Rechercher
Rechercher

Liban - Crise des déchets

M. Machnouk : Les résultats des appels d’offres seront annoncés mardi

Les protestations contre les décharges pressenties se poursuivent. La dernière en date : une grève au port de Beyrouth.

Les employés du port ont mis en garde contre l’aménagement d’un dépotoir sauvage près de leurs bureaux. Photo Hassan Assal

L'annonce des résultats des appels d'offres pour les six régions définies dans le plan national de gestion des déchets aura lieu mardi. C'est ce qu'a annoncé hier le ministre de l'Environnement Mohammad Machnouk, dans une déclaration à la suite du Conseil des ministres, au Grand Sérail.
C'est en réponse à une question que M. Machnouk a précisé avoir notifié le Premier ministre Tammam Salam du fait que l'examen des dossiers présentés par les sociétés privées, dans le cadre de l'appel d'offres pour la gestion des déchets, sera bientôt terminé.
« N'était-ce la fête de l'Assomption qui tombe samedi, nous aurions finalisé le dossier plus tôt, a-t-il poursuivi. Nous avons cependant reporté cela à lundi, d'où le fait que nous en annoncerons les résultats mardi en toute transparence et sans aucun embarras. Cela n'empêche que nous devons couvrir la période transitoire, le temps de passer d'un système à l'autre. Il y a des régions et des municipalités qui acceptent de fournir des terrains pour les décharges, mais restent prudentes de peur des mouvements de protestation. »

Adopté en janvier dernier, le nouveau plan national de gestion des déchets divise le Liban en six régions qui doivent être gérées par des sociétés privées. Un appel d'offres a donc été lancé, mais il a fallu trois étapes pour que toutes les régions bénéficient d'offres : pour Beyrouth, ce n'est que vendredi dernier que trois rassemblements de sociétés ont présenté des offres. Mais même après l'annonce des résultats, il faudra plusieurs mois aux compagnies pour se préparer à accomplir leur tâche. Entre-temps, le Liban vit une terrible crise des déchets depuis que la principale décharge du pays à Naamé a fermé ses portes le 17 juillet, suite à la contestation populaire. Les déchets jonchent les rues ou sont stockés dans des lieux de fortune, étant donné l'incapacité du gouvernement à désigner des sites de décharges.

M. Machnouk a fait référence hier à tous ces problèmes, regrettant l'inaptitude du gouvernement à prendre des décisions. « Durant mon intervention au cours du Conseil des ministres aujourd'hui (hier), j'ai dit que nous étions face à un problème d'une grande complexité dont il ne faut pas ajourner la solution, a-t-il lancé. Nous passons par une situation délicate qu'aucun autre gouvernement n'a connue. En fait, nous héritons d'un problème ancien. Et nous ne pouvons obtenir des résultats sans décisions courageuses qui visent à imposer des sites de décharges et à consacrer le budget nécessaire pour répondre à ce défi. »
Et d'ajouter : « Je ne veux pas faire assumer au Conseil des ministres toute la responsabilité de la négligence dans ce dossier. Mais, pour moi, si les forces politiques n'assument pas la responsabilité d'une solution dans un cadre de solidarité nationale, la population nous critiquera énormément. Tout le monde sait quelles accusations nous sont adressées, certains s'en prennent à moi personnellement, ce qui me fait honneur et ne me dérange pas. Mais cela signifie que les autres ont démissionné de leurs responsabilités. Il aurait fallu que le Conseil des ministres s'exprime d'une seule voix parce que cette situation nous affecte tous. »

Le ministre s'est également exprimé sur la question de l'exportation des déchets, l'une des solutions les plus en vue pour régler le problème des tonnes de déchets dans les rues depuis le 17 juillet. « En ce qui concerne l'exportation, j'ai déjà expliqué que les réglementations sont très strictes en Europe, a-t-il souligné. Il y a des listes d'attente pour les incinérateurs, et nous devons réserver une place pour le Liban. Il y a un processus à suivre qui rend difficile l'exportation de nos déchets vers l'étranger. Cela signifie que les quantités stockées devront probablement aller vers une décharge ou être remblayées. »

 

(Infos pratiques : Qui contacter pour recycler les déchets triés)

 

Menace de « grève générale » au port
Comme pour illustrer les propos du ministre Machnouk, un nouveau mouvement de protestation a eu lieu hier au port de Beyrouth, suite à des rumeurs concernant l'utilisation prochaine d'un terrain dans l'enceinte du port pour y stocker les déchets de la capitale. Un autre terrain de La Quarantaine accueille actuellement les ordures de Beyrouth, mais il est près d'être saturé.

C'est pour cette raison que le syndicat des employés et des ouvriers du port a observé hier une grève qui a paralysé l'activité du port, en signe de protestation contre la perspective du stockage des déchets, dans la région baptisée AB. Le président du syndicat Béchara Asmar était présent au sit-in devant le bâtiment de l'administration. « Le port est toujours la façade d'une ville, pourquoi veut-on le transformer en dépotoir aujourd'hui ? » a-t-il déclaré aux médias. Et d'ajouter : « Nous avions déjà effectué une série de contacts avec les responsables pour mettre un terme au stockage des déchets à La Quarantaine. Et voilà que nous apprenons la décision d'utiliser la zone AB également pour le stockage, d'où notre mouvement. »
M. Asmar a précisé aux médias qu'un tel stockage de déchets affectera l'environnement de travail de plus de 150 000 personnes travaillant au port ou qui passent par le port. D'autant plus que la zone AB n'est pas loin des silos de blé, a-t-il souligné. À l'issue du sit-in, qu'il a qualifié de « réussi », il a menacé de mesures d'escalade, notamment d'une grève ouverte, si la décision venait à se confirmer, rappelant à l'occasion que 30 % des rentrées de l'État proviennent de l'activité du port.

Un communiqué a été publié à l'issue du sit-in, dans lequel le syndicat précise que les contacts se poursuivront avec les responsables concernés pour obtenir la garantie que ce projet n'aura pas lieu, et que les déchets déjà entreposés dans les environs du port soient traités. « Si les tentatives de stockage des ordures se poursuivent, elles seront accueillies par des mesures d'escalade, commençant par une grève ouverte », conclut le communiqué.

 

Lire aussi
Le Kesrouan face à la crise : mesures « exceptionnelles » et désaccords

Des habitants de Raboué se plaignent d'une « décharge improvisée »

À Zouk Mosbeh, une installation de tri éphémère pour donner l'exemple

 

 

Repères
Décharges et incinération : le décryptage de deux écologistes

 

Comment, en pleine crise, réduire le volume des ordures chez soi

 

L'annonce des résultats des appels d'offres pour les six régions définies dans le plan national de gestion des déchets aura lieu mardi. C'est ce qu'a annoncé hier le ministre de l'Environnement Mohammad Machnouk, dans une déclaration à la suite du Conseil des ministres, au Grand Sérail.C'est en réponse à une question que M. Machnouk a précisé avoir notifié le Premier ministre Tammam...
commentaires (4)

ET CHACUN S'ACHARNE SÛREMENT POUR QUE LE RÉSULTAT SOIT EN FAVEUT DE L'OFFRANT QU'IL PARRAINNE... SINON... CE NE SERAIT PAS DU LIBANAIS ! TRÈS VIEILLE HISTOIRE...

LA LIBRE EXPRESSION. LA PATRIE EST EN DANGER.

12 h 07, le 14 août 2015

Tous les commentaires

Commentaires (4)

  • ET CHACUN S'ACHARNE SÛREMENT POUR QUE LE RÉSULTAT SOIT EN FAVEUT DE L'OFFRANT QU'IL PARRAINNE... SINON... CE NE SERAIT PAS DU LIBANAIS ! TRÈS VIEILLE HISTOIRE...

    LA LIBRE EXPRESSION. LA PATRIE EST EN DANGER.

    12 h 07, le 14 août 2015

  • Nous sommes anxieux de connaître les heureux bénéficiaires des prochains scandales...

    M.V.

    10 h 43, le 14 août 2015

  • ..."N'était-ce la fête de l'Assomption qui tombe samedi, nous aurions finalisé le dossier plus tôt...!" Comment un "ministre" peut-il nous balancer cela ? Un enfant aurait honte de le faire ! Evoquer sans rougir cette fête qui en plus, tombe un samedi, jour déjà à moitié ouvrable pour la plupart, comme raison du retard dans la solution de ce problème urgent des déchets...le ridicule est à son comble...Monsieur le "Ministre de l'Environnement" !!! Que faisiez-vous le lundi 10, le mardi 11, le mercredi 12, le jeudi 13, que ferez-vous aujourd'hui venddredi 14 ??? Ainsi que tous les jours à dater du fameux 17 juillet, jour annoncé depuis longtemps pour la fermeture de la décharge de Naamé ? Vous TOUS: les IRRESPONSABLES-INCAPABLES, il n'y a vraiment aucun espoir de vous voir réellement oeuvrer pour le bien de votre pays !!! Irène Saïd

    Irene Said

    09 h 25, le 14 août 2015

  • Il est incompréhensible comment et pourquoi le ministre de l'Environnement n'a pas traité cette affaire des déchets durant sept mois, après le plan élaboré en janvier par le gouvernement, et a laissé ce désastre avoir lieu.

    Halim Abou Chacra

    05 h 00, le 14 août 2015

Retour en haut