La délégation de l’UE au Grand Sérail. Photo Ani
Soumis depuis plusieurs jours à des coups de boutoir répétitifs du fait des débordements de la grogne populaire, le Premier ministre Tammam Salam a reçu hier un soutien de taille de la part des ambassadeurs des pays membres de l'Union européenne qui se sont rendus en délégation au Grand Sérail afin d'exprimer leur « ferme appui » au gouvernement Salam. Les ambassadeurs européens se sont prononcés en outre pour l'élection d'un président de la République « sans délai ».
Jeudi, rappelle-t-on, l'ambassadeur des États-Unis, David Hale, s'était rendu au Grand Sérail pour faire le point de la situation avec le Premier ministre. À l'issue de l'entrevue, il avait lui aussi souligné qu'il est « temps pour l'Assemblée nationale de se réunir pour élire un président de la République dans les délais les plus brefs ». Mais la déclaration de l'ambassadeur US avait été axée principalement sur « le droit à la liberté d'expression et au rassemblement pacifique ». M. Hale avait souligné que « la contestation pacifique non violente fait partie intégrante de l'histoire de nos deux pays, de même qu'elle est stipulée dans la Constitution de nos deux nations ». L'ambassadeur US avait aussi réaffirmé « le soutien constant » de son pays « au droit de la société civile à exprimer ses options et ses frustrations ».
Pour en revenir aux ambassadeurs de l'UE, ils ont rendu public, à l'issue de leur entrevue avec M. Salam, un communiqué dans lequel ils mettent l'accent sur leur « appui ferme au président Salam dans ses efforts visant à sauvegarder la stabilité et l'action du gouvernement à la lumière de la poursuite de la paralysie politique et de la vacance présidentielle ». Les ambassadeurs de l'UE ont d'autre part souligné la nécessité d'élire un président de la République « sans tarder », de même qu'ils ont invité le Parlement à « approuver les textes législatifs urgents, dont notamment une nouvelle loi électorale, en prévision de l'organisation d'élections parlementaires ». Les ambassadeurs ont également souligné « l'appui de l'Union européenne au droit des citoyens libanais à se rassembler et demander à leur gouvernement d'appliquer concrètement les dispositions de la loi et les principes de la transparence dans la gestion de la chose publique ». Les ambassadeurs ont insisté en outre sur « le droit des citoyens à bénéficier des services fondamentaux, réclamer des comptes au gouvernement et profiter des institutions publiques ».
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Condamnation de la violence
Les ambassadeurs de l'UE ont, d'autre part, accueilli favorablement « l'enquête menée par le ministère de l'Intérieur pour demander des comptes aux forces de sécurité qui ont fait un usage excessif de la force contre les manifestants », de même qu'ils ont « condamné dans le même temps la violence exercée contre les forces de l'ordre ainsi que les actes de vandalisme qui portent atteinte à la nature pacifique des mouvements de protestation ».
Par ailleurs, le chargé d'affaires de la délégation de l'UE au Liban a déclaré de son côté que « les mouvements sociaux de protestation imposent aux responsables politiques d'assumer leurs responsabilités afin de régler les problèmes qui sont à la base de l'agitation actuelle ». « Le Liban n'est pas seul dans ses efforts visant à régler ces problèmes, a souligné le responsable européen. Entre 2009 et 2013, l'aide financière de l'Union européenne et des pays membres de l'UE au Liban a dépassé le montant d'un milliard d'euros. Le gouvernement peut compter sur l'appui technique de l'Union européenne en cas de besoin pour ce qui a trait aux services, comme dans le cas de la gestion des déchets, de l'eau ou de l'électricité. »
Signalons enfin que le Premier ministre a reçu hier le ministre des Télécommunications, Boutros Harb, ainsi que l'ambassadeur du Koweït, Abdel Aal el-Kanahi, qui a réaffirmé l'appui de son pays au Liban et au Premier ministre.
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09 h 50, le 06 septembre 2015