Chère poubelle,
Je t'écris pour te féliciter du rôle prédominant que tu détiens aujourd'hui dans notre pays. En si peu de temps, tu as eu le pouvoir absolu d'exercer une multitude de fonctions, indispensables au mal-être de notre cher Liban.
Poubelle, tu sais si bien nourrir la verdure de nos paysages en déversant sur elle tes produits toxiques, faits de toutes sortes de résidus alimentaires, hospitaliers et industriels.
Poubelle, tu fais aussi de notre mer un vrai tableau : tes sacs en plastique, dans toutes les tonalités allant du bleu au noir, surfent sur les vagues de nos plages pour les colorer et masquer leur couleur d'origine. À combien vendrais-tu ton œuvre d'art ?
Poubelle, tu parfumes nos lieux touristiques grâce à ton odeur pestilentielle. Tu animes la night life à Mar Mikhaël en faisant danser les jeunes le nez bouché... une chorégraphie à ne pas rater !
Je ne t'en veux pas, ce n'est pas toi qui as choisi de nous envahir. Les coupables sont les Libanais, non parce qu'ils produisent les déchets, ce qui est naturel, mais parce qu'ils se pressent pour aller voter pour des responsables irresponsables. Agissant uniquement dans leur propre intérêt, ceux-ci jettent aux ornières les principes les plus élémentaires de leur représentativité, allant aujourd'hui jusqu'à gravement porter atteinte à la santé de leur peuple.
Poubelle, j'ai du mal à admettre que notre gouvernement est incapable de mettre en place des mesures mêmes minimales pour que, comme dans tous les pays civilisés, tu deviennes productive et bénéfique.
Que manque-t-il à l'État pour qu'il introduise simplement les matériaux de tes déchets dans un processus de recyclage qui permettrait de préserver nos ressources naturelles, réduire la pollution et nous assurer les conditions minimales d'une vie sanitaire décente ?
En espérant te revoir le plus vite possible, mais dans les usines de traitement.
Nos Lecteurs ont la Parole - Guylaine ASSAF
Lettre ouverte à la poubelle
OLJ / le 07 août 2015 à 00h55
Mignon !
17 h 46, le 08 août 2015