Rechercher
Rechercher

Moyen Orient et Monde - Crise

L’Ukraine érige un « mur » pour se protéger de la Russie

Des gardes-frontières ukrainiens à proximité d’une tour d’observation sur le poste-frontière Senkivka, à 200 kilomètres au nord de Kiev. Sergei Supinsky/AFP

Les clôtures métalliques barrent la campagne ukrainienne comme une longue balafre. Un large fossé antichar complète le tableau. Avec le « mur », l'Ukraine espère se protéger de son grand voisin, la Russie, qu'on aperçoit à 200 mètres de là.
Depuis l'annexion en mars 2014 de la péninsule ukrainienne de Crimée par Moscou, les deux ex-républiques soviétiques « sœurs » sont devenues ennemies. Et Kiev, qui accuse Moscou de soutenir les séparatistes prorusses, a décidé l'an dernier de construire en trois ans un « mur » d'un coût de 250 millions de dollars pour renforcer les 1 974 kilomètres de frontière poreuse qui séparent les deux pays. Quelque 410 kilomètres de frontière ne sont plus sous le contrôle de Kiev mais sous celui des séparatistes depuis le début de la rébellion dans l'est de l'Ukraine. En avril 2014 : cette partie de la frontière laisse passer armes, mercenaires et soldats russes, accuse Kiev et dément Moscou. Pour lutter contre ce qu'elle considère être une invasion russe, l'Ukraine ne souhaite pas ériger un vrai rempart de béton comme le suggère l'appellation le « mur », mais un système sophistiqué alliant des fortifications militaires et des moyens de surveillance électroniques modernes. Il y aura à terme « des systèmes d'alarme et des systèmes pour détruire des équipements et des troupes ennemis », assure Olexandre Doudko, porte-parole des gardes-frontières dans la région de Tcherniguiv qui fait visiter à des journalistes les installations, récemment construites près du petit poste-frontière de Senkivka, à 200 kilomètres au nord de Kiev.
Pour l'instant, les travaux réalisés semblent modestes. Situé loin de la zone de conflit, Senkivka est désormais doté de quelques centaines de mètres de barrières métalliques hautes de 1,5 mètre. L'ensemble du « mur » doit être construit d'ici à 2018, affirme cependant le chef des gardes-frontières ukrainien Viktor Nazarenko. « En trois ans, cette section de la frontière sera entièrement équipée et ni des groupes, ni des véhicules, ni des forces armées ne pourront la franchir illégalement », a-t-il promis.

Budget fortement réduit
L'idée a germé dans l'esprit du sulfureux milliardaire ukrainien Igor Kolomoïski. Connu pour ses méthodes musclées et controversées pour briser les élans séparatistes, il était alors gouverneur de la région de Dnipropetrovsk, voisine des républiques séparatistes de Donetsk et Lougansk. En juin 2014, lorsque le conflit est devenu de plus en plus sanglant, le milliardaire a suggéré de dépenser 100 millions de dollars pour ériger un mur de barbelés entre l'Ukraine et la Russie. Un projet que le gouvernement a fait sien, envisageant dans un premier temps de débloquer un milliard de dollars avant de finalement n'y consacrer que le quart à peine, le pays étant ruiné par la guerre et par une grave crise économique. Certaines entreprises ont même dû lancer les travaux sur leurs propres deniers, les fonds gouvernementaux tardant à être versés.
« Il est nécessaire de continuer à construire une frontière bien équipée afin d'empêcher les terroristes, les armes et les drogues de pénétrer en ukraine depuis la Russie », a insisté en juillet le Premier ministre ukrainien Arseni Iatseniouk. Renforcer la frontière ukrainienne est essentiel, renchérit l'analyste politique indépendant ukrainien Volodymyr Fessenko. « Il y a plein de points sur la frontière qui ne sont pas du tout équipés ni contrôlés », juge-t-il. Mais le renforcement de la frontière et la formation des gardes-frontières « demandent des sommes colossales que l'Ukraine n'a pas pour l'instant », regrette l'expert.

Dmytro GORSHKOV/AFP

Les clôtures métalliques barrent la campagne ukrainienne comme une longue balafre. Un large fossé antichar complète le tableau. Avec le « mur », l'Ukraine espère se protéger de son grand voisin, la Russie, qu'on aperçoit à 200 mètres de là.Depuis l'annexion en mars 2014 de la péninsule ukrainienne de Crimée par Moscou, les deux ex-républiques soviétiques « sœurs » sont...
commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut