Quand Samia Baroudi dialogue avec Jalal el-Din el-Roumi

Une exposition d'œuvres parfaitement au diapason de l'enseigne de la galerie Tajjaliyat. Avec des sculptures célébrant, exclusivement mais dans différentes matières, la quête d'élévation des derviches tourneurs.
Si l'art est un langage spirituel, celui de Samia Baroudi l'est de manière particulière. Fascinée depuis l'enfance par les derviches tourneurs, cette artiste libanaise a ressenti le besoin d'exprimer, en ces temps de guerre et de violence, son désir de paix et de sérénité, à travers la représentation de la mystique giratoire de ces hommes ivres de Dieu.
« Les derviches symbolisent, à mes yeux, l'éternelle mouvance de l'être humain dans le giron de Dieu et de la lumière », dit cette artiste qui a donc voulu transcrire dans la matière sculptée cet élan divin qui les habite. Et quoi de mieux, pour nourrir son inspiration, que de se plonger dans la poésie soufie de Jalal el-Dine el-Roumi, le poète perse au nom intimement lié à l'ordre des derviches tourneurs.
C'est donc des citations de Roumi que Samia Baroudi a tiré ses Inspirations giratoires (pour reprendre le titre de son exposition « Whirling Inspirations ») pour façonner ses personnages (solos) aux jupes virevoltantes et aux longs tarbouches. Cela donne une assemblée de silhouettes de derviches en plaques de métal laquées rouge ; en résine recouverte d'un vernis blanc ou encore en bronze qui par une succession de postures et gestuelles (des bras croisés sur la poitrine aux mouvements des bras et des paumes des mains, l'une ouverte vers le ciel, l'autre ramenée vers la terre...) figure les différentes phases de cette danse giratoire. De La quête de l'amour divin et L'envol des âmes à L'univers en mouvement, en passant par La grâce de la danse ou La tourbillonnante passion... Autant d'odes mystiques sculptées par une artiste qui transcrit en lignes et volumes épurés son dialogue artistique avec les versets de Jalal el-Din el-Roumi.

Z. Z.

*Saifi Village. Tél. : 01-987205.