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Liban - Décryptage

Les aounistes dans la rue, sous le plafond de la stabilité interne

C'est fait. Le général Michel Aoun a appelé ses partisans à descendre dans la rue pour protester contre les dysfonctionnements au sein du système politique et en particulier contre le maintien en place des responsables militaires. À ceux qui croyaient que le chef du CPL n'irait pas jusqu'au bout et qu'il renoncerait à recourir à la rue par crainte de voir le peu d'enthousiasme de ses partisans, Michel Aoun a montré qu'il n'a pas peur du verdict populaire et que rien ne le fera renoncer à réclamer une participation effective au pouvoir qui est prévue dans la Constitution.

Pourtant, depuis quelques jours, il était question d'une initiative de conciliation menée par le directeur de la Sûreté générale qui aurait eu l'aval à la fois du président de la Chambre Nabih Berry et du chef du PSP Walid Joumblatt. Cette initiative du général Abbas Ibrahim consistait à retarder le passage à la retraite pour une durée de trois ans pour 300 généraux, dont le général Chamel Roukoz ferait partie. Cette idée avait déjà été avancée lors de la première prorogation du mandat du général Jean Kahwagi, mais elle avait été abandonnée.
Certes, l'idée ne fait pas l'unanimité, car d'une part, elle augmente de façon considérable le nombre de généraux au sein de l'armée, dont certains n'auront aucune mission particulière car il n'y a pas suffisamment de postes à pourvoir. Sans parler du fait qu'un grand nombre de généraux constitue un poids lourd pour le Trésor. Mais c'est la seule suggestion qui a été trouvée pour tenter de sortir de l'impasse des nominations militaires. Et après avoir haussé le ton contre le chef du CPL auquel il ne pardonne pas d'avoir qualifié le Parlement d'illégal, le président de la Chambre avait finalement accepté cette ultime tentative, considérant qu'elle lui est aussi favorable parce qu'elle suppose l'ouverture d'une session parlementaire extraordinaire par le gouvernement pour permettre aux députés d'adopter cet amendement à la loi de la défense.
Mais l'opposition est finalement venue du chef du bloc parlementaire du Futur, l'ancien Premier ministre Fouad Siniora, qui a violemment critiqué le général Aoun et qui refuse de lui faire la moindre concession. Des sources proches du 8 Mars estiment que la position de Siniora s'inscrit dans la volonté saoudienne de combattre le général Aoun et de le pousser dans ses derniers retranchements, pour toucher à travers lui son puissant allié le Hezbollah. En cette période de prénégociations sur la plupart des dossiers chauds, les Saoudiens voudraient donc garder toutes les cartes entre leurs mains pour renforcer leur position face aux Iraniens. Et les Saoudiens savent parfaitement que le Liban, et en particulier le Hezbollah, est un maillon important dans la chaîne que la République islamique considère avoir établie autour d'elle. La décision d'entraver toute solution avec le général Aoun et d'empêcher ce dernier d'enregistrer la moindre victoire aurait ainsi été communiquée au Premier ministre Tammam Salam au cours de sa dernière visite à Djeddah à la tête d'une délégation de son gouvernement. Depuis, le courant du Futur n'a cessé de durcir ses positions dans tous les dossiers concernant le chef du CPL, tout en maintenant un fil ténu de dialogue avec le Hezbollah. Le plan du Futur est de ne pas affronter directement le Hezbollah mais de le frapper à travers son allié le général Aoun, qui lui assure une couverture chrétienne considérable et empêche son isolement sur la scène locale.
En même temps, le courant du Futur cherche à pousser le général Aoun à se retrouver en position de confrontation avec l'armée libanaise qu'il a toujours affirmé vouloir défendre, en s'opposant au commandant en chef le général Kahwagi. Cet antagonisme entre le CPL et l'armée est déstabilisant pour la base aouniste et en même temps, il permet au courant du Futur, qui se présente désormais en principal défenseur du général Kahwagi, de faire oublier les attaques de certains de ses membres contre la troupe, ainsi que les incidents divers qui se sont multipliés ces dernières années de Abra à Ersal et jusqu'à Tripoli et le Akkar entre les partisans du courant du Futur ou entre des groupes que le Courant protège et les soldats de l'armée. Déjà, des portraits du général Jean Kahwagi sont apparus dans certains quartiers de Beyrouth, avec la mention « symbole de l'unité nationale », pour personnaliser le conflit et placer le commandant en chef de l'armée en confrontation directe avec les partisans du CPL. De plus, le ministre de la Défense a déjà demandé à l'armée de protéger le Sérail où devraient se diriger les manifestants. C'est dire que tout est prêt pour une nouvelle tentative d'encercler le général Aoun en le privant de son principal cheval de bataille, à savoir le soutien à l'armée. Toutefois, la riposte n'a pas tardé et le chef du CPL a donné à son action populaire le titre de « lutte contre la corruption et le retour au fonctionnement des institutions, pour le bien de toutes les communautés ».
À partir d'aujourd'hui, le paysage politique est donc appelé à connaître de nouvelles secousses, mais toujours sous le toit de la stabilité intérieure. Michel Aoun connaît les limites à ne pas franchir et son allié le Hezbollah a bien compris qu'à travers le chef du CPL, c'est lui qui est visé. Il s'agit donc d'être prudent tout en ne laissant pas l'autre camp se comporter en vainqueur. Un difficile équilibre, qui pourrait peut-être pousser les parties régionales à s'intéresser plus tôt que prévu au dossier libanais.

C'est fait. Le général Michel Aoun a appelé ses partisans à descendre dans la rue pour protester contre les dysfonctionnements au sein du système politique et en particulier contre le maintien en place des responsables militaires. À ceux qui croyaient que le chef du CPL n'irait pas jusqu'au bout et qu'il renoncerait à recourir à la rue par crainte de voir le peu d'enthousiasme de ses...

commentaires (7)

Quand on n'a pas les moyens de sa politique on se "tait" et on se "taille". Les chrétiens subissent malheureusement depuis trop longtemps des dommages directs et collatéraux à cause de la politique populiste, inconsistante et personnalisée du chef du CPL. Il est peut-être temps que ce parti important revoit en profondeur la ligne de conduite de sa direction et qu'il épargne à cette communauté tous les drames et les malheurs qui la secouent. Oui pour la défense des droits des chrétiens avec le CPL, non pour leur embrigadement exclusif entre les mains d'un seul homme et qui plus est, n'arrive jamais à concrétiser ses objectifs, ceux de ses partisans, et par voie de conséquence ceux de tous les chrétiens en général...!

Salim Dahdah

11 h 08, le 12 août 2015

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Commentaires (7)

  • Quand on n'a pas les moyens de sa politique on se "tait" et on se "taille". Les chrétiens subissent malheureusement depuis trop longtemps des dommages directs et collatéraux à cause de la politique populiste, inconsistante et personnalisée du chef du CPL. Il est peut-être temps que ce parti important revoit en profondeur la ligne de conduite de sa direction et qu'il épargne à cette communauté tous les drames et les malheurs qui la secouent. Oui pour la défense des droits des chrétiens avec le CPL, non pour leur embrigadement exclusif entre les mains d'un seul homme et qui plus est, n'arrive jamais à concrétiser ses objectifs, ceux de ses partisans, et par voie de conséquence ceux de tous les chrétiens en général...!

    Salim Dahdah

    11 h 08, le 12 août 2015

  • Un octodégénaire qui prend les chrétiens pour des imbéciles... Chez les Mau-Mau, lorsqu'un parti politique envisage de manifester, il présente à l'avance une demande au Ministère de l'Intérieur dans laquelle il précise la date et l'itinéraire choisis. Si le Ministère juge que la manifestation ne perturbe pas l'ordre public, il l'autorise, si non il la refuse. Personne n'est au-dessus de la loi. Michel Aoun, au gré de ses ambitions familiales, décide subitement de bloquer les routes illégalement. Les FSI doivent appliquer la loi pour assurer l'ordre public envers et contre tous. C'est clair et net. N'est pas Mohammad Dourra qui veut.

    Un Libanais

    10 h 47, le 12 août 2015

  • De toute façonil est temps Ue quelqu un bouge pour denoncer cette pourriture et ...au sens propre et figuré. Dans la présente vaut mieux inUiéter nos dirigeants que les laisser dans leur tranquille béatitude.

    Massabki Alice

    09 h 31, le 12 août 2015

  • PLUS DE TOUS POUR UN... UN POUR TOUS ! TRÈS CHÈRE MADAME SCARLETT HADDAD... LE JEU EST DEVENU : CHACUN POUR SOI-MÊME !!! LA LOGIQUE Y FAIT DÉFAUT ÉNORMÉMENT... ET DANS VOTRE ARTICLE ET CHEZ LE CONCERNÉ... VOILÀ UNE AUTRE RÉSISTANCE ET UN AUTRE RÉSISTANT QUI NAISSENT... IL RÉSISTE AU GOUVERNEMENT DONT IL FAIT PARTIE TOUT EN AYANT ACCEPTÉ SA PROROGATION ET CELLES DES SIENS COMME DÉPUTÉS (SINON ILS AURAIENT TOUS DÛ PRÉSENTER LEURS DÉMISSIONS) ET IL REFUSE LES PROROGATIONS AUX AUTRES ! L'ABERRATION DANS TOUTE SON OPULENCE !!! IL AURAIT EU RAISON... ICI COMME AILLEURS... SANS LES ÉNUMÉRATIONS CI-HAUT MENTIONNÉES AUQUELLES S'AJOUTENT LE PARAVENTISSIME... LES BOYCOTTAGES... ET LA DIVISION DES CHRÉTIENS... TROP DE FAUTES ET DE LACUNES...

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 24, le 12 août 2015

  • "Äâoûn connaît les limites à ne pas franchir et son allié ce héZébbb a bien compris qu'à travers çuilà, c'est lui qui est visé." ! Donc, çuilà n'est d'aucune importance.

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    08 h 20, le 12 août 2015

  • ONLY IN LEBANON Des forces politiques aveugles et fanatiques causent tous les "dysfonctionnements" possibles et imaginables "au sein du système politique", puis ces mêmes forces "protestent contre ces dysfonctionnements" !

    Halim Abou Chacra

    04 h 53, le 12 août 2015

  • WOW digne des romans d'Agatha Christie ...

    Bery tus

    02 h 57, le 12 août 2015

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