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Moyen Orient et Monde - Diplomatie

Après 54 ans, l’ambassade de Cuba à Washington reprend vie

Une semaine après la signature de l'accord sur le nucléaire, Washington est encore à l'heure des grandes réconciliations avec l'inauguration de l'ambassade de Cuba.

Le drapeau cubain devant l’ambassade à Washington. Photo Reuters

Après 54 ans de mise en veilleuse, l'ambassade de Cuba à Washington a repris vie hier, lors d'une cérémonie marquant sa réouverture, en présence d'officiels américains et d'une délégation de 30 personnalités venues spécialement de l'île, menées par leur ministre des Affaires étrangères, Bruno Rodriguez. Le drapeau cubain y flotte à nouveau et il y est également dans le hall du département d'État (depuis lundi 0 heure) aux côtés des 150 autres pays du monde entretenant des relations avec les États-Unis.
Parallèlement, l'ambassade américaine à La Havane a rouvert hier ses portes, mais la bannière étoilée n'y flottera qu'en présence du secrétaire d'État, John Kerry, qui doit faire le voyage à cet effet le 14 août prochain. Les deux pays n'ont pas encore nommé leurs ambassadeurs respectifs, qui, pour le moment, sont remplacés par des chargés d'affaires. Le président Obama, pour sa part, voudrait prendre son temps car, de toute façon, les opposants au Congrès à cette ouverture diplomatique vont bloquer toute nomination.
Jusqu'à présent, et depuis 1961, date de la rupture des relations entre les USA et Cuba, l'ambassade cubaine à Washington abritait ce qui a été appelé l'« Intersests section », chapeautée par l'ambassade de Suisse à Washington et qui avait son équivalent à La Havane.

Le Bar Hemingway
Néanmoins, les aficionados des deux pays étaient nombreux hier, lesquels, désireux d'assister à cet événement historique, se sont retrouvés à l'extérieur de la très élégante bâtisse en pierre qu'est l'ambassade de Cuba. Alors qu'ils scandaient « Cuba si, Cuba si » (Cuba oui), des voix discordantes ont crié « free them » (libérez-les « détenus politiques » ). À noter, par ailleurs, que cette ambassade vient d'être dépoussiérée à fond : de son spectaculaire hall avec grand escalier de marbre, surmonté d'une fenêtre-vitrail, au Bar Hemingway. Elle avait été construite en 1917, à l'initiative du gouvernement cubain, au cœur de la capitale, plus précisément dans une localité cossue, et elle rivalisait avec les superbes habitations avoisinantes. Aujourd'hui encore, elle n'a rien perdu de sa prestance. Le premier étage est réservé aux bureaux de l'ambassadeur et des fonctionnaires. Au deuxième se trouvent les salles de réception, la salle à manger et une immense salle de bal donnant sur un grand balcon. De là aussi, on peut emprunter un escalier très ouvragé menant aux jardins. Le troisième étage est réservé aux quartiers privés de l'ambassadeur. Mais « last but not least », l'ambassade avait fait installer dans ses murs un Bar Hemingway pour honorer le grand écrivain américain Ernest Hemingway, qui, dans les années 30 et 40, avait fait de longs séjours à Cuba qui était pour lui un lieu de détente idéal pour écrire. En recevant, en 1954, le prix Nobel de littérature, il l'avait dédié à Cuba. « Nous considérons qu'il fait partie de notre héritage culturel, dit Jose Cabana, en charge de l' " Interests Section ", sans compter qu'il avait rencontré dans les années 60 notre leader Fidel Castro. Tous deux avaient entretenu une bonne amitié. » À noter que le Lieder Supremo avait visité la capitale fédérale dans les années 60.

Au grand dam des républicains
Bien sûr, tout ceci ne touche pas le Parti républicain, qui continue à chercher noise au président Obama. Parallèlement à cette inauguration, trois de ses membres de l'aile dure, siégeant au Congrès (Ileana Ros-Lehtinen, Mario Diaz-Balart et Carlos Curbelo), avaient organisé une conférence de presse à Miami (la plus grande concentration d'émigrés cubains, dont des dissidents du régime) pour dénoncer cette initiative, qui, selon eux, « promeut un État n'ayant aucun respect pour les droits de l'homme. C'est, là aussi, une autre indéfendable capitulation de l'administration Obama devant un pays ennemi des USA ». Entre-temps, le président Obama, fort de deux autres victoires de taille qu'il a engrangées (les soins médicaux pour tous et l'accord sur le nucléaire), ne craint plus de s'aventurer sur le chemin le plus dangereux qui soit : le débat sur l'abolition de la légitimité du port d'arme. Sans compter qu'il a fait ce qu'aucun de ses prédécesseurs n'avait fait : visiter un établissement carcéral.

 

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