Dépêché par le chef du bloc du Changement et de la Réforme, Michel Aoun, le député Ibrahim Kanaan s'est rendu hier successivement chez le chef des Marada, le député Sleiman Frangié, le chef du parti Kataëb, le député Samy Gemayel, et le président des Forces libanaises (FL), Samir Geagea, pour discuter de la proposition aouniste de mener un sondage d'opinion en milieu chrétien en vue de la présidentielle.
À Bnechaï, première étape de sa tournée, M. Kanaan a rencontré une heure durant M. Frangié, présentant l'initiative qu'il est en train d'évoquer avec les représentants des principaux partis et précisant qu'« elle a besoin de l'accord de principe de tous les partis concernés ». Estimant que cela offre aux Libanais « des options libanaises et démocratiques », puisqu'« ils seront consultés », le député du Courant patriotique libre (CPL) a souligné la nécessité d'« élire un président avant qu'il ne soit nommé de l'extérieur ».
De son côté, Sleiman Frangié a affirmé à l'issue de la rencontre qu'il est « d'accord pour un sondage auprès des chrétiens sur la présidentielle, à condition que ce dernier soit transparent et national, et non pas seulement chrétien, dans la mesure où la présidence est un poste chrétien et national ».
« Nous ne sommes pas contre le sondage dans l'absolu. Mais nous voulons qu'il soit transparent, mené par plus d'une société et agréé par toutes les autorités de référence chrétiennes », a poursuivi Sleiman Frangié.
« Il faut aussi que tous ceux qui souhaitent participer à ce sondage soient d'accord sur les questions posées et la manière avec laquelle ce sondage sera réalisé, de sorte que tout le monde y participe, et qu'il soit chrétien et national, parce que la présidence de la République est chrétienne et nationale. On ne peut pas être le premier chez les chrétiens et un zéro chez les autres, et réciproquement », a-t-il ajouté.
« Le député Kanaan a souligné que ce sondage est mené par le CPL », a précisé le député de Zghorta, soulignant que le seul candidat des Marada à la présidence reste Michel Aoun. « Il ne faut pas poser de problème à la légère. Il y a une question de ligne et d'orientation politiques. Nous avons notre projet et notre ligne politiques. Nous votons pour ce projet. Tout ce qui est contre ce dernier, même s'il est en tête des sondages, nous ne l'élirons pas. (...) C'est notre position, sur laquelle nous ne bougerons pas d'un iota. Je ne sais pas si le CPL est d'accord », a-t-il noté.
Et Sleiman Frangié de préciser : « C'est le CPL qui va mener le sondage. Mais si Samir Geagea l'emporte par exemple, et qu'il accède à la présidence, j'irai le féliciter dès le premier jour et je reconnaîtrai son élection, mais je ne voterai pas pour lui. Nous ne sommes pas deux sociétés en train de choisir de laquelle des deux le président sera issu. Nous sommes deux projets différents pour le pays. (...). On ne peut pas voter pour le projet adverse s'il obtient un chiffre supérieur au mien. Cela revient soit à mentir aux gens, soit à faire preuve d'ignorance. Je n'irai pas voter à l'encontre de mes convictions. »
Le chef des Marada s'est par ailleurs une fois de plus opposé à l'idée d'un président qui n'ait pas de larges assises populaires en milieu chrétien, estimant que l'élection d'un tel chef d'État serait un message adressé aux chrétiens qu'ils sont désormais persona non grata au Liban et dans la région. « Pour nous, si le 14 Mars gagne, le président sera du 14 Mars. Si le 8 Mars l'emporte, il sera du 8 Mars. Je sais que si c'est le 8 Mars, ce sera Michel Aoun. Par contre, si c'est le 14 Mars, je doute que ce soit Samir Geagea. J'ai peur qu'à ce moment-là, le président soit de deuxième ou troisième catégorie. Partant, le prochain président sera un signal pour l'ensemble des chrétiens d'Orient », a-t-il ajouté.
S. Gemayel et Geagea
Ibrahim Kanaan a ensuite été reçu par le chef du parti Kataëb, Samy Gemayel, en présence du membre du bureau politique, Serge Dagher, et du secrétaire général adjoint du parti, Élias Hankache. « Notre objectif reste, en dépit des divergences de style parfois, d'aboutir à la démocratie réelle au sein d'un système de partenariat islamo-chrétien national réel, de manière à remettre l'application de Taëf sur la bonne voie 25 ans plus tard », a indiqué le député du CPL à l'issue de la rencontre.
À Maarab, dernière étape de sa tournée, M. Kanaan s'est entretenu durant deux heures avec le président des FL, Samir Geagea, en présence du responsable de la communication au sein du parti, Melhem Riachi. Le député du CPL a souligné que M. Geagea avait « renouvelé son appui au sondage ».
Le député du CPL a placé l'initiative dans le prolongement de l'article 49 de la Constitution, appelant les partis politiques à prendre cette proposition en considération. « Les chrétiens ne peuvent pas rester hors de l'équation à chaque échéance », a-t-il ajouté, soulignant la nécessité de « parvenir à un dénominateur commun entre tous les partis chrétiens sur la question de la présidentielle et du sondage ».
« Le sondage se limitera dans un premier temps au plan chrétien pour déterminer les options chrétiennes. C'est pourquoi notre tournée s'est limitée aux partis chrétiens. Mais nous savons que nos partenaires nationaux sont principalement concernés, puisque le président doit bénéficier de leur soutien et de leur approbation », a-t-il conclu.
commentaires (4)
Une autre suggestion pour le general: organiser une emission de tele realite la president academy ou les gens pourront envoyer un sms avec le numero de leur candidat..... au point ou on en est ce n'est pas plus farfelu comme idee, non?
Le Herisson
11 h 54, le 30 juin 2015