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Liban - Tuerie de Qalb Lozé

Le camp pro-Assad joue au pyromane, Joumblatt au pompier

Le chef du bloc du Futur, samedi, en compagnie de Walid Joumblatt et de son fils Teymour. Photo Ani

Le chef du Rassemblement démocratique, le député Walid Joumblatt, a poursuivi ses efforts durant le week-end pour apaiser les cœurs et ramener l'esprit de concorde après la tuerie de Qalb Lozé, à Idleb (nord de la Syrie), où plusieurs citoyens de la communauté druze avaient été tués au cours d'un incident avec des membres du Front al-Nosra.
M. Joumblatt affirme en effet depuis plusieurs mois que le régime syrien ne lésine pas sur les efforts pour tenter de semer la discorde entre la communauté druze de Syrie et les composantes révolutionnaires sunnites, un clivage dont le pouvoir à Damas tire profit, selon les milieux joumblattistes, dans sa volonté de passer aux yeux de la communauté internationale pour le grand protecteur des minorités face à l'extrémisme sunnite.
La dynamique conciliatrice de M. Joumblatt a porté ses fruits, en dépit de la plaie vivace de Qalb Lozé, puisque le Front al-Nosra a publié un communiqué samedi condamnant l'incident et promettant que les coupables seraient « punis selon la loi islamique ».

Arslane et Wahhab
Cependant, le camp druze proche du régime syrien a poursuivi hier sa surenchère, exploitant l'incident de Qalb Lozé pour encenser le président syrien Bachar el-Assad et le Hezbollah.
Le chef du Parti démocratique libanais, le député Talal Arslane, a ainsi estimé que le communiqué du Front al-Nosra constituait « une nouvelle duperie qui ne passera pas ». « Cette excuse ridiculise l'attaque barbare qui s'est produite contre des druzes sans défense. » « Ce massacre s'inscrit dans le cadre d'un grand complot en Syrie et sert les intérêts communs des takfiristes et d'Israël », a-t-il ajouté.
Le député du bloc du Changement et de la Réforme, Fady el-A'war, a repris en substance la même logique, rejetant la version selon laquelle il s'agirait d'un « incident isolé » et soulignant que la tuerie « ne s'est pas accordée avec l'opinion du député Walid Joumblatt ».
L'ancien ministre Wi'am Wahhab, plus direct, a appelé samedi Bachar el-Assad et le Hezbollah à apporter leur soutien aux druzes de la province syrienne de Soueida. « Vous nous remettez les armes et nous assurerons les hommes », a-t-il lancé, au cours d'un meeting dans son village de Jahiliya. M. Wahhab a reçu samedi un appel téléphonique du chef du Courant patriotique libre, le député Michel Aoun, qui lui a présenté ses condoléances.
Le député du Hezbollah, Ali Fayad, a de son côté estimé hier à Taybé que « ce qui s'est produit à Idleb est une preuve que ces groupes ne font aucune distinction entre minorité et majorité, et traitent toutes les composantes comme des ennemis qui ne méritent pas la vie », appelant à l'union sacrée entre toutes les communautés contre les jihadistes.

Siniora chez Joumblatt
Pour sa part, Walid Joumblatt a reçu hier un appel téléphonique du Premier ministre Tammam Salam, qui lui a présenté ses condoléances à la suite du massacre. Samedi, M. Joumblatt avait reçu à Clemenceau, en présence de son fils Taymour et du ministre Waël Bou Faour, le chef du bloc parlementaire du Futur, l'ancien Premier ministre Fouad Siniora, en présence des députés Ahmad Fatfat, Amine Wehbé, Bassem Châb et Mohammad Hajjar, qui a présenté ses condoléances en son nom, au nom de l'ancien Premier ministre Saad Hariri et au nom du courant du Futur.
M. Siniora a rendu hommage à M. Joumblatt et à « son rôle national », qui contribue à désamorcer « les tentatives de semer la discorde sectaire ». « C'est dans l'épreuve que la stature d'un homme apparaît véritablement », a-t-il indiqué, condamnant le « crime suspect » de Qalb Lozé.
« Il faut remonter aux sources, à ce qui nous unit en tant qu'Arabes, indépendamment de nos appartenances sectaires. En raison des circonstances difficiles que nous traversons, nous avons oublié tout ce qui nous unit et sommes retournés à nos appartenances grégaires, à ce qui nous éloigne les uns des autres. Nous devons nous tenir tous ensemble et nous épauler pour réaffirmer ce que nous voulons : un État civil garantissant l'égalité de tous les citoyens devant la loi, quelle que soit leur appartenance sectaire », a affirmé l'ancien Premier ministre.
« Nous nous maintiendrons au-dessus de l'épreuve, pour le bien de l'unité nationale et pour souligner ce qui nous unit aux plans national et arabe, quelles que soient la difficulté de la situation et la douleur causée par la blessure », a répondu Walid Joumblatt, remerciant Fouad Siniora, Saad Hariri et le courant du Futur. « Nous tiendrons bon face à ces complots qui déchirent le monde arabe et islamique », a-t-il souligné.
Si M. Joumblatt a gardé le mutisme sur l'affaire après sa conférence de presse de vendredi, le responsable de la communication au sein du Parti socialiste progressiste, Rami el-Rayess, a réitéré la position du Parti socialiste progressiste samedi à la MTV : « Le régime syrien ne souhaite que se protéger lui-même. Il a mobilisé la communauté alaouite à laquelle il appartient et monte les communautés les unes contre les autres pour maintenir sa suprématie sur ce qui reste de la Syrie. Il n'est donc pas étonnant que les druzes n'échappent pas à ce contexte. »
« Ceux parmi les druzes qui misent encore sur le régime vont à l'encontre du sens de l'histoire. Le régime peut à peine se protéger lui-même et ne veut protéger personne », a-t-il ajouté.
Une position partagée par le ministre Nabil de Freige qui, commentant samedi dans une déclaration à la presse la tuerie de Qalb Lozé, a affirmé : « Le pouvoir en Syrie est dans l'impasse. Les propos de Talal Arslane et Wi'am Wahhab constituent une fuite en avant. S'armer n'est pas la solution. À travers leurs surenchères, les deux hommes sont en train d'exposer le Liban à de graves dangers, tandis que les propos de Walid Joumblatt sont réalistes et sages, afin de faire échec au complot visant à transposer la bataille de Soueida au Liban. »
Enfin, le député Anouar el-Khalil a jugé que l'initiative du chef du PSP et sa volonté de régler cette tuerie « abominable » par la politique est « importante ».

Le chef du Rassemblement démocratique, le député Walid Joumblatt, a poursuivi ses efforts durant le week-end pour apaiser les cœurs et ramener l'esprit de concorde après la tuerie de Qalb Lozé, à Idleb (nord de la Syrie), où plusieurs citoyens de la communauté druze avaient été tués au cours d'un incident avec des membres du Front al-Nosra.M. Joumblatt affirme en effet...

commentaires (3)

PAUVRE CAMÉLÉON... PLUS D'ARBRES NI DE BRANCHES À GRIMPER !!!

LA LIBRE EXPRESSION

14 h 22, le 15 juin 2015

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Commentaires (3)

  • PAUVRE CAMÉLÉON... PLUS D'ARBRES NI DE BRANCHES À GRIMPER !!!

    LA LIBRE EXPRESSION

    14 h 22, le 15 juin 2015

  • De tout temps ce sale "camp" a joué au pyromane, alors que pour le goupil druzizte, c'est une de ses rares fois où il joue, comme par hasard, au pompier ; yâ hassértéééh !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    12 h 44, le 15 juin 2015

  • Que ce soit des Druzes aujourd'hui, des Chrétiens hier, des Sunnites avant hier, des Alaouites la semaine dernière ou des Chiites il y a un mois ou tout autre être humain a l'avenir, toute forme de tuerie est condamnable contre qui que ce soit! Mais la guerre se déroule en Syrie, entre des Syriens, et s'il faut se désoler ou présenter des condoléances c'est aux responsables Syriens de la communauté en question qu'il faut le faire et en tant qu'observateur seulement et non a des Libanais. Ce faisant, toutes les factions Libanaises ont indirectement accepté de mêler le Liban a cette sale guerre qui ne nous concerne pas, et de facto nous attirer les ennuis auxquels le Hezbollah essaye de nous coller sur le dos depuis un moment. Comment alors refuser au parti de Dieu son intervention en Syrie pour des raisons communautaires (version Hassouna 1) et les autres font pareils mais a leurs manières? Que Walid Joumblatt accepte ces gestes par apport a la Syrie, nous mettent au même pied que l'Iran vis a vis du Liban. C'est triste parce qu’une fois de plus le sectarisme a triomphé sur l’idée du Liban état.

    Pierre Hadjigeorgiou

    11 h 35, le 15 juin 2015

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