducation, l'information, la sexualité, la santé, les « droits à la reproduction », le « planning familial », les droits de l'enfant, les droits de la femme, le changement climatique, les conflits religieux sanglants, la question des migrations et des réfugiés, le sort tragique des chrétiens d'Orient. Mais le pape pourra-t-il, en si peu de temps, répondre à tous ces appels ?
Lors de ses différentes rencontres, le Saint-Père soulèvera-t-il, avec notamment le président Vladimir Poutine, la question des chrétiens d'Orient ? Comment arrêter leur massacre ? « Le pape insistera sûrement sur le fait que la communauté internationale a le droit d'intervenir, même par la force si nécessaire, pour sauver les personnes de tous ces actes atroces, de la persécution. Je ne pense pas qu'il y ait là quelque chose de nouveau. Le pape va le redire encore une fois. Il va insister sur le fait que jusqu'à présent, la communauté internationale reste divisée sur cette question, et les gens continuent de mourir. La moitié des Syriens ont un besoin humanitaire. C'est le chaos total dans cette région. Le pape mentionnera cette question avec le président Poutine et aussi avec le secrétaire général de l'Onu », souligne le nonce apostolique à L'Orient-Le Jour. Les chrétiens d'Orient, le problème des minorités au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, le fondamentalisme religieux, le terrorisme, l'EI (Daech) feront l'objet de discussions avec le secrétaire général de l'Onu. Mais ces questions devraient être traitées au plus haut niveau », affirme le nonce. Et d'ajouter : « Lors de sa rencontre avec plus de 450 leaders religieux au Ground Zero, le pape rappellera le message fondamental suivant : personne ne doit commettre des crimes et des actes de violence au nom de la religion. »

 

Migrations
Quant à la question des migrants, si importante pour le Vatican, parce que c'est un problème universel qui touche à la sécurité et à d'autres considérations, elle sera au cœur des entretiens bilatéraux du pape à l'Onu avec les délégations de migrants à Central Park, et aussi à Washington, précise l'archevêque Auza. Pourquoi l'Onu ? Quelle valeur a donc l'Onu ? « Nous avons certainement des opinions différentes au sujet de l'Onu, souligne-t-il. C'est l'histoire des Nations unies, et non l'histoire des succès et des échecs. » « La migration, la pauvreté, la sécurité des pays sont restées à la traîne des objectifs du Millénaire. Quelles sont les motivations de ces migrants ? » s'interroge-t-il. « En temps de paix, les motivations sont économiques ; en temps de guerre, la plus grande motivation est de fuir la violence », note-t-il.
« Après deux guerres mondiales, la communauté internationale doit trouver le moyen d'harmoniser, de résoudre les problèmes des nations et de coordonner la paix, les droits fondamentaux et le développement », ajoute le nonce. « Nous avons eu soixante ans de paix relative, et en même temps, il y a eu nombre de conflits sanglants et des génocides. La question des migrations est très complexe. Il ne s'agit pas de les accueillir dans nos maisons, il y a une implication légale de la migration », estime-t-il.

 

Minutie diplomatique
« C'est la cinquième visite papale aux Nations unies, précise Mgr Auza. La première était celle du pape Paul VI, le 4 octobre 1965 ; la deuxième et la troisième, celles du pape Jean-Paul II, le 2 octobre 1979 et en 1995 ; la quatrième visite a été le voyage du pape Benoît XVI, le 18 avril 2008 », rappelle le nonce apostolique. Dévoilant le programme de la visite du pape à l'Onu et à New York, l'archevêque Auza indique que dès l'arrivée du pape François au Palais de Verre, Sa Sainteté sera reçue par le secrétaire général de l'Onu, Ban Ki-moon, qui sera accompagné de son épouse. Ils se rendront ensuite au 38e étage, au bureau du chef de l'Onu, pour un tête-à-tête, qui sera suivi d'une réunion avec les neuf grands collaborateurs onusiens. Comme il est de coutume, le pape s'adressera ensuite au personnel onusien, à l'entrée du secrétariat.
Quatre rencontres bilatérales sont prévues avant son intervention à la tribune de l'Assemblée générale de l'Onu, respectivement avec le secrétaire général de l'Onu, le président de la 69e session de l'Assemblée générale de l'Onu, Sam Katusa, le président de la 70e session de l'Assemblée générale de l'Onu, l'ex-ministre danois des Affaires étrangères et des Finances, Mogens Lykketoft, élu le 15 juin dernier par acclamation, qui coprésideront le sommet de l'Après-2015, et avec le président du Conseil de sécurité de l'Onu pour le mois de septembre, le président Vladimir Poutine. Le Saint-Père s'adressera en espagnol à la tribune de l'Assemblée générale, avec une traduction simultanée dans les langues de l'Onu. Le programme new-yorkais du pape, de deux jours, comprend notamment la participation à la marche publique qui mènera à la cathédrale Saint-Patrick et la visite du Ground Zero, où il a convié plus de 450 leaders religieux à une « réunion significative et symbolique ». Une marche à Central Park est aussi prévue ainsi qu'une visite à deux institutions à Harlem, une école pour enfants défavorisés de pauvres émigrés, et une autre rencontre avec des centaines de migrants. Une grand-messe est en outre planifiée à Madison Square Garden. Le lendemain, il se rendra à Philadelphie puis à Washington.

 

Résidence à New York
À New York, le pape résidera à la résidence permanente de l'observateur du Saint-Siège, une demeure cossue classée du XIXe siècle ayant appartenu à Hughes Grant, maire de New York de 1889 à 1892. La famille Grant, qui a financé « Regis High School »,une importante école jésuite à Manhattan, l'a léguée au pape. Cette demeure abrite une chapelle dédiée au Saint-Esprit. C'est la partie la plus décorative de la résidence où une messe est célébrée tous les matins. C'est là où le pape tiendra une audience avec le noyau du personnel de la mission du Saint-Siège à New York, en présence d'amis et de bienfaiteurs.
Depuis la création des Nations unies, le pape a toujours été invité à envoyer une délégation pour l'ouverture de la session de l'Assemblée générale de l'Onu. La mission de l'observateur permanent du Saint-Siège à l'Onu a été établie en 1964. En 2004, avec la résolution 58/314, l'Assemblée générale de l'Onu a formellement défini les statuts du Saint-Siège aux Nations unies. En novembre 2012, l'Assemblée générale a voté une résolution élevant la présence de l'observateur de la Palestine au statut d'observateur permanent de l'État de la Palestine à l'Onu. « Par choix, le Saint-Siège a préféré le statut d'observateur permanent à celui de membre à part entière afin de maintenir la neutralité absolue dans des problèmes spécifiques, et aussi pour souligner l'amitié égale à l'égard de toutes les nations », souligne le nonce apostolique.
L'épineuse question du déploiement du drapeau palestinien au siège de l'Onu, à temps pour la 70e session, avant la visite à New York de Mahmoud Abbas, ne semble pas important pour le Saint-Siège. « Le Vatican restera le seul observateur permanent de l'Onu », a conclu l'archevêque Auza.

 

Pour mémoire

Les cloches sonnent aujourd'hui pour les chrétiens d'Orient, « ce peuple de mémoire »

Le pape dénonce des persécutions « inhumaines » contre les chrétiens d'Orient

Chassés par l'EI, des chrétiens d'Irak prient sur le front pour un retour

Les préparatifs vont bon train pour la visite du pape François à New York et à l'Onu. Un ballet diplomatique est mené d'une main de maître, « sous haute sécurité », par l'observateur permanent du Saint-Siège auprès de l'Onu, l'archevêque philippin Bernardito C. Auza, et son équipe. Connaissant parfaitement les rouages et les subtilités diplomatiques, ils peaufinent avec minutie...
commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut