Si la Turquie s'est décidée à intervenir véritablement au sud de sa frontière, c'est qu'elle a réalisé que ses ennemis que sont le régime de Bachar el-Assad et les Kurdes allaient l'emporter en Syrie contre les jihadistes, notamment ceux du groupe État islamique (EI).
Maintenant qu'un accord a été conclu entre les grandes puissances et l'Iran pour résoudre le dossier du nucléaire, il a sauté aux yeux du président turc Recep Tayyip Erdogan que le régime chiite des mollahs aura plus de moyens dorénavant d'aider Damas et Bagdad à anéantir leurs opposants sunnites.
La Turquie a fait savoir que les jihadistes de l'EI et les Kurdes syriens devaient être traités de la même manière. Elle ne le pense pas vraiment. Jusqu'à il y a peu de temps, elle laissait entrer chez elle les guerriers blessés de l'EI pour se faire soigner et ouvrait ses aéroports aux jihadistes occidentaux désireux de rejoindre cette organisation diabolique. Il a fallu attendre jusqu'à vendredi dernier pour qu'elle procède à un vaste coup de filet visant notamment des militants de l'EI.
La Turquie craint comme la peste que le régime alaouite de Assad et les Kurdes se partagent la Syrie en deux parts. Le cas échéant, elle sait qu'à terme les Kurdes d'Irak et de Syrie ne feront qu'un et qu'ils soutiendront les Kurdes turcs dans leur quête d'autonomie.
Allah seul sait comment la Turquie s'y prendra pour faire le moins de mal possible aux jihadistes de l'EI, tout en prétendant leur faire la guerre.
Sylvio LE BLANC
Montréal (Québec)