C'est demain, mercredi, que doivent avoir lieu les élections à l'ordre des journalistes pour la désignation des douze membres du conseil de l'ordre. La liste conduite par le président sortant de l'ordre, Élias Aoun, sera pratiquement élue d'office en raison du retrait de la plupart des candidats qui ne font pas partie de la liste de M. Aoun.
Le scrutin – qui n'en est pas un, après les désistements en série qui se sont poursuivis hier – se déroule dans un climat de profond malaise. Au cours des dernières vingt-quatre heures, de nouveaux candidats se sont retirés de la course, dont notamment Nabil Harb, Ali Hammoud et Ghassan Rifi. Dimanche et à la fin de la semaine dernière, les candidats de la deuxième liste qui devait mener bataille contre celle d'Élias Aoun avaient annoncé le retrait de leurs candidatures. Conduite par Habib Chlouk et Mounir Najjar, cette deuxième liste regroupait, outre Chlouk et Najjar, Georges Berberi, Kamal Fadlallah, Daoud Rammal, Roula Moaffak, Moatez Midani, Ghadir Saadé, Michel Touma, Rebecca Abounader et Younes Sayyed. Cette deuxième liste s'étant retirée de la course, suivie en cela par la plupart des indépendants, l'équipe menée par le président sortant de l'ordre reste pratiquement seule en lice.
Parallèlement, 107 journalistes membres de l'ordre ont signé une pétition appelant au boycott des élections, à l'instar des membres de la liste Chlouk-Najjar. Les signataires de la pétition ont déploré le fait que le conseil de l'ordre n'ait rien entrepris pour faire aboutir des revendications sociales, dont notamment une mutuelle pour les soins de santé et une caisse de retraite.
Les sources proches des contestataires indiquent que ce malaise apparu au sein de l'ordre est dû à divers facteurs. Plusieurs candidats ont ainsi été soumis à de fortes pressions de la part des formations politiques qui soutiennent la liste Aoun (en l'occurrence le Hezbollah, Amal et le courant du Futur) afin de les amener à se retirer de la course, affirment les sources en question. Les retraits qui ont résulté de ces pressions ont débouché sur un déséquilibre confessionnel dans la composition de la deuxième liste, ce qui a faussé le jeu au départ, précise une source de la liste Chlouk-Najjar. En outre, les contestataires soulignent que « la bataille électorale est tronquée à la base du fait que les élections ont lieu sur base d'un règlement intérieur datant de 1981, lequel avait été façonné à l'époque sur mesure ». La pétition appelant au boycott affirme en outre que « la liste des membres de l'ordre qui ont le droit de voter comporte de nombreux noms de personnes qui ne sont plus dans le métier ou qui ne l'ont jamais été ». Les contestataires relèvent sur ce plan que le ministère de l'Information n'a toujours pas avalisé le nouveau règlement intérieur qui avait été approuvé par l'assemblée générale de l'ordre.
La liste d'Élias Aoun
En tout état de cause, M. Aoun a annoncé hier la composition de sa liste, formée comme suit : Élias Aoun, Saïd Nasreddine, Joseph Kosseifi, Ali Youssef, Scarlett Haddad, Nafez Kawas, May Abboud Abi Akl, Wassef Awada, Georges Bkassini, May Sarba Cheheb, Georges Chahine et Youssef Diab.
Dans la soirée d'hier, dans une interview à la MTV, M. Aoun s'est déclaré confiant quant à sa victoire, « car mes tribus et mes amis voteront pour moi ».
Auparavant dans la journée, M. Aoun avait dénoncé « la campagne menée contre l'ordre des journalistes », déplorant la position des journalistes du Nord qui se sont prononcés pour la formation d'un deuxième ordre pour Tripoli et le Liban-Nord. Réfutant les informations faisant état d'« interventions politiques », M. Aoun a déclaré qu'il lancera au lendemain des élections « un chantier de réformes syndicales afin de rectifier le tir au niveau de l'action de l'ordre ».