Bassam Abouzeid : Les interférences et pressions politiques aboutissent à l’aliénation de l’ordre des journalistes.
Le président du Club de la presse, Bassam Abouzeid, a tenu hier une conférence de presse au cours de laquelle il a évoqué les circonstances dans lesquelles se sont déroulés les préparatifs des élections à l'ordre des journalistes.
M. Abouzeid a commencé par dénoncer les multiples formes de pressions exercées par des instances politiques locales, à diverses occasions, afin d'étouffer la liberté d'expression. « D'aucuns poussent leur attitude répressive à l'égard des journalistes jusqu'à manifester leur colère lorsqu'on leur pose une question », a déclaré M. Abouzeid. Réaffirmant le ferme attachement du Club de la presse à la liberté d'expression « qui constitue l'un des fondements essentiels de la pérennité du Liban », Bassam Abouzeid a appelé les journalistes à « se montrer solidaires lorsque l'un d'eux est la cible de pressions ou de menaces ». « Nous invitons le parquet à agir de manière automatique lorsqu'un journaliste ou un média est la cible de pressions, a souligné M. Abouzeid. Nous réclamons en outre que les journalistes bénéficient d'une immunité afin de les protéger face à toute atteinte qui ferait suite à l'exercice de leurs fonctions. »
Bassam Abouzeid a d'autre part prôné la formation de syndicats et d'associations professionnelles, se rapportant aux différents métiers de l'information, qui seraient regroupés au sein de l'Union libanaise de la presse « qui constituerait une force de pression visant à assurer aux journalistes et aux gens du métier des prestations à caractère social et professionnel ». « Cette force de pression devrait aussi représenter une protection contre toute atteinte aux journalistes ou à la liberté d'expression, a-t-il ajouté. Dans ce cadre, lorsqu'un journaliste a contribué au fil des ans à assurer le succès d'une entreprise de presse ou d'un média, il est normal qu'il puisse obtenir, pour lui et sa famille, ses droits sur les plans d'un salaire fixe, de l'assurance médicale, de la couverture des frais scolaires ou universitaires, et des indemnités de fin de service. »
L'ordre des journalistes
Abordant par ailleurs les élections à l'ordre des journalistes, M. Abouzeid a indiqué que les contacts que nombre de journalistes ont entrepris avec lui, ainsi que la vague de contestation apparue dans les réseaux sociaux illustrent le fait que « ces élections sont marquées par de nombreuses failles et irrégularités ». « En tête de ces failles, a-t-il relevé, les interférences et les pressions politiques. De nombreux confrères ont été soumis à des pressions pour qu'ils se retirent de la course alors que d'autres ont été priés de ne pas se porter candidats. »
Et M. Abouzeid de poursuivre : « Ce qui s'est passé sur ce plan ne contribue nullement à mettre sur pied une structure syndicale libre et indépendante. Ce qui s'est produit ne fait que créer une structure soumise à des formations politiques. Cela aboutit à la création d'une structure qui a perdu totalement son indépendance et sa crédibilité, de sorte que l'ordre devient vulnérable à toute sorte d'intervention. »
À la lumière de ces irrégularités, M. Abouzeid a rappelé que le Club de la presse a adressé, il y a quelques jours, au ministre de l'Information un mémorandum réclamant le report des élections à l'ordre des journalistes.
Signalons sur un tout autre plan que le président sortant du conseil de l'ordre des journalistes, Élias Aoun, a reçu hier une délégation de l'ordre des ingénieurs avec laquelle il a discuté des moyens d'approfondir la coopération entre les ordres professionnels « qui sont la conscience de la société civile », a affirmé M. Aoun.
Tout comme la censure aux "noirs ongles" !
12 h 49, le 13 août 2015