Dans le cadre d'une conférence sur le thème « Le Liban, ses fondements et les changements dans la région » organisée par la Ligue maronite, Daoud Sayegh a fait une intervention axée sur le rôle des maronites dans la région. « Il est faux de considérer les maronites comme isolationnistes alors qu'ils sont les pionniers de l'émigration dans le monde, avec tout ce que cette diaspora suppose comme mixité, culture et échange. Il est également faux de les considérer sous l'angle de leur situation et de leurs différends avec leurs leaders, ou à travers leur réalité politique actuelle. Ils sont et ont toujours été au cœur d'une société orientée vers le don, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur. C'est cela qui démontre la véritable nature du Liban, les Libanais et non pas leurs politiciens. Cette société créatrice qui regarde constamment vers l'avenir, quelles que soient les difficultés », a ainsi déclaré M. Sayegh.
Il s'est ensuite interrogé sur « la place des Libanais et du Liban actuel ». « Sommes-nous divisés sur les questions fondamentales, et sur tout? Les Libanais désirent-ils encore vivre ensemble, et c'est d'ailleurs cela la condition essentielle des entités ? » Daoud Sayegh a également indiqué qu'il était aujourd'hui nécessaire « de tomber d'accord sur les affaires politiques, sur la nature du régime, sur la politique extérieure, de défense, monétaire et d'éducation » estimant que « personne ne veut vraiment arriver à la scission, mais il y a certainement certaines parties qui perçoivent un déséquilibre dans le partenariat » qui existe dans le pays.
D'autre part, il s'est demandé quel serait l'intérêt des chrétiens de critiquer « la parité et de se soumettre à la proposition tendant à mettre en place une assemblée constituante » surtout « qu'il n'est pas clair quelle sera la part allouée aux chrétiens à l'issue de cette assemblée ». Pour Daoud Sayegh, le projet de loi orthodoxe qui consiste à permettre aux chrétiens d'élire leurs députés n'est pas un bon projet car « il fait fi des énormes inconvénients qu'offre cette méthode ». Il s'est également demandé comment justifier que « les chrétiens aient accepté la parité » avec les musulmans « à l'époque où ils étaient encore majoritaires et qu'aujourd'hui ils réclament son abolition sous prétexte d'une mauvaise représentation ».
Daoud Sayegh a conclu son intervention en mettant en relief plusieurs points. « D'abord, a-t-il martelé, aucune communauté ne désire ou n'est en mesure de faire scission. Ensuite, personne ne veut vraiment remettre à plat le système politique, mis à part de faibles propositions formulées çà et là – la répartition confessionnelle en trois tiers ou encore l'assemblée constituante – et qui ne tiennent pas réellement la route. Enfin, personne au Liban n'est en mesure de dominer l'autre que ce soit par le biais des armes ou par une ingérence étrangère. Pour conclure, le système parlementaire démocratique convient à tout le monde. »
Ont notamment assisté à la conférence les députés Atef Majdalani, Nadim Gemayel, Assem Araji, ainsi que Maroun Maroun, représentant Sethrida Geagea, de même que l'archevêque maronite de Beyrouth Mgr Boulos Matar, le président de la Fondation maronite dans le monde Michel Eddé, le président du Conseil général maronite Wadih el-Khazen.