Mercato : les supporters marseillais pleurent des larmes de sang

Semaine noire pour les fans de l'Olympique de Marseille (OM) qui ont vu le meilleur passeur de Ligue 1 de la saison (16 passes décisives et 9 buts en 2014-2015) quitter leur club pour signer un contrat de cinq ans à West Ham pour 15 millions d'euros. « On vire les bons éléments, on garde les tire-au-flan et en plus, le club ne recrute que des joueurs inexpérimentés sous prétexte qu'ils sont bon marché... À ce rythme, c'est la lutte pour le maintien qui nous attend », constate Mimix Vador, fondatrice du groupe de supporters de l'OM sur Facebook #UnSeulOlympique... celui de Marseille ! .

L'annonce du possible départ vers l'Angleterre du gardien Steve Mandanda, à qui il reste un an de contrat avec l'OM, fait écho à ce constat. « Cette politique nous mène droit dans le mur », martèle de son côté Steve l'Olympien, créateur et administrateur de la Révolte olympienne, un autre groupe de supporters qui s'est associé aux South Winners – le groupe du virage sud – pour réclamer la démission de l'actuel président de l'OM, Vincent Labrune.

Pour ne rien arranger, le départ de Payet s'est effectué sur fond de polémique. La direction du club reproche en effet au joueur d'avoir été trop gourmand. Le Réunionnais a lui réagi dans les colonnes de L'Équipe  : « La réalité, c'est que l'OM ne pouvait même pas me donner ce que je touchais ces deux dernières saisons (350 000 euros brut, soit 390 000 dollars). Je ne pensais pas que le club avait autant la corde au cou financièrement. »

Du côté des partisans de l'actuel président de l'OM, Vincent Labrune, l'accent est mis sur la « mentalité douteuse » du milieu offensif, à qui il est reproché de ne pas s'être pleinement investi dans le projet du club. Suffit-elle pour autant à tout expliquer ?

Gestion trop prudente ?

Les comptes annuels de l'OM seront validés par la Direction nationale de contrôle de gestion (DNGC) fin juin. Interrogé par le quotidien La Provence, Vincent Labrune a affirmé ce week-end que l'actionnaire principal du club, la milliardaire Margarita Louis Dreyfus, avait « fait de nombreux efforts pour l'OM depuis 2009 et ne souhaitait plus mettre la main à la poche pour combler les déficits ». Ces dernières années, l'OM a dû entre autres composer avec le préjudice provoqué par les travaux de rénovation du Vélodrome, inauguré en octobre et qui se serait élevé à près de 28 millions d'euros (31,2 millions de dollars) sur les trois dernières années. Pour la seule saison 2014-2015, le déficit du club dépasserait les 13 millions d'euros (14,5 millions de dollars), que la direction s'est engagée à combler en dégraissant un peu plus un effectif déjà amputé de quatre cadres (Jérémy Morel, André Ayew, André-Pierre Gignac, Dimitri Payet) et qui devrait également en laisser partir deux au moins (Gianelli Imbula et Rod Fanni).

« J'aimerais éplucher les comptes de la présidence Labrune pour comprendre comment l'OM a réussi à cumuler près de 90 millions d'euros depuis 2011 », commente un supporter, surnommé Fafa JC, avant d'ajouter « qu'un club n'est jamais aussi bien géré que par son actionnaire majoritaire ». « Si on regarde son bilan, on peut conclure que Vincent Labrune n'a pas la carrure nécessaire pour gérer l'OM », surenchérit Olivier Fandelom.

Le fait est que le club phocéen ne s'est qualifié qu'une seule fois pour la Ligue des champions depuis la prise de fonctions du natif d'Orléans. En 2014, l'UEFA a distribué quelque 910 millions d'euros (plus d'un milliard de dollars) aux 32 équipes qualifiées en fonction de leur performances respectives. Un manque à gagner potentiel pour cette seule année qui peut aussi être imputé à la gestion trop prudente de la direction, qui aurait sans doute dû recruter un défenseur d'expérience pour combler l'absence prolongée de Nicolas N'Koulou, laquelle aura finalement pesé lourd à la fin du dernier exercice.

En attendant, les fans fulminent, la prolongation du contrat de l'entraîneur Marcelo Bielsa ne semble toujours pas acquise, et on se demande du côté de la Canebière quels joueurs ce dernier pourra bien aligner la saison prochaine. « Comment espérer obtenir des résultats en vendant tous nos bons joueurs sans racheter personne », souligne Michel Bénard, un supporter qui a du mal à croire les yeux fermés au potentiel d'un Georges-Kévin N'Koudo, d'un Charly Musonda, ou encore d'un Karim Rekik, 60 ans à eux trois. Même du côté des partisans de Vincent Labrune, qui ont salué ses efforts pour assainir les finances du club, on commence aussi à se poser des questions.

Malgré les incertitudes, la majorité des supporters se veulent optimistes et abordent la situation avec philosophie. « Les Lyonnais peuvent bien se moquer de nous, ils étaient les premiers à se lamenter quand Jean-Michel Aulas avait décidé de resserrer le budget de l'Olympique lyonnais. Moralité de l'histoire, ils ont fini seconds cette année. Une chose est certaine : nous restons derrière notre club », conclut Mimix Vador.


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