Le président syrien Bachar el-Assad. Osman Orsal/Reuters
Le temps de Bachar el-Assad est-il compté ? Plus de quatre ans après le début de la crise syrienne, les rumeurs concernant la chute imminente du président syrien refont surface. Au moins quatre éléments permettent d'ailleurs de justifier cette hypothèse. Un : le régime vient de subir une série de défaites importantes successives et éprouve de réelles difficultés à attirer de nouvelles recrues. Deux : les rebelles ont lancé « la phrase préparatoire de la bataille d'Alep » et ne sont plus qu'à quelques kilomètres du fief alaouite de Lattaquié. Même une grande offensive sur Damas n'est plus aujourd'hui de l'ordre de l'impossible. Trois : le moral des partisans du régime est au plus bas. Quatre : les Russes et les Iraniens pourraient être tentés de « vendre la carte Assad » avant qu'elle ne vaille plus rien, en perspective d'un accord sur le nucléaire pour Téhéran et d'un partenariat global dans la lutte contre l'islamisme jihadiste pour Moscou.
Cela ne fait aucun doute, le président syrien se trouve en mauvaise posture. Plus qu'il ne l'a jamais été. Pourtant, comme toujours depuis le début de la crise syrienne, mieux vaut rester prudent quant à la question de son avenir à court et à moyen terme.
Quelle que soit la fragilité actuelle du pouvoir de Bachar el-Assad, il n'empêche que les conditions de son remplacement ne semblent pas réunies pour le moment. Les Iraniens, tout comme les Russes, ne lâcheront pas leur allié sans obtenir, au préalable, un minimum de garanties quant à la nature du futur régime et aux frontières du futur État. Et c'est là que le bât blesse. À l'heure actuelle, ils ne peuvent obtenir aucune de ces garanties. Pire, même s'ils les obtenaient à la suite d'un consensus avec les Américains, les Saoudiens et les Turcs, rien n'indique que les belligérants sur le terrain accepteraient ces conditions. Qui peut aujourd'hui empêcher la partition de la Syrie ?
La préservation des institutions, essentielle aux yeux de Moscou et de Téhéran, implique que M. Assad doit être remplacé soit par un général alaouite, soit par un sunnite baassiste. Or, cette hypothèse reste soumise à trois obstacles. Un : il est peu probable que la Turquie et l'Arabie saoudite acceptent, même sous pression américaine. Deux : il faudrait qu'une partie du régime se désolidarise de M. Assad, ce qui n'a rien d'évident tant le président syrien a réussi à lier son destin à celui du régime. Trois : les groupes rebelles les plus radicaux, et peut-être même les autres, ne reconnaîtront pas ce pouvoir et continueront le combat. Le président syrien le sait. Il est fort de l'absence d'alternative à sa personne. Les États-Unis ne prendront pas le risque de favoriser l'accession au pouvoir d'un groupe ultraradical, comme le Front al-Nosra ou l'État islamique, à Damas.
Reste toutefois l'hypothèse d'une défaite militaire totale pour le régime. Mais en l'état actuel des choses, il dispose toujours d'un énorme avantage dans les airs. Même replié, même isolé, même acculé, il pourra toujours continuer de bombarder les zones rebelles et prolonger ainsi indéfiniment le conflit.
Le temps est le pire ennemi de Bachar el-Assad. Mais c'est aussi un fidèle allié. Plus le conflit dure, plus les groupes rebelles se radicalisent, plus la lutte de pouvoir se transforme en une lutte à mort, et plus la question de la guerre et de la paix devient indépendante de celle de la survie du président syrien.
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commentaires (8)
mais oui on se rappelle tous des fameux mardi du general et des fameux 10 jours du parti lool
Bery tus
01 h 15, le 23 juin 2015