Dans le cadre de l'Association internationale médicale libanaise (ILMA), le Dr Donald Eddé, chef du département de radiologie de l'Hôpital Jean Talon à Montréal et directeur fondateur des cliniques de radiologie Medica, représentant le Canada, a donné l'intervention suivante au siège social de l'Association médicale libanaise, en présence du ministre des Affaires étrangères, Gebran Bassil :
« Quand la sœur de ma grand-mère Lucia a émigré en 1905 du Liban pour l'Argentine, elle avait quitté définitivement sa patrie pour un exil lointain, alors que lorsque j'ai quitté le Liban en 1982 avec ma famille pour me spécialiser à Mc Gill, au Canada, après 10 ans à l'AUB, à l'instar de plusieurs autres diplômés des universités libanaises (AUB, USJ, etc.), ce n'était pas un exil, mais plutôt une expansion de la présence des Libanais à travers le monde.
« La différence entre 1905 et 1982, c'est que je peux quitter Montréal un vendredi à 17h et être chez ma mère à Charbineh (dans le jurd de Kartaba) le lendemain samedi à 17h pour dîner sur la terrasse surplombant la vallée d'Adonis. Par conséquent, cette facilité de communication et de déplacement rend Montréal un faubourg de Beyrouth. D'où l'implication des Libanais d'outre-mer dans la vie sociopolitique de notre patrie. Pourquoi ? Parce que le Liban a toujours été habité, depuis 45 millions d'années. Ses habitants ont survécu à toutes sortes d'occupations étrangères et d'intempéries, dont l'ère glaciale, il y a 25 millions d'années.
« Est-ce que notre implication est virtuelle ?
« Pas du tout ! En plus des 4 milliards de dollars de transferts annuels des Libanais d'outre-mer, nous nous impliquons directement dans l'éducation. En tant qu'ancien président de Jamhour Canada (en 2002), de l'AUB Alumni Montréal (2002), et président passé et actuel de l'Union maronite du Canada, nous avons envoyé, sans répit, des centaines de bourses scolaires à Jamhour, l'AUB et aux écoles catholiques en dehors de Beyrouth, qui enseignent à tous les Libanais, toutes confessions confondues. Cela sans compter les efforts soutenus d'autres organisations, telles que JAUS (Ancien Jamhour USA), sous la présidence du Dr Gabriel Sara, "Teach for Lebanon", sous la présidence de M. et Mme Raymond Debbané, et bien d'autres...
« En outre, les Libanais d'outre-mer ont créé une Brain Bank mondiale à travers nos jeunes Libanais qui naissent dans les pays d'accueil, tels que le Canada, la France, les USA, etc., pays que nous apprécions et respectons énormément. Ces jeunes décrochent les diplômes universitaires les plus avancés, un fait qui déprime tous ceux qui ne nous aiment pas et ceux qui essaient, sans succès, à travers les siècles, d'anéantir l'entité libanaise.
« On ne peut que répéter la phrase de Gibran : Vous avez votre Liban, et j'ai le mien. En fait, nous, les Libanais d'outre-mer, et 95 pour cent des Libanais résidant sur le sol libanais, ont leur Liban. Ce Liban existe dans notre cerveau et dans notre cœur... Il est réel et non virtuel : mon Liban, c'est Raymond Eddé, Raymond Debbané, le Dr Gabriel Sara, le Dr Hussein Fadlallah , Sami Jabbour, Michel Eddé, Riad Salamé, Jacques Sélim Eddé, Carlos Ghosn, le Dr Fadlo Khoury, Kheireddine el-Ahdab, Wajih Khater, Fawzi Dagher, le Dr Khaled Younès, et bien d'autres...
« Votre Liban, ce sont des noms que vous connaissez trop bien... Pourquoi ? Parce que nous croyons fermement qu'un esprit éduqué ne peut être ni conquis ni vaincu, parce que l'ignorance est une maladie. L'éducation, c'est le seul remède. C'est pourquoi nous avons fait des milliers de kilomètres pour nous réunir. Nous sommes venus d'Australie, du Brésil, de France, de Suisse, des États-Unis et du Canada. Nous avons signé la charte qui crée l'Association internationale médicale libanaise le 7 juillet, 2015.
« Alors que le Conseil des ministres était assiégé par des manifestants, nous, les médecins d'outre-mer, étions réunis à l'hôpital Saint-Georges, à Achrafieh, pour donner des conférences sur la détection précoce du cancer du sein, de la prostate, sur les traitements de l'ostéoporose et bien d'autres sujets d'actualité.
« Le message est clair : Nous ne sommes ni stupides ni dupes. Nous avons fait le diagnostic de la maladie qui affecte 5 pour cent des Libanais seulement, cette maladie qui empêche notre Liban d'avancer, cette même maladie qui a conduit, entre autres, à la crise des ordures ménagères. Alors que les peuples occidentaux, comme la France, ont réglé ce problème depuis des années à travers le groupe Paprec français, qui emploie 5 000 personnes pour traiter et recycler les ordures ménagères, et en même temps utiliser ces déchets pour l'énergie et l'agronomie, certains de nos responsables essaient de trouver des sites d'enfouissement, pour détruire avec des méthodes barbares et archaïques ce que Dieu a créé, c'est-à-dire un des plus beaux pays du monde.
« Cela sans compter la carence dans l'électricité, l'eau, la sécurité routière, la violence gratuite, etc.
« Nous, Libanais d'outre-mer, avons décidé de ne pas abandonner. Nous observons et agissons. L'ILMA est un exemple de cette résistance scientifique.
« Nous finirons par gagner, alors que l'ignorance, l'incompétence et la malhonnêteté finiront par disparaître, tel un microbe minable, anéanti par un médicament omnipotent : l'éducation, l'honnêteté et l'amour de la patrie ! »
Dr Donald Jacques Eddé, MD
Membre fondateur de l'Association médicale canadienne libanaise AMCL.
Membre fondateur de l'International Lebanese Medical Association ILMA.