Alzain Tareq était en lice sur 50 m papillon, mais n’a évidemment pas nagé avec les meilleures. Elle était dans la première série alors que les cadors étaient, elles, dans la septième. François-Xavier Marit/AFP
Alzain Tareq, une fillette de 10 ans, était la cible de la presse internationale hier aux Mondiaux de natation en Russie, après avoir nagé à côté des grandes, au nom du principe de l'universalité du sport.
Hier matin, à Kazan, la petite écolière bahreïnie a passé plus d'une heure dans la zone mixte, là où les journalistes interviewent les nageurs. Toute mignonne, très souriante et pas du tout impressionnée, Alzain Tareq a répondu aux questions de centaines de journalistes qui la submergaient, elle la désormais plus jeune nageuse de l'histoire des championnats du monde. Car il n'y a pas de limite d'âge pour participer à des Mondiaux de natation ! « Je suis heureuse, je me sens si heureuse. C'était vraiment cool », a dit la petite et fluette nageuse aux journalistes, tombés sous le charme.
Une photo avec son idole
Alzain Tareq, en lice sur 50 m papillon, n'a évidemment pas nagé avec les meilleures. Les qualifications sont en effet organisées par séries, établies en fonction des chronos de référence des nageurs. La Bahreïnie, qui avait le plus mauvais temps des engagées, était dans la première série. Les cadors dans la septième.
Malgré un joli départ, son manque de puissance s'est vu face à des filles ayant entre 6 et 10 ans de plus qu'elle. Et elle a fini dernière, en 41 sec 13/100es, sous les encouragements nourris des spectateurs. Alzain a également fini dernière au classement général des séries, à 16 secondes de son idole, la nageuse suédoise Sarah Sjostrom, meilleur temps (25''43). « J'ai rencontré Sarah, je lui ai parlé et je lui ai demandé si je pouvais prendre une photo avec elle. Elle a m'a dit : Bonne chance », a raconté Alzain, dans un superbe anglais.
Sjostrom avait 15 ans quand elle a été championne du monde pour la première fois en 2009, sur 100 m papillon. La Suédoise détient le record du monde (24''43). La jeune Bahreïnie pense pouvoir le battre un jour : « Je pourrai le faire quand je serai plus âgée. Quand j'aurai 15 ou 16 ans. » La star de ces Mondiaux, la nageuse américaine Katie Ledecky, âgée de 18 ans, avait, elle, battu son premier record du monde à 16 ans.
Les JO, un rêve impossible
Alzain Tareq, accompagnée par son père à Kazan, s'entraîne 5 jours par semaine, entre une et deux fois par jour. « Je vais à l'école de 7h00 à 14h00, après je me repose une heure et ensuite je rentre à la maison et j'étudie. Je suis la nageuse la plus rapide de mon pays », dit la sportive venue à Kazan pour prendre de l'expérience en observant les plus grands. « Je veux apprendre leurs techniques », ajoute-t-elle.
La petite fille rêve des Jeux olympiques. Ils auront lieu l'année prochaine à Rio, et, comme pour les championnats du monde, il n'y a pas de limite d'âge mais seulement un système de qualification, que la petite Bahreïnie aura du mal à remplir. Si Alzain Tareq a pu prendre part à des championnats du monde seniors, c'est donc parce qu'il n'y a aucune limite d'âge imposée en natation, ni temps minimum requis. En plongeon, elle est fixée à 14 ans. « On n'a pas d'âge dans la natation, malheureusement. On a des temps de référence et après on a l'universalité... » explique Cornel Marculescu, directeur exécutif de la Fédération internationale de natation (Fina). « Pour dire la vérité, ce n'est pas la meilleure situation, mais on va voir ça avec le comité technique », a indiqué le patron de la natation mondiale, malgré tout satisfait du buzz fait autour de cette histoire, qui devrait donc ne plus se reproduire.
Sabine COLPART/AFP