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Lifestyle - Carnets de voyage

De Beiteddine à Spolète, une même culture de vie

Sous le signe du rapprochement entre les cultures, le festival italien des Deux Mondes et le festival de Beiteddine ont conclu un jumelage afin de promouvoir le patrimoine musical du Moyen-Orient et répandre ainsi un autre message que celui du fanatisme.

Comme un pied de nez à Daech et à sa barbarie totalitaire, le festival des Deux Mondes et celui de Beiteddine ont mis un point d'honneur à créer une passerelle permettant de promouvoir sur la scène italienne la culture de vie... dans le monde arabe. « Le jumelage entre les deux parties contribuera à diffuser une autre image que celle charriée par les médias », explique la princesse Antea Brugnoni, cheville ouvrière de cette coopération. « L'idée principale derrière cette dynamique d'échanges est d'enrichir notre connaissance du patrimoine musical du Moyen-Orient et de répandre un autre message que celui de l'intolérance et du fanatisme. Notre volonté est de contrer cette mauvaise perception du Moyen-Orient qui ne cesse de se détériorer en Occident. Se donnant pour objectif le rapprochement des différentes cultures, le festival des Deux Mondes, dirigé par Giorgio Ferrara, est sans doute l'événement parfait pour porter un regard nouveau sur la région », dit-elle. Créé en 1958 par le compositeur américain d'origine italienne Gian Carlo Menotti, le festival des Deux Mondes est dirigé depuis 2007 par Giorgio Ferrara qui a donné une impulsion nouvelle aux manifestations, les marquant d'un haut degré de professionnalisme.

Hissé aux avant-postes des événements italiens, le festival offre aujourd'hui une programmation internationale, souvent avant-gardiste. Opéra, théâtre, ballet, danse moderne, musique classique et sacrée, cinéma, poésie, expositions... Spoleto célèbre l'art sous toutes ses formes. Au fil de ses différentes éditions, il a accueilli des noms prestigieux comme celui de Luchino Visconti, Luciano Pavarotti, Rudolf Noureev, Roman Polanski, Nino Rota, Carlo Mutti, Pina Bausch et tant d'autres. Woody Allen a mis en scène l'opéra Gianni Schicchi ; l'œuvre documentaire Aigles foudroyés de Frédéric Mitterand a été projetée et l'avocat français Jacques Vergès avait même fait jouer sa pièce Serial Plaideur. Cette année, le rendez-vous culturel, qui bénéficie du soutien de la fondation Carla Fendi, réunit Barychnikov, Robert Wilson, Bernard-Henri Levy, Fernando Botero, Sara Barras, pour ne citer que quelques-uns.

L'Allahou résonne au Teatro Nuevo
Au Teatro Nuevo (fin XVIIIe siècle), où la veille s'était produit l'opéra Cosi fan tutte, sous la direction de James Colon, le festival de Beiteddine a présenté un cocktail de saveurs soufies. La Marocaine Karima Skali et l'ensemble Asil, tout à la fois récitateurs-chanteurs et musiciens jouant de leurs instruments traditionnels (qanun, oud, ney et riqs),ont sprayé les lieux d'un parfum de spiritualité et de paix. Les différents maqams interprétés ont exprimé la richesse et les nuances de la musique moyen-orientale et les thèmes de la mystique islamique. Dédiée à la glorification du prophète Mohammad, quacidat el-Burda (poème du manteau) a emporté le public vers la Rawda, jardin du paradis. Ce chant religieux sacralisé est à l'origine un poème lyrique d'al-Boussairi, né au XIIIe siècle, dans la tribu berbère des Sanhadja au Maroc. Sa traduction française a été réalisée en 1894 par René Basset et publiée aux éditions E. Leroux à Paris. Mais qu'importe si l'auditoire n'a pas compris les paroles, il s'est immergé dans la voix de Skali et laissé griser par la musique, le fabuleux langage universel. Skali et l'ensemble Asil se produiront à Barbican Centre le 11 juillet.

Des monuments pour écrins
Au-delà de sa programmation, c'est la ville même de Spoleto qui donne un charme fou au festival des Deux Mondes. Ville d'Ombrie, de la province de Pérouse (où le chocolat est toujours en fête !), Spoleto est nichée entre Florence et Rome. Ici, entre les collines et les douces ondulations de la vallée du Tibre, tout semble filer au ralenti. La ravissante cité médiévale de 38 000 habitants a peu changé au cours des siècles. C'est à pied qu'on longe ses murs cyclopéens datant du Ve siècle avant notre ère et que l'on découvre ses vieux quartiers et ses ruelles classés au patrimoine mondial de l'Unesco. Ses monuments, tels l'amphithéâtre romain (Ier siècle après J.-C.), la basilique San Salvatore (IVe-Ve siècle), qui compte parmi les plus anciennes églises paléochrétiennes d'Italie, la cathédrale (Duomo) Santa Maria Assunta (XIIe siècle), remarquable pour ses fresques peintes par Filippo Lippi et Pinturicchio, un des maîtres de l'École ombrienne de la Renaissance, qui a apporté sa contribution au décor de la chapelle Sixtine et des appartements du pape, le pont delle Torri (XIIIe), la forteresse Albornoziana (XIVe siècle), ou encore le Nouveau Théâtre Gian Carlo Menotti (fin XVIIIe) sont, pendant les deux semaines que dure le festival, les écrins de nombreuses représentations. La ville tranquille, transformée en une cité-théâtre, s'anime alors d'une énergie débordante.

La spiritualité flotte sur Assise
L'apothéose du séjour est la visite à Assisi. Située à 25 minutes en voiture de Spoleto, classée patrimoine mondial par l'Unesco, elle représente « un exemple unique » de continuité d'une ville sanctuaire dans son environnement naturel depuis ses origines ombro-romaines et médiévales jusqu'à nos jours.
Perchée sur une colline, la ville abrite l'un des sanctuaires chrétiens parmi les plus célèbres au monde : la basilique de saint François, un remarquable ensemble architectural (roman et gothique) qui a influencé de façon significative, dit-on, le développement de l'art et de l'architecture. Parée d'une vingtaine de fresques de Giotto, la basilique renferme des peintures de Cimabue, Pietro Lorenzetti et Simone Martini, dont les œuvres décorent également l'église baroque Sainte-Marie-des-Anges. Le détour équivaut à un voyage dans l'histoire de l'art.

 

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