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Liban - L’éclairage

Une escalade pour accélérer une solution ?

Qu'est-ce qui a poussé le Hezbollah à changer de stratégie et à décider, si besoin est, de recourir à la rue comme moyen de pression politique ? Pour rappel, ce dernier, depuis qu'il est plongé dans le brasier syrien, ne rate aucune occasion pour affirmer que la préservation de la sécurité et de la stabilité constitue une priorité et que ces deux représentent une ligne rouge. La sécurité a été ainsi au centre de toutes les séances du dialogue qu'il tient depuis des mois avec le courant du Futur. Pas plus tard que lundi, les deux partis ont passé en revue les événements de la place Riad el-Solh au cours du week-end dernier et les actes de violence qui ont ponctué les manifestations de colère contre la gestion officielle du dossier des déchets ménagers. Les responsables du Hezbollah ont ainsi assuré leurs confrères du courant du Futur qu'ils n'avaient rien à voir avec ces mouvements et encore moins avec les fauteurs de troubles qui ont été à l'origine des dérapages dramatiques samedi soir puis de nouveau dimanche. Soucieuse de préserver la stabilité, la formation chiite avait également déconseillé à son allié chrétien, le général Michel Aoun, de recourir à la rue pour exprimer son mécontentement, en lui expliquant que ce procédé recèle des dangers certains, étant donné la fragilité de la situation au plan interne.

Qu'est-ce qui l'a donc poussé à changer aujourd'hui de stratégie ? Une série de facteurs essentiellement locaux mais aussi externes, liés principalement à la conjoncture en Syrie et en Irak, motivent ce changement, de l'avis de plusieurs observateurs libanais. Au plan local, le Hezbollah estime qu'une petite escalade pourrait accélérer un règlement politique, sans pour autant mettre en danger la stabilité et la sécurité qui restent sacrées pour lui. C'est dans ce contexte qu'il faut donc situer l'attitude adoptée par la formation chiite vis-à-vis des manifestations du week-end dernier. Le Hezbollah a certes démenti toute implication dans les mouvements de protestation, mais ce démenti est loin de cacher sa responsabilité par rapport aux émeutes provoquées par des jeunes proches du 8 Mars et d'une couleur communautaire déterminée. Dans les cercles politiques, on s'est arrêté en effet sur le fait que la formation chiite n'a pas dénoncé ces actes, alors qu'elle n'arrête pas de mettre en garde contre toute atteinte à la stabilité. Elle n'a pas non plus aidé le pouvoir dont elle fait partie à reprendre le contrôle de la situation et à barrer la voie à l'exploitation d'une manifestation à caractère socio-écologique par des groupuscules politisés brandissant des slogans sectaires et politiques, comme les appels à la chute du gouvernement, sachant qu'elle avait les moyens de contraindre les émeutiers à se retirer.

Une escalade pourrait donc pousser les belligérants à engager un dialogue et à s'entendre sur une formule de compromis. Celle-ci est souhaitée par le Hezbollah qui n'a pas arrêté d'appeler le courant du Futur à communiquer avec le CPL qui, à son tour, considère que la « révolution populaire » est le résultat du monopole et d'une politique hégémoniste qui ne tient pas compte des droits des chrétiens et dont il accuse le camp adverse, à savoir le courant du Futur. Dans ces milieux, on assure que le mouvement populaire se poursuivra jusqu'à ce que des solutions soient trouvées.
Pas plus tard que lundi, le Hezbollah a renouvelé son appel à un dialogue entre les deux parties adverses, durant sa réunion périodique avec le courant du Futur qu'il a encouragé à débattre avec le CPL de ses revendications, en rappelant par la même occasion qu'il n'est pas question pour lui de lâcher son allié et qu'il soutient ses appels à la réalisation d'un partenariat national authentique. Le Hezbollah, ont assuré ses représentants au cours de la réunion de lundi, se conformera à tout accord qui sera conclu entre le CPL et le courant du Futur, quel qu'il soit.

Mais dans les milieux du Futur, on insiste sur le fait que celui-ci n'a pas les moyens de réaliser les vœux du général Michel Aoun, en rappelant que le courant de Saad Hariri avait dès le départ annoncé qu'il ne s'opposait à aucun candidat présidentiel et avait appelé les dirigeants chrétiens à s'entendre entre eux à ce sujet. Le Futur, assure-t-on dans ces milieux, estime que les positions du général Aoun par rapport à la présidentielle se justifient. Il exprime cependant des réserves quant aux appels du Hezbollah au dialogue avec le CPL qu'il situe dans le cadre de tentatives de déformer la vérité. Et pour cause : le courant du Futur considère qu'il n'a aucun problème avec le général Aoun et que son problème est avec le Hezbollah qui refuse de discuter de sujets conflictuels, notamment sa participation à la guerre en Syrie et les armes des Brigades de la Résistance, selon ces mêmes milieux qui rappellent dans le même temps que le CPL en veut toujours au Hezbollah. Il lui reproche d'avoir renoncé à soutenir sa candidature à la tête de l'État. Le dernier discours du secrétaire général du parti, Hassan Nasrallah, qui avait affirmé que Rabieh était un « passage obligé » pour la présidentielle, avait été interprété par le général Aoun comme un message indirect du Hezb selon lequel il prend ses distances par rapport à sa candidature à la présidentielle. Selon un observateur, les campagnes aounistes contre le courant du Futur doivent être interprétées comme un appel indirect au dialogue. Les menaces d'escalade et de recours à la rue doivent être placées dans le même cadre, selon la même source.

 

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commentaires (3)

SEMER LE CHAOS... POUR PRÉPARER LA MAINMISE...

LA LIBRE EXPRESSION

13 h 37, le 26 août 2015

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Commentaires (3)

  • SEMER LE CHAOS... POUR PRÉPARER LA MAINMISE...

    LA LIBRE EXPRESSION

    13 h 37, le 26 août 2015

  • "Une escalade pour accélérer une solution ?" ! Pourquoi pas une véritable guerre alors ? !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    12 h 07, le 26 août 2015

  • Le dialogue avec les agents de l'Iran expansionniste que sont le tandem Hezbollah-CPL, c'est un dialogue entre le loup et l'agneau. Il ne durera que le temps que le loup bouffe l'agneau. C'est clair, net et précis. C'est La Fontaine qui le dit.

    Un Libanais

    11 h 40, le 26 août 2015

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